Dominant les barrages de plan d’Aval et plan d’Amont, le Rateau d’Aussois est un « 3000 » relativement facile d’accès pour un bon randonneur. Au départ bucolique au bord du lac, l’itinéraire devient minéral pour finir sur les rochers. Au sommet, la vue à 360° est absolument spectaculaire face, entre autres, à la pointe de l’Échelle et à la dent Parrachée. Une de mes randonnées préférées !
Sommet : Rateau d’Aussois (3128 m)
Massif : Vanoise (Savoie)
Départ : Plan d’Amont (2056 m)
Carte IGN : Trois Vallées Modane 3534 OT
➜ Topos Randonnées Vanoise
Difficulté : ★★★☆☆
Dénivelé : env. 1100 m
Distance : env. 11 km aller-retour
Durée : montée 3h à 4h
descente 2h à 3h
Intérêt : ♥♥♥♥
Lac de Montagne
+ 3000 mètres
Gypaètes barbus, Vautours fauves, Marmottes
Période : juillet à octobre
Le Plan d’Amont
Au départ du parking (celui du haut, au pied du barrage, même pas peur !), des panneaux informent qu’on entre dans le Parc national de la Vanoise et stipulent la réglementation en vigueur (ne pas marcher hors des sentiers, chiens interdits même en laisse, pas de bivouac, pas de cueillette, pas de véhicule…). Merci donc de les respecter pour le bien de l’environnement et de ses habitants. On remonte un premier lacet conduisant à l’étendue lacustre de plan d’Amont. Puis, un doux chemin le longe, bordé de pins et d’épilobes en épi. À travers les arbres où les casse-noix mouchetés s’activent avant l’hiver, des fenêtres sur la fameuse dent Parrachée avec le rocher du Grand Châtelard à ses pieds.
Le matin, vous verrez peut-être passer le 4×4 de Thierry Margueron mais c’est normal, il a le droit lui, « Tim » est le gardien du refuge du Fond d’Aussois (je vous le recommande d’ailleurs !). Sur la fin, le chemin longeant l’escarpement rocheux noir, gris et ocre rouge, offre une splendide vue dominante sur le lac de plan d’Amont. À la douceur pastel du matin, la pointe du Notaire et l’aiguille de Scolette en arrière-plan. Si tous ne sont pas une réussite esthétique (d’autant plus vus du bas !), il faut tout de même admettre que l’ouvrage ici embellit véritablement le lieu. De surcroît en deuxième partie de journée, quand les couleurs s’intensifient.
le plan d’Amont d’Aussois (📷 Sony FE 16-35 f/2.8 mm) © L’Oeil d’Édouard / Instagram
Le Pont de la Sétéria
Quelques lacets près de la cascade du ruisseau de Saint-Benoît qui l’alimente et, 30-45 minutes de marche après le départ du barrage de plan d’Amont, on arrive au pont de la Sétéria (2215 m) et son magnifique replat champêtre avec la Tête d’Aussois en fond. Au niveau de la passerelle, part à droite le sentier en direction des refuges de la Fournache, de la dent Parrachée et du Fond d’Aussois ainsi que vers la pointe de l’Observatoire et le col d’Aussois (itinéraire du tour des glaciers de la Vanoise pour rejoindre Pralognan). Certaines familles se contentent de la balade jusqu’ici pour casser la croûte au bord de l’eau dans ce magnifique cadre.
le pont de la Sétéria, porte d’entrée de la Vanoise
Pour la randonnée au Rateau d’Aussois, ne pas traverser le pont de la Sétéria, comme la plupart des gens, mais partir sur la gauche où un panneau indique seulement le col de la Masse et le refuge de l’Orgère. Mais si si, c’est bien par là, sur ce petit sentier terreux qui remonte à l’ouest, au milieu de quelques petits pins (pas en chocolat, même si Turin n’est pas loin). S’il n’est pas bouché par les nuages se formant par l’humidité chauffée du versant, on peut voir poindre le Petit Rateau d’Aussois, à 3100 mètres d’altitude.
Après une première raideur réveillant les mollets et les cuisses via des lacets bien réguliers, le chemin sillonnant le parterre débonnaire de rhododendrons et de myrtilliers (rappel : cueillette interdite dans le Parc National de la Vanoise) avec, face à nous, l’arête de la Sétéria (3079 m). C’est d’ailleurs lors de son ascension que l’envie de faire la randonnée du Rateau d’Aussois m’est venue après être redescendu par le col de la Masse. Quelques cris de marmottes invisibles et, tout à coup, un… puis deux… puis trois gypaètes barbus surgissent juste au-dessus de la tête ! À peine le temps de monter mon 200-600 mm avant qu’ils ne gagnent les hauteurs. Argh ! Ils étaient pourtant si près… Mais c’était déjà splendide avec l’œil !
gypaète barbu juvénile (📷 Sony FE 200-600 mm) © L’Oeil d’Édouard / Instagram
S’en suit, à 2426 mètres d’altitude, un ravissant replat herbeux où serpente un ruisseau orange, de la couleur des pierres oxydées de son lit. C’est aussi le lieu de bifurcation pour rejoindre au sud le col du Barbier et le plan d’Aval. Puis, une douce côte longe un talweg, cimetière de blocs rocheux éboulés au fil des siècles. Le paysage se fait de plus en plus minéral, gris, ocre jaune, rouge et violet oxydé, parfois orné de lichen vert anis. Le minerai de fer foisonne et l’idée de se retrouver ici avec la foudre n’enchante guère… Le chemin, tracé au milieu des cailloux, serpente le long du relief, parmi les dalles émergeantes. Certains passages nécessitent parfois de lever un peu plus le genou mais vraiment rien de difficile.
À 2763 mètres, un choix de parcours se présente : tout droit, plus direct vers le Rateau d’Aussois en remontant une splendide « rivière de pierres rouge » ou, à droite, pour passer le col de la Masse (itinéraire marqué des balises blanc et rouge). En fin de compte, ça ne change pas grand-chose (5 min d’écart à peine). Préférant la variété à la répétition, je privilégierai le deuxième à la montée et le retour direct au retour. À gauche, le Petit Rateau d’Aussois annonce la suite de la randonnée. Au nord, le panorama est absolument somptueux, avec une montagne de pierre et ces ressauts de roches moutonnées par un feu glacier. Le Grand Roc se dressant au sommet (3316 m). Magnifique ! J’adore cet endroit !
© L’Oeil d’Édouard / Instagram
Le Col de la Masse
Environ 2h30 tranquille après le départ de plan d’Amont, nous arrivons au col de la Masse, 2923 mètres d’altitude. On abandonne ici les derniers carrés d’herbe. À l’est, avec le parterre sur lequel émergent la pointe de Labby et la dent Parrachée, on a l’impression d’être sur Mars ! Enfin, je dis ça mais je n’y suis jamais allé… Puis, versant ouest, la vue plonge dans le vallon de la Masse, que certains remontent pour faire la randonnée du Rateau d’Aussois depuis le refuge de l’Orgère. Le paysage est splendide avec les sommets du sud du massif de la Vanoise et, en arrière-plan du vallon de l’Orgère, Modane, en bas, et la roche Bernaude, le mont Thabor, le massif des Écrins, les aiguilles d’Arves… Mais, tout cela, on en reparle en détails au sommet du Rateau d’Aussois.
Après le grand cairn « officialisant » le col de la Masse, on suit la trace au sol pour se diriger sur le versant nord du Rateau d’Aussois, pan de rochers anthracite. Le temps semble avoir brûlé la montagne. À partir de là, il va falloir arpenter le relief en remontant le clapier. Si cela peut apparaitre difficile de prime abord (si ce n’est pas forcément au pied du mur qu’on le voit le mieux), ce ne sera pas en réalité pas si compliqué que cela. Mais avant de commencer les « difficultés », peut-être pour moi la plus belle vue de la randonnée au Rateau d’Aussois : le panorama sur le col de la Masse avec l’aiguille Doran, derrière, le glacier de Chavière, le mont de Gréboulaz et l’aiguille de Polset, la pointe de l’Échelle puis celle de Labby et la dent Parrachée. On gardera cette vue tout au long de l’ascension finale.
le panorama grandiose sur le col de la Masse © L’Oeil d’Édouard / Instagram
Le Rateau d’Aussois
Sur le terrain, on pose les mains par-ci par-là de temps en temps et le parcours est presque assez évident : monter dré dans l’pentu. Du reste, des cairns indiquent un itinéraire, enfin des itinéraires car plusieurs sont en réalité possibles. Néanmoins, il faut tout de même faire preuve de bon sens, en observant bien les sillons de la montagne, car chacun y va de son cairn et certains en posent n’importe où, inventant des chemins qui n’en sont pas. Heureusement, à moins d’un grand écart d’itinéraire, cela n’a pas de conséquences dangereuses. Pensez quand même à lever la tête pour profiter de la vue ! Compter une vingtaine de minutes pour cette ascension, seul passage un peu plus difficile (également pour le Rateau d’Aussois en ski de randonnée).
À la sortie, le dénivelé s’aplanit pour atteindre un grand plateau sommital tout en pierres (me rappelant celui du Taillefer), agrémenté de cairns se dressant comme autant de prières et/ou d’hommages (autel à un ange). Poursuivant sur la longueur, une vue exceptionnelle se déploie au fil des pas, jusqu’à atteindre le sommet du Rateau d’Aussois, culminant à 3128 mètres d’altitude. À la pointe méridionale, les vautours fauves tournoient, tirant profit des ascendances de l’adret tandis que le panorama s’expose aux yeux légèrement piquants de la transpiration qui coule par-delà le branchage des sourcils. Pour jouir sans entrave du paysage, pensez à prendre une veste coupe-vent, et même une autre couche thermique (polaire ou micro-doudoune) car la brise peut souffler fort dans la vallée de la Maurienne et, de surcroît, très fraichement à plus de 3000 mètres d’altitude !
vautour fauve et la barre des Écrins en arrière-plan (📷 Sony FE 200-600 mm) © L’Oeil d’Édouard / Instagram
Au sud-est, la vue plonge sur les lacs et les barrages de plan d’Aval et plan d’Amont (la voiture est toujours là !) puis remonte sur la pointe de la Fournache et la dent Parrachée et la magnifique pointe de Bellecôte (et ses pans d’ocre coulant, digne de Landmannalaugar). La perspective conduit le regard au Grand Roc Noir puis au Grand Paradis en fond et dans la vallée, avec la Haute-Maurienne avec Bonneval-sur-Arc et les Alpes Grées (l’Albaron, la Grande Ciamarella, le Segnale Baretti, la pointe de Charbonnel, la pointe de Ronce…), le Signal du Petit Mont-Cenis, la Rocciamelone, le mont Giusalet, les dents d’Ambin, la pointe de Longe Côte, l’aiguille de Scolette et, par temps sec, le mont Viso tout au fond (une paire de jumelles est toujours bienvenue en montagne !).
la dent Parrachée et la pointe de Bellecôte © L’Oeil d’Édouard / Instagram
Au sud, face à nous, le panorama se poursuit avec la Norma et le pic de Rochebrune au loin, la roche Bernaude, Modane et le tunnel du Fréjus dans la vallée puis, plus à l’ouest, le mont Thabor et les Cerces avec le dentelé massif des Écrins en arrière-plan (le mont Pelvoux, les Ailefroides, le dôme et la barre des Écrins, le pic Gaspard et la Meije, le Râteau, le pic de la Grave et le glacier de la Girose…) jusqu’à l’aiguille du Goléon, les aiguilles d’Arves, le pic Bayle et le pic de l’Étendard. Et autant d’envies et de projets qui (re)naissent… (et à inscrire dans son Carnet de Randonnée)
la barre des Écrins
la Meije
Au nord-ouest, la vue ressemble à celle depuis le col de la Masse avec la partie orientale du massif de la Vanoise, mais de plus haut et donc avec davantage de sommets révélés : au-dessus du vallon de l’Orgère, la tête Noire et l’aiguille Doran et, en arrière-plan, la pointe Rénod, l’aiguille du Bouchet et le glacier de Chavière, les aiguilles de Polset et de Péclet, puis, au nord, le Grand Roc et la pointe de l’Échelle, la tête d’Aussois et la pointe Chevrière avec le massif du Beaufortain et le Mont Blanc en arrière-plan, puis la pointe de Labby et la pointe du Génépy, le dôme de l’Arpont et le bout des glaciers de la Vanoise, la pointe de la Gorma puis, à nouveau, la pointe de la Fournache et la dent Parrachée (3695 m). Pour connaitre précisément le nom de chaque sommet alentour, je vous conseille l’application Peakfinder.
panorama sur la Vanoise depuis le sommet du Râteau d’Aussois © L’Oeil d’Édouard / Instagram
Pour le retour, on prendra le même itinéraire qu’à la montée (en pouvant éviter le col de la Masse en coupant naturellement un peu avant à droite, via la trace, passant dans la rivière rouge). Au croisement à 2426 mètres d’altitude, on pourra éventuellement bifurquer à droite pour faire une boucle via le col du Barbier, mais cela fait descendre jusqu’au lac de plan d’Aval pour ensuite devoir remonter au parking de plan d’Amont. À vous de voir.
Infos pratiques : se rendre à Plan d’Amont
Depuis Chambéry ou Albertville, rentrer dans la vallée de la Maurienne à partir d’Aiton. Passer Saint-Jean-de-Maurienne puis, à la sortie de Modane, prendre à gauche le pont traversant l’Arc et remonter la route D215 jusqu’à Aussois. Traverser le village en montant l’étroite route des Barrages D108 (pistes de ski en hiver) conduisant à plan d’Aval puis à un premier grand parking. Continuer sur la piste carrossable conduisant au pied du 2e barrage de plan d’Amont où, selon l’heure d’arrivée, des places peuvent être disponibles sur le petit parking en terre.
Avant de partir, êtes-vous bien équipé ?
➜ retrouvez le contenu d’un sac à dos de randonnée
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Pour séjourner ou dormir la veille sur place, vous pouvez regarder les lieux d’hébergement dans la vallée de la Maurienne (Aussois, Modane, Termignon, Lanslebourg…). Pour des vacances en famille en mode détente, on peut également résider dans une location de vacances (chalets, appartements, gîtes, chambres d’hôtes…) sur Abritel et Gites.fr. Et, afin de profiter pleinement de la vallée, découvrez tous nos articles sur la Maurienne (villages à voir, activités à faire, randonnées…).
D’autres randonnées à faire à proximité :
■ Le Signal du Petit Mont-Cenis (3162 m)
■ Le cirque des Évettes et le lac du Grand Méan (2850 m)
■ Le refuge du Carro, le lac Blanc et le lac Noir (2760 m)
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