Belledonne Nord regorge de lieux aussi magnifiques que méconnus et le Grand Charnier en fait partie. La vedette volée par le Collet d’Allevard, cette montagne n’en est pas moins un superbe belvédère sur les massifs environnants et une très belle randonnée au paysage sauvage et varié selon les saisons. Attention néanmoins, il faudra savoir crapahuter pour atteindre le sommet.
Sommet : Le Grand Charnier (2501 m)
Massif : Belledonne (Isère)
Départ : Super Collet d’Allevard (1639 m)
Difficulté : ★★★★☆
Dénivelé : ≃ 1100 m (cumulé)
Distance : 11,3 km (aller-retour)
Durée : montée 3h-4h – descente 2h30-3h30
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➜ Se rendre à Super Collet
▪︎ Depuis Chambéry, traverser Pontcharra puis les gorges du Bréda pour rejoindre Détrier.
▪︎ Depuis Albertville, prendre la direction de Chambéry, puis, au pont Royal, traverser l’Isère pour se diriger à La Rochette via Chamousset.
▪︎ Depuis Grenoble, prendre la direction de Pontcharra puis (sortir de l’autoroute au Touvet pour) traverser Goncelin.
Puis, dans tous les cas, traverser Allevard pour monter la D109, passer le Collet d’Allevard pour arriver à Super Collet. Se garer sur le grand parking de la station de ski.
Depuis Super Collet
La randonnée au Grand Charnier commence au pied de la station de ski de Super Collet. On troque les chaussures de ski contre les chaussures de rando et on remonte la piste longeant le télésiège des Plagnes sur environ 600 mètres. Ce n’est pas très glamour mais, croyez-moi, il n’y en a vraiment pas pour très longtemps et c’est beaucoup plus beau ensuite ! Du reste, de manière générale, le parcours devient de plus en plus esthétique au fil des pas. À la première bifurcation, Les lacs (1726 m), prendre à droite en direction du relief boisé pour passer à côté d’une mare. On monte ensuite une petite côte menant au pas de l’arête de l’Évêque (1804 m), avec une dernière vue sur la cuvette de Super Collet.
l’arête de l’Évêque
les pistes de ski de Super Collet
Le sentier bascule alors sur le versant Sud-Ouest à travers la forêt de conifères, très agréable en pleine chaleur. Il faudra parfois lever le pied pour enjamber les racines affleurantes et un premier passage pentu avec câble permet de tester l’adhérence de ses semelles sur le rocher. On quitte ensuite les arbres pour avoir une vue dégagée sur quelques reliefs de Belledonne, Allevard, ainsi que les barres rocheuses du Vercors et de la Chartreuse.
À la pancarte sous les Plagnes (1810 m), prendre l’embranchement à main gauche (celui en face descend au refuge de la pierre du Carré). On monte alors en lacets, faciles, passant devant le point nommé Les chamois (voir plus bas pour faire la randonnée du Grand Charnier en boucle) puis traversant une pente pour rejoindre le col de Claran. Recouverte de rhododendrons et de myrtilliers, la montagne se colorera différemment selon la saison (vert et rose en début d’été, ocre jaune et rouge à l’automne). Il est aussi possible ici de croiser un troupeau de brebis en alpage, et donc un patou le protégeant du loup : tenir son chien en laisse et les contourner largement.
couleurs d’automne en Belledonne © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
Le col de Claran
On atteint le col de Claran (1956 m), environ 1h15 après le départ de Super Collet. Devant nous, se dresse le Petit Charnier tandis que, sur la gauche, la chaine allant des Grands Moulins au Grand Miceau. En contrebas, le sentier du GR 738 officiel poursuit sur le refuge de Claran avant de remonter en face à la pointe de la Frèche. Comme souvent dans le nord de la chaîne de Belledonne, la première approche consiste principalement à osciller (ce qui ajoute du dénivelé au final) sur un chemin traversant les pentes, souvent en adret, avant une raide montée. La randonnée du Grand Charnier n’échappe pas à la règle et le sentier contourne le Petit Charnier en passant en contrebas de son sommet, avec des hauts et des bas.
le col de Claran
En début de saison (fin de printemps / début d’été), on croisera, ça et là sur le chemin, une multitude de fleurs de montagne jalonnant le sentier : rhododendrons encore, benoîtes rampantes en floraison, trèfles alpins, lis de Saint Bruno, raiponces à feuilles de bétoine, gentianes ponctuées, etc. Poésie du végétal, chacune, à sa naturelle manière, orne la randonnée de ses formes baroques et couleurs glorieuses. Une ode à la vie renaissante.
Une dernière micro-épaule, un peu plus saillante que les précédentes, et le sommet du Grand Charnier réapparait. De là, on peut alors observer le dénivelé restant ainsi que l’itinéraire et ses raideurs à venir (ci-dessous, on peut deviner la ligne oblique qu’il va falloir monter). En effet, si les cuisses ont pu se mettre en jambe jusqu’à présent, le moment de les solliciter va être venu. « Les montagnes de Belledonne, ça se mérite ! »
le Grand Charnier
Après une dernière traversée de pente légèrement ascendante sous le Petit Charnier, un premier tronçon assez raide, sans difficulté autre, se dresse (150 m de dénivelé+ sur 250 mètres de distance). Monter tranquillement à son rythme et, conseil supplémentaire, une paire de bâtons de randonnée est vivement recommandée ici (d’autant plus pour la descente !). Petit rappel de courtoisie en montagne, en cas de croisement d’autres randonneurs, l’usage dit que la priorité est cordialement à celui qui monte.
On atteint alors un petit replat à 2225 mètres, avec les dernières pierres d’une cabane en ruine ainsi qu’un parterre printanier de gentianes ponctuées (ci-dessous) et, plus loin, quelques gentianes bleues. La plateforme belvédère offre une vue dominante sur le Petit Charnier permettant d’observer le possible itinéraire pour le retour en boucle. Au nord, le Mont Blanc et le Grand Pic de la Lauzière commençant timidement à poindre en arrière-plan.
le Mont Blanc dépassant la tête… de la Perrière © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
La dernière partie se verticalise plus sérieusement pour atteindre le sommet, augmentant ainsi le niveau de difficulté de la randonnée au Grand Charnier. Au fur et à mesure, les parties raides se multiplient pour alterner entre sentier terreux et passages de crapahute sur le rocher (pas besoin de corde, si telle était la question surgissant à la lecture de ces lignes). Vous avez lu et vu ce topo et vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. Je veux dire, il ne s’agirait tout de même pas d’emmener ici des amis, sans les avoir précisément informés au préalable de ce qui les attendait, tout ça parce que vous ne vous souveniez pas de cette délicate finale… Les plus sensibles au vertige pourront éventuellement avoir quelques montées de pression. Sans non plus être de l’escalade, il faudra cependant poser les mains et lever le genou (pour la descente, chacun son style : désescalade, sur les fesses… du moment que ça se passe, sans peur et sans bobo). Du reste, le granite a une excellente adhérence pour les semelles.
Le sommet du Grand Charnier
Enfin, après une petite antécime en forme aisée de butte (hé non, c’était pas fini, encore un p’tit effort), on atteint les 2501 mètres sommitaux, marqués d’une croix en métal (photo en une de cet article). Et, il faut le dire, la vue au sommet du Grand Charnier est particulièrement superbe, d’autant que presqu’inattendue par rapport à ce qu’on a vu depuis le début. Alors que pour ma première ascension, les nuages étaient progressivement venus s’accumuler sur les reliefs (classique en Belledonne) et boucher la vue, j’ai découvert cette fois-ci un paysage tout à fait splendide, très sauvage et minéral, aux allures escarpées de presque haute-montagne. D’ailleurs, d’où vient ce nom de Grand Charnier ? Hé non, pas de fosse commune ou de massacre notoire ici, le terme est issu du pré-celtique cairn / carn signifiant « tas de pierres », vraisemblablement dû à la constitution de son sommet.
🎥 L’Oeil d’Édouard ©
À l’ouest, rien de nouveau depuis le début de la randonnée. Mais, cette fois, l’altitude aidant, on dispose d’un large panorama avec, sur la gauche, les contreforts du nord de Belledonne avec les Berlanches puis le Grand Rocher (avec, pour les connaisseurs, le haut de la station de ski des 7 laux) et Allevard. Au loin, à travers la “brume” au-dessus de la cuvette grenobloise, le massif du Vercors avec le Moucherotte, la Grande Moucherolle et, son pinacle, le Grand Veymont (2341 m). En face, le massif de la Chartreuse avec sa longue barre rocheuse allant de la dent de Crolles au mont Granier ainsi que, la surpassant, Chamechaude, son plus haut sommet (2082 m), la Grande Sure et le Grand Som. Au nord-ouest, dans l’axe du Super Collet, la cluse de Chambéry, le lac du Bourget et la dent du Chat.
horizon occidental
Au nord-ouest, la vue se poursuit avec le massif des Bauges avec la paréidolique Savoyarde au-dessus de Montmélian, la croix du Nivolet, le Margériaz et sa station de ski, le mont Colombier, la dent d’Arclusaz et son fameux synclinal perché, le mont Trélod, la pointe d’Arcalod, culminant à 2217 mètres, le mont Pécloz, la pointe de la Sambuy et, isolée mais baujue, la dent de Cons. Au loin, La Tournette et la chaîne des Aravis, du mont Charvin à la jaillissante pointe Percée (2750 m) ainsi que le Bargy avec le pic de Jallouvre. Et, tout au nord, les Grands Moulins puis, en arrière-plan, le Grand Arc et la chaîne de la Lauzière, puis le massif du Beaufortain et celui du Mont Blanc.
le Mont Blanc
le Mont Pourri
Mais, la plus belle vue est, selon moi, en dirigeant son regard vers le sud. À gauche, le massif de la Vanoise avec, de part et d’autre de l’éperon rocheux au premier plan, le mont Pourri et la Grand Casse (plus haut sommet de Savoie 73 avec 3855 m), les glaciers de la Vanoise et les aiguilles de Péclet et de Polset. Juste devant nous, un superbe paysage s’impose magistralement, composé des pointes de la Pierre et de la Bourbière, du Grand Crozet et surtout des « oreilles de chat » que sont le clocher et le pic du Frêne (2807 m). Derrière, quelques hauts sommets de la chaîne de Belledonne avec la pointe de l’Aup du Pont, le Grand Morétan, Puy Gris puis, au-dessus du col des Sept Laux, le rocher Blanc, la Pyramide, le pic de la Belle Étoile et enfin la cime de la Jasse et le Grand Pic (2977 m). En arrière-plan, dans une perspective naturellement idoine, les aiguilles d’Arves et le massif des Écrins avec la Meije et le glacier de la Girose. Pour connaitre précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous conseille l’application Peakfinder.
la Grande Casse et ce qui reste de son glacier… © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
la Meije
Aller-retour ou variante ?
Le retour du Grand Charnier peut évidemment se faire par le même itinéraire qu’à l’aller (compter alors entre 2h30 et 3h30 selon votre aisance dans les passages techniques à la descente). Néanmoins, il existe plusieurs sentiers permettant des itinéraires alternatifs, variant les plaisirs et ajoutant un peu de dénivelé et de durée, pour ceux qui ne seraient pas rassasiés et qui en voudraient encore :
Expérimenté lors de ma première randonnée au Grand Charnier. Après avoir descendu l’enchainement de raideurs jusqu’à 2080 mètres, tirer à droite en longeant le pierrier pour rejoindre le col du Gollet (2093 m). Ici commence l’ascension de la crête du Petit Charnier sur un itinéraire hors-sentier, alternant entre herbe ou buissons et dalles ou ressauts rocheux. Rien de réellement difficile mais il faudra parfois poser la main.
le Grand Charnier © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷
En 15-20 minutes, on atteint le sommet (2181 mètres). Faute de posséder un panorama plus intéressant que le Grand Charnier, il a néanmoins le mérite d’en prolonger un tant soit peu l’expérience oculaire et offre une vue plus frontale et sauvage avec son ainé, dans le dos. La descente est plus aisée avec une sente terreuse serpentant dans le talus pour rejoindre le col de Claran (1956 m).
le col de Claran et les Plagnes
Là encore, on a l’embarras du choix. Depuis le col de Claran, on peut poursuivre en remontant la ligne de crête herbeuse avec une dernière raideur de 130 mètres de dénivelé positif sur 500 mètres puis en longeant jusqu’au point “culminant” à 2096 mètres (+ 130 m D+) puis le haut du télésiège du Claran. Rien de particulièrement sensationnel mais on a une vue bilatérale.
Ou, si vous préférez la version plus douce, poursuivre à gauche au col par là d’où on est venu à l’aller. Pour cette dernière option, continuer jusqu’à la bifurcation Les Chamois (1936 m), direction col de l’Occiput, et prendre le sentier partant à droite. On traverse une pente ensoleillée au milieu des derniers rhododendrons et myrtilliers. 15 minutes après, on atteint le bord des pistes, vers 2000 mètres.
Dans les deux cas, le retour de la randonnée au Grand Charnier se termine en descendant la piste de ski passant par le col de l’Occiput. Sans neige et caillouteuse, elle est sans charme et même un peu laborieuse en fin de journée mais offre quelques ultimes points de vue sur les Grands Moulins (à droite), les massifs des Bauges (en face) et la Chartreuse (à gauche). On retrouve ensuite la première piste conduisant au parking de Super Collet.
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