Le LAC BLANC, le Fitz Roy de Belledonne

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Logé au pied des sommets iconiques de la chaîne de Belledonne, le lac Blanc est, paradoxalement, une perle bleue dans un somptueux écrin montagneux. Reclus discrètement sur son plateau d’altitude, il se mérite mais saura donner le change. La randonnée est variée, commençant par la forêt, passant par un refuge belvédère, pour terminer sur un somptueux paysage sauvage et escarpé.

 

Sommet : Lac Blanc (2160 m)
Massif : Belledonne (Isère)

Départ : Pré Comté (1358 m)

Carte IGN : Bourg d’Oisans 3335 ET
Topos Randonnées Belledonne

: ★★★☆☆

Dénivelé : env. 1200 (cumulés)
Distance : 5,5 ou 7 km aller

Durée : montée 2 à 4h

Intérêt : ♥♥♥♥
Refuge
Cascades
Lac de Montagne

Période : juin à novembre

Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez le contenu de sac à dos en randonnée ✔︎

➜ Se rendre à Pré Comté

Depuis Grenoble : prendre la direction de Villard-Bonnot par l’aurotoute (direction Chambéry puis sortie 24.1 Saint-Ismier). Mais, au niveau de la gare de Lancey, poursuivre en face pour rejoindre Saint-Mury-Monteymond via la D165a.
Depuis Chambéry : rejoindre Saint-Mury-Monteymond, soit par l’autoroute (direction Grenoble, sortie 24.1 Saint-Ismier) puis en traversant Villard-Bonnot, soit par la nationale via Brignoud (D290) puis Sainte-Agnès (D280).

Ensuite, dans les deux cas, monter les lacets jusqu’au col de pré Long puis prendre à gauche pour atteindre l’épingle du pré Comté (La Souille sur la carte IGN). Se garer sur les bas-côtés dégagés.

 

Depuis le Pré Comté

Tout commence par une ambiguïté ! En arrivant, je vois deux personnes hésiter dès le début et déjà sortir la carte… Une fois garé et les lacets lacés, c’est à mon tour de découvrir que se présentent trois chemins au départ devant soi, façon « pour ouvrir la porte de droite, rendez-vous page…» dans Les livres dont vous êtes le héros (les post-trentenaires saisiront la référence) : un qui descend à gauche, un à plat au milieu et un qui monte à droite. En fait, les panneaux indiquent de prendre celui en face, avec une barrière en bois, quand la carte IGN celui de gauche. Bref, le dilemme. Parfait pour prendre la tête d’entrée de jeu et casser l’enthousiasme insouciant. Je comprends alors mieux pourquoi le couple avant moi était tant dubitatif.

Faisant davantage confiance à la vérité cartographique (les panneaux pouvant être dé/replacés), je pars à gauche et me retrouve alors sur une ancienne piste forestière, quasiment plus entretenue, laquelle remontera après pour retrouver… le chemin du milieu, resté à plat. Verdict : si vous lisez ce topo rando pour le lac Blanc (ce que vous êtes en train de faire, je crois), sachez qu’il faut prendre le chemin du milieu (si seulement j’avais lu cet article avant de l’écrire…). Ensuite, large piste carrossable deviendra petit sentier à l’ombre et l’humidité. Celui-ci serpente et oscille à flan de montagne, avec quelques courts passages un peu ravinés, équipés de mains courantes.

Quelques autres bordent la verticale. Après avoir contourné le Mont Saint-Mury, on s’engouffre dans le vallon du Vors. Quelque fenêtres forestières offrent une vue sur les cascades du Cirque du Boulon et la Pointe des Excellences en arrière-plan, le Jas du Mouton et le refuge Jean Collet en-dessous. Un itinéraire montant depuis le Pleynet (plus direct mais démarrant plus bas et donc plus de dénivelé) rejoint notre sentier vers 1430 puis 1480 mètres.

La forêt se clairsème, jusqu’à laisser place à une vue dégagée. Après 1h-1h30 de randonnée depuis le Pré Comté, on atteint la passerelle du Mousset, laquelle traverse le ruisseau du Vors s’écoulant depuis le lac Blanc. On profite alors du paysage ouvert sur les barres rocheuses et les cascades, couronnées de la Petite lance de Domène (2596 m). Toute proportion gardée, il y a quelque chose du cirque de Fer-à-Cheval ou de celui de Gavarnie. Avec le plaisir des yeux, le délice des papilles, enivrées du parterre de myrtilles (elles seront également au menu du goûter à la descente).

Ici, à 1678 mètres, deux itinéraires sont possibles : à gauche, un sentier mieux tracé mais plus long, par le refuge Jean Collet ou, à droite, plus direct mais par conséquent plus raide, la montée par le Ravin des Excellences. Pour ma part, préférant les boucles variant les plaisirs, j’ai opté pour la première à la montée et la deuxième, plus rapide pour le retour (l’inverse est tout aussi valable, d’autant plus si vous souhaitez, à la descente, boire un coup sur la terrasse panoramique du refuge). Avec les photos ci-dessous, vous allez pouvoir vous faire un avis :

Par le Ravin des Excellences

Option n°1. Juste après avoir traversé la passerelle du Mousset, prendre à droite et faire quelques dizaines de mètres jusqu’à un arbuste au milieu de rochers. Même si une croix jaune et une autre blanche et rouge peintes sur une pierre signifient que ce n’est pas le sentier officiel, il s’agit bien ici du point de passage, normalement marqué par un gros cairn. Tirer alors à l’Est (à gauche) en suivant la trace dans l’herbe. On retrouve alors un sentier évident, assez raide et accidenté. La vue domine de plus en plus le cirque supérieur du Boulon et les cascades. Cela adoucit l’effort. On traverse ensuite le pierrier au pied de la Pointe des Excellences avant de rejoindre, en 30 minutes, le sentier “officiel”.

Par le refuge Jean Collet

Option n°2. L’itinéraire vers le refuge Jean Collet part, quant à lui, sur la gauche. Si le parcours se raidit peu à peu, l’effort est agrémenté par une vue ouverte sur la vallée et quelques plantes et fleurs de montagne bordant le chemin : campanules, rhododendrons, chénopodes bon-Henri… et, sans doute, des grandes gentianes jaunes dont on déplore l’absence de par les trous si délicatement creusés à la pioche…). Au fil des pas, le refuge commence à apparaître. Après une courte raideur, on atteint, à 1942 mètres, une croisée des chemins (à gauche, en haut, à droite, en bas). Ne serait-ce que par curiosité, je suis allé voir (grosso modo, il y a juste “100 mètres” à faire et quasiment à plat).

Effectivement, cela valait le coup. Situé sur un promontoire, le refuge Jean Collet offre une vue plongeante sur le vallon avec un panorama sur les sommets du sud de la Chartreuse (Chamechaude, Grande Sure, Charmant Som, dent de Crolles) et du Nord du Vercors (la Buffe et le Moucherotte). Au-dessus de nos têtes, le Jas Mouton (2319 m) et le Col de la Mine de Fer d’où descendent des randonneurs faisant, très vraisemblablement pour la plupart, le trek de la Haute Traversée de Belledonne GR738 en provenance du lac de Crop.

depuis le belvédère du refuge Jean Collet

Après cette pause contemplative, (on n’est quand même pas monté jusque-là pour beurrer les tartines), on reprend la direction du lac Blanc en revenant sur le précédent embranchement et en poursuivant tout droit, à niveau. Le tracé, visible à travers la pente montagneuse, est très évident. En regardant le paysage derrière soi, on admire la vue pittoresque avec le refuge juché sur son épaule rocheuse et se détachant sur la toile de fond chartrousine.

On bascule ensuite sur le Ravin des Excellences, à mi-hauteur, le cirque du Boulon (supérieur). Redescendant quelque peu, on longe alors le pied de la montagne avec des passages sur rochers un peu plus alpins mais cependant sans difficulté réelle. Il faudra toutefois être vigilant si le terrain est humide. Juste après, on rattrape l’itinéraire venant directement de la passerelle du Mousset.

Ensuite, une fois les deux itinéraires réunis, le sentier reprend alors son ascension avec une série de larges lacets sur 200 mètres de dénivelé+. Là encore, tout ira bien pour celui qui sait marcher à son allure. Lorsque le replat se profile vers 2150 mètres, le cou redresse ce qu’il peut et le menton se lève légèrement, l’excitation infuse les regards… Puis, le Grand Pic de Belledonne jaillit. Ce n’est alors plus qu’une question de mètres, de secondes…

Le Lac Blanc, au pied du Grand Pic de Belledonne

Trois heures après le départ du Pré Comté, à un rythme cool avec de nombreuses pauses photographiques pour illustrer ce topo rando, j’arrive au lac Blanc. La première impression naît de la couleur de l’eau. Alimentée par la fonte des neiges, on retrouve le bleu turquoise, légèrement terne, caractéristique des lacs de glacier (celui choisi pour ce blog d’ailleurs, c’est dire s’il est beau !). Ensuite, l’environnement subjugue. Logé dans sa cuvette, le lac Blanc est entouré de reliefs escarpés, typiquement belledonniens : sur la gauche, rougis de fer oxydé, les cimes de la Roche et le pic Lamartine (2752 m), sur la droite, les crêtes du pic Couttet (2764 m) à la Grande lance de Domène (2790 m) et, en arrière-plan, le triptyque Grand pic de Belledonne (2977 m), pic central et croix de Belledonne (2926 m). Avec les plaques de neige persistante sur le glacier, la carte postale a des allures de Fitz Roy argentin (mais à côté de chez soi, sans prendre l’avion jusqu’à l’autre bout de la planète…).

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Je voulais un endroit loin du monde (qu’il n’y avait pas ce jour-là d’août) pour casser la croûte avec vue. J’ai d’abord cherché un rocher dominant puis, si la perspective lacustre voudrait qu’on aille dans son axe, au bout du plan, j’ai choisi un sentier longeant le bord sur la gauche, où j’ai trouvé de quoi régaler ma rétine en même temps que mon estomac. Prévoir, dans son sac à dos (en plus du chocolat !), une veste, plus ou moins chaude selon la saison, car une bise peut souffler ici, rafraîchie par l’eau et les neiges subsistantes. Confortablement assis, le moment est à la contemplation silencieuse du Sublime. Et quelques rêves en tête…

le Grand Pic de Belledonne, le Pic central et la Croix de Belledonne © L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

J’aurais pu poursuivre ce chemin jusqu’au pied du glacier mais la météo estivale n’invitait pas à l’inconséquence. D’ailleurs, j’ai croisé un randonneur solitaire qui était monté bivouaquer ici, sans consulter la météo. C’est moi qui lui ai appris qu’il était annoncé de gros orages en fin de journée et la nuit ! Et quand on sait ce que ça peut donner sur Belledonne, ses reliefs escarpés agrippant les nuages et ses montagnes chargées de minerais (il y a quand même un col nommé “de la mine de fer” juste à côté !). Bref, une randonnée, ça se prépare !

Comme présenté plus haut, le retour peut se faire par le refuge Jean Collet, histoire de prolonger le plaisir de la journée en partageant un verre sur la terrasse naturelle, ou bien par la variante qui revient directement sur la passerelle du Mousset. Pour cela, il faut reprendre le même itinéraire et, vers 1885 mètres d’altitude, au niveau du pied d’une paroi rocheuse, prendre une trace qui descend dans le pierrier (un point jaune peint sur une pierre marque la bifurcation). Le sentier caillouteux est assez évident jusqu’à devenir tracé sur le sol terreux, néanmoins, il est assez pentu et accidenté. Une paire de bâtons sera alors bien utile pour soulager les genoux et les cuisses. De retour au ruisseau du Vors, pause fraicheur avant de redescendre. Avec les nombreux cours d’eau au long du parcours, pas besoin de se charger de 3 litres, on peut fréquemment remplir sa gourde filtrante.

 

Carnet de Randonnée en Montagne (Auteur : L'Oeil d'Édouard / Éditions Les Dirtbags) mountain hiking book hike trek trekking




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