Le PIC DE JALLOUVRE, j’approuve le détour !

Le Col du Rasoir vers le Pic de Jallouvre

Le pic de Jallouvre est un des sommets du Bargy et se situe au cœur des Bornes-Aravis (patrie du sacro-saint reblochon), au-dessus du fameux col de la Colombière (recouvert de plusieurs mètres de neige chaque hiver !). La randonnée est très variée sur l’ensemble du parcours et égayée du beau lac de Lessy et de ses alpages, de nombreux bouquetins et, si on est chanceux, de gypaètes barbus !

 

Sommet : Pic de Jallouvre (2408 m)
Massif : Bornes / Bargy (Haute-Savoie)

Départ : Col de la Colombière (1613 m)

Carte IGN : La Clusaz 3430 ET
Topos Randonnées Haute-Savoie

Difficulté : ★★★☆☆

Dénivelé : 800 m jusqu’au pic de Jallouvre
(boucle : env. 1100 m cumulé)

Durée : 2h à 3h jusqu’au pic de Jallouvre
(boucle : 6h à 8h)

Intérêt : ♥♥♥
Lac de Montagne
Bouquetins, Gypaète barbu

Période : mai à novembre

 

Montée par le Col du Rasoir

Depuis le départ du col du Colombière, suivre le chemin bien tracé qui part sur la gauche. Après quelques pas, on poursuit droit devant nous sur un sentier (le virage de la piste carrossable conduit au lac de Peyre). Autre solution possible, notamment si les abords du col de la Colombière sont déjà saturés par les différents randonnées, partir un peu plus bas du parking de la via ferrata et remonter droit sur 150 mètres de dénivelé+ un sentier raide dès le départ rejoignant l’itinéraire classique.

La première fois que j’ai fait la randonnée au pic de Jallouvre, je me suis retrouvé nez à nez avec un bouquetin qui le redescendait en fin d’après-midi. Pas très serein… mais c’est lui qui a eu la noblesse qui prendre la tangente. D’ailleurs, on pourra régulièrement trouver des bouloches de poils le long du sentier, les quadrupèdes s’étant frotté sur les bords. Sur votre droite, vous pouvez voir une falaise d’escalade (et entendre gueubler les grimpeurs). Au bout d’une heure et quelques virages, on arrive dans la combe qui se situe entre le pic de Jallouvre et la pointe Blanche. Le chemin à prendre est moins lisible mais l’objectif est simple : remonter le pierrier jusqu’au col.

 

Après la sortie de la via ferrata du Jallouvre sur la gauche, on quitte le sentier pour arriver dans le pierrier. Sur l’itinéraire, on croise habituellement les bouquetins du massif du Bargy et, par exemple, j’ai pu photographié une véritable pin-up : une étage a imperturbablement posé à quelques mètres de moi. Tchi tcha ! En observant à droite à gauche, on s’aperçoit que c’est leur repère. Plusieurs petites familles co-habitent ici et ils ne sont pas trop farouches. Pour information et pour vous sensibiliser à l’enjeu, les bouquetins ont plusieurs fait l’objet d’un abattage total de leur population (plutôt que de vacciner les jeunes…) du fait de la présence d’une maladie, la brucellose. Plus d’informations sur le site de la FRAPNA et la LPO. Deux articles très complets expliquent le problème : celui de Sciences & Avenir et celui du blog Le bruit du vent. Si vous voulez soutenir la cause, vous pouvez signer la pétition.

Sur la fin du pierrier, ça tire sur la droite et il devient nécessaire de s’aider des mains (le chemin originel semble être parti avec les éboulis). Si vous êtes sensible au vertige ou ne serait-ce que pas habitué à ce genre de relief, ne négligez pas cet aspect car, la dernière fois que j’ai fait cette randonnée au pic de Jallouvre, j’ai vu un couple, amené ici par un ami trop confiant (ou inconscient), absolument tétanisé, totalement bloqué-crispé à la pierre ne pouvant plis bouger d’un millimètre, à la limite du malaise tellement ils étaient mal. Je n’ose imaginer ce qui se serait pas plus haut…

Arrivé aux 2260 mètres du col du Rasoir (la signification du nom semble alors évidente), on a vue sur les deux pans. Petite pause pour admirer la vue sur le pierrier à gauche, la combe de Sosay à droite, le pic de Jallouvre en face et la pointe Blanche (2438 m) dans notre dos. L’arête apparait impressionnante est le “vide” de part et d’autre, mais en fait, le chemin est suffisamment large pour ne pas être réellement difficile techniquement. Il faut juste resté vigilant car tous les appuis ne sont pas plats et une paire de bâtons sera bien utile ici pour s’aider à se stabiliser (si les chamois ont quatre pattes, ce n’est pas pour rien !).

le col du Rasoir, sous le sommet du pic de Jallouvre

Après avoir parcouru l’arête du col du Rasoir (et soufflé un bon coup en saluant que, en fin de compte, ce n’était pas si compliqué que cela !), le sentier continue en traversant la face ouest du Jallouvre, appelée « la Cravate » (après le rasoir, c’est géographiquement cohérent, oui). À l’ombre de la montagne une bonne partie de la journée, on peut apercevoir ici encore quelques bouquetins. Attention toutefois à ne pas trop trainer car, la dernière fois, il y en avait juste au-dessus et ils pourraient faire chuter quelques pierres, ainsi que les randonneurs déjà au sommet.

Au bout de l’horizontale, on atteint une épaule qui permet d’avoir une première vue sur le lac de Lessy puis une pente herbeuse qu’on monte avec des lacets bien digestes. Encore quelques efforts avec un accès final au sommet du pic de Jallouvre par une crapahute sur le rocher, partie la plus technique du parcours, rappelant un peu celle de la pointe Percée d’ailleurs juste en face. On assurera ses prises en posant ça et là les mains et on suivra le chemin un peu à l’instinct mais rien de véritablement compliqué.

les Bornes-Aravis et le lac de Lessy

Le sommet du Pic de Jallouvre

Après plus de 2 heures de montée, on arrive au sommet du Jallouvre marqué d’une petite croix au presque sommet. Sculpté quelque peu en ligne de crête, il est herbeux et plus large au départ, pour devenir plus rocheux et effilé. Chacun pourra choisir son emplacement pour profiter du splendide panorama quasiment à 360° sur la (Haute-Savoie et même un peu plus. Pendant le temps du sandwich contemplatif, il est possible de voir des cordées arriver par l’arête des Bouquetins. La chance a aussi voulu que nous voyons majestueusement tournoyer un gypaète barbu du Bargy en contrebas (bon, en fait, j’en ai vu au moins à chaque fois que je suis venu mais sans avoir le temps de sortir l’appareil photo, enfin si, vers le col de Sosay ; voir plus bas dans la partie Boucle par le lac de Lessy).

Versant ouest, la combe de Sosay, les rochers de Leschaux, le plateau de La Roche-sur-Foron, le mont Salève puis la Suisse avec Genève, le lac Léman et la Haute Chaîne du Jura. Au sud, se déploie le massif des Bornes avec, au premier plan sous nos yeux, l’aiguille Verte, le roc des Tours et, derrière, le mont Lachat, la montagne des Auges, le plateau des Glières, la roche Parnal, la montagne de Sous-Dine, puis La Tournette, la pointe de Talamarche, les dents de Lanfon et Le Parmelan. Tout au fond, le massif des Bauges et même certains sommets du massif de la Chartreuse et la dent de Chat au-dessus du lac du Bourget.

le massif des Bornes depuis le sommet du pic de Jallouvre

À l’est, vue la plus familière jusque là, la crénelure de la chaîne des Aravis avec, de gauche à droite, les pointes d’Areu et de Bella Cha, la pointe Percée (son sommet culminant), la pointe de Chombas, le mont Charvet, la pointe de Tardevant et son lac, la combe de Paccaly et son fameux trou de la Mouche, la pointe de Merdassier, l’Étale et le mont Charvin. Majestueusement dressé en arrière-plan, le massif du Mont-Blanc (si les nuages le permettent) avec les aiguilles de Chardonnet et d’Argentière, l’aiguille Verte et les Drus, les Grandes Jorasses, l’aiguille du Midi, le mont Blanc du Tacul, le Mont Blanc, l’aiguille de Bionnassay, le dôme de Miage et l’aiguille de Tré la Tête, l’aiguille des Glaciers, le Mont Tondu… Plus loin, les Alpes Grées avec l’aiguille de la Grande Sassière et le massif de la Vanoise avec le mont Pourri, la Grande Motte, la Grande Casse puis, tout à droite, l’aiguille de Péclet. Par météo claire, on peut même voir le massif des Écrins avec la Meije, la barre des Écrins, le glacier de la Girose et le pic de la Grave.

Au nord, en poussant au bout du sommet du pic de Jallouvre surplombant le col du Rasoir, la pointe Blanche en plein milieu du tableau, empêchant la perspective sur la chaîne du Bargy, puis, de part et d’autre, le massif du Chablais avec Le Môle, la dent d’Oche, les Cornettes de Bise et le massif du Giffre avec les dents du Midi, le pic de Tenneverge, la tête de l’Âne, la tête du Colonney… et le mont Buet pointant derrière à 3098 mètres d’altitude. Pour connaitre précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous conseille l’application Peakfinder.

Aller-retour ou boucle ?

Redescente par le même chemin en empruntant à nouveau (n’oubliez pas de le rendre après…) le col du Rasoir. Ici, vous avez le choix de redescendre au col de la Colombière par le pierrier ou faire la boucle par le lac de Lessy qui ajoute environ 300 mètres de dénivelé positif (cliquer le bandeau pour dérouler ➕).

Variante : boucle par le LAC DE LESSY

Par le Col de Sosay

Vous êtes encore là ? Super ! Merci. Redescendre donc sur votre gauche (nord-ouest) dans le clapier en étant vigilant à ne pas rouler sur une pierre et se flinguer un coccyx, un poignet ou une cheville. Les plus à l’aise pourront s’amuser à « skier les cailloux » (perso, j’adore !). Après un gros promontoire herbeux, les chemins se séparent pour poursuivre tout droit au col de Cenise (et/ou parking de la Sargniat, autre départ possible pour une randonnée au pic de Jallouvre moins fréquentée) ou sur la gauche pour traverser le grand éboulis au pied de la face ouest du Jallouvre (effondrement au printemps 2013, fallait mieux pas être là !).

Nous avons ici pu observer une harde de bouquetins, dont les plus jeunes s’amusaient à se chahuter à coups de cornes tandis que les mâles surveillaient depuis un peu plus haut. La chance a aussi voulu que ne voyons traverser le majestueux couple de gypaètes barbus qui réside dans le massif du Bargy. Classe !! Une fois sorti du pierrier, une petite raideur et on atteint le col de Sosay (1919 m) où l’on retrouve à nouveau le plan du lac de Lessy, ses chalets et son alpage. D’ailleurs, la descente en lacets,se fait au milieu des moutons parqués.

Le Lac de Lessy

Arrivé au niveau des chalets, on pourra être tenter de profiter de la buvette et autre vente de produits. Le cadre est vraiment idyllique avec le lac de Lessy et l’aiguille Verte en fond, les cloches des vaches sonnent et résonnent dans le vallon. Le bivouac semble alors idéal. Et si des fois vous aviez eu l’incongrue idée de monter votre matériel jusque là-haut, sachez qu’il est même possible… de pêcher ici !

 

Vous pouvez faire le tour du lac en passant au pied du col de la Forclaz, mais l’idée est de remonter sur le col à gauche, au-dessus du bosquet, lequel fait basculer sur Le Chinaillon. Encore une petite montée (+ 170 m) et on atteint le col (1902 m). Ici, pour les gourmands ou ceux sensibles du genoues, il est possible de prendre à droite pour atteindre l’aiguille Verte ou bien, plus direct, descendre « dré dans l’pentu » un sentier terreux un peu raide (les bâtons de randonnée seront bien appréciés ici).

On rejoint ensuite l’itinéraire de randonnée au roc des Tours puis, à 1568 mètres d’altitude, le plan de Samance. Prendre à gauche le sentier qui longe la falaise du Buclon puis du pic de Jallouvre où se trouvent le départ de la via ferrata de la Tour et le spot d’escalade avec plusieurs grandes voies. Enfin, selon l’endroit où vous êtes garés (voir juste en bas), retrouvez sa voiture au premier parking du bas ou poursuivre encore un peu jusqu’au col de la Colombière.

Infos pratiques : se rendre au départ du Col de la Colombière

depuis Annecy ou Albertville : traverser Thônes puis Saint-Jean-de-Sixt…
depuis La Roche sur Foron : passer par Le Petit Bornand…
Ensuite, dans les deux cas, traverser Le Grand Bornand puis Le Chinaillon et remonter les lacets de la route D4 conduisant au col de la Colombière.
depuis Cluses, Bonneville ou Sallanches : monter directement par Le Reposoir.

⚠️ Sur la route, il y a de nombreux cyclistes faisant ce parcours du Tour de France.
Si le sentier part bien du col, je conseille, par expérience, de se garer un peu plu bas, au parking du départ de la via ferrata ou encore au niveau des chalets de Cuillery au-dessus de Samance, dans le virage sur la gauche. Cela allège le retour en évitant de devoir remonter jusqu’au col. Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les hébergements dans les Aravis.

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Carnet de Randonnée en Montagne (Auteur : L'Oeil d'Édouard / Éditions Les Dirtbags) mountain hiking book hike trek trekking

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2 Comments

  • obou lba dit :

    J’approuve cette rando très variée, le col du rasoir n’est pas si impressionnant que cela même s’il mérite un peu de prudence. Par contre, le pierrier à la montée est un peu un calvaire, ça glisse sur les pieds (surtout sans bâton), le sentier est peu ou pas visible et ça grimpe raide…bref, j’éviterai de partir avec des débutants dedans, sauf à vouloir les dégoûter, je partirai plutôt de l’autre côté (les Frachets), le dénivelé est le même mais la pente plus douce.

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