Cuyabeno #4 : la pêche au Piranha

Découverte de la pêche au Piranha

Deux heures plus tard je me lève la tête dans le cul, tranquillement, quand tout à coup je me rends compte que tout le monde m’attend dans la pirogue pour aller à la pêche au piranha dans un rio de ma déjà pote l’Amazonie….Euh vous avez 2 minutes ?
24 minutes plus tard je monte dans la pirogue et me dis que ben dis donc z’ont pas l’air contents d’être en Amazonie ceux-là…vraiment y’a des gens blasés je vous jure…

Nous traversons la lagune de Cuyabeno et nous engouffrons dans des passages secrets situés au milieu des arbres jaillissants de l’eau, baissant la tête pour éviter les branches et les feuilles tombantes. L’aventure je vous dis !
Puis notre guide mou et incompréhensible nous indique un endroit pété de piranhas.
Pas une mais huit cannes à pêche nous sont distribuées.

piranha tête bizarre - amazonie Equateur - Blog Voyage Trace Ta RouteUne émotion m’envahit, un pressentiment heureux… Je sais que je vais être le premier à en pécher un et vivre un moment de gloire. Je le sens.
Distribution de viande. Je la mets sur l’hameçon. Je jette ma ligne d’une main assurée et confiante. Puis j’attends.
Je sens la ligne tirée par à-coups rapides, des à-coups de chirurgiens plastiques, précis, nets. Je sens que je me fais avoir… Je remonte la ligne… Plus rien. Ah les p’tits malins…
Deuxième bout de viande, troisième bout de carne, quatrième, cinquième, sixième…Tu veux la guerre mec ?
Ok fini de jouer, là je sens que je vais t’avoir poisson Tía !
Je lance mon septième et dernier hameçon faisandé à l’eau.
Je joue le tout pour le tout. Ma technique va-t-elle marcher ? Ce morveux va-t-il mordre à l’hameçon ?
Je sens tout à coup que la ligne est tirée, d’un réflexe magistral je tire à mon tour d’un coup sec et ample et voici mOssieur le mangeur d’hommes sorti de l’eau et amené dans ma main !!! Tous les animaux de la forêt sortent pour admirer ce spectacle et hurler leur joie à moi le roi de la journée ! Des oiseaux passent dans le ciel en faisant voler une bannière “We Love You!” et les singes chantent la marseillaise !

Mais là vous aurez compris que depuis le début j’avais une technique préparée et pensée, héhé !
Voici pourquoi j’ai réussi à pêcher un piranha.

Ma technique de pêche au piranha

Tout d’abord, j’ai réfléchi. “Bon Tristan, si tu analyses la situation, tu peux en déduire que” :

  1. Le piranha mange de la viande.
  2. C’est un animal, donc il crève toujours la dalle.
  3. Il est petit. Son estomac aussi.
  4. Quand on mange trop soit on est crevé, soit on s’effondre.
  5. Si on est juste crevé, on manque tout à coup d’agilité et de réflexes.
  6. En sachant qu’un piranha nage le crawl à la vitesse de 5 noeuds à la seconde, que dans le meilleur des cas le rio possède un débit de 100m3 d’eau par minute, que le vent souffle nord-nord-sud, que tu sais qu’il n’a pas de tenue hydrodynamique, qu’il a les yeux verts et qu’il s’appelle Serge, tu vas devoir accrocher exactement 7 fois de la viande avant qu’il soit groggy.
  7. Va te falloir des réflexes.

Ensuite j’ai laissé faire la tactique machiavélique.
Car oui, je l’ai bluffé ! Ahah ! Je l’ai intentionnellement gavé pour qu’une fois qu’il soit presque repu, je lui tende un dernier bout de viande fatal. Eh oui un piranha c’est super gourmand ! Fallait juste le savoir.
Du coup, il a du voir le dernier bout de viande se ramener vers lui, il l’a regardé avec des yeux léthargiques et s’est dit : “Burp – je tiens à noter que j’ai vu la bulle du rot – oh allez je m’en ferais bien un petit dernier moi, c’est pas tous les jours que d’la viande nous arrive de la surface, aussi bonne et bien préparée, cuisinée avec amour, au four surement…Allez vas-y Serge !”
A ce moment là j’avais gagné. Il a surement du regarder autour de lui d’un air sournois pour voir s’il était seul, siffler l’air de rien en s’avançant d’un air nonchalant vers le gigot, et hop se faire avoir !

Donc je l’ai en main, je lui enlève l’hameçon (ca va il n’a rien) et je lui ouvre la bouche, le montre à tout le monde.
Les femmes sont en rut, sauf Tía qui est en rot, c’est sa note préférée, et me prennent en photo, moi l’homme sauvage, le shooté au danger, le peur de rien.
Moment de gloire.

Le danger d’une pêche au piranha

Mais bon, je ne suis pas pêcheur, je ne tue pas les animaux donc je le rejette à l’eau assez vite pour qu’il aille faire sa sieste et que ses potes se foutent de lui.

piranha d'amazonie, Equateur - Blog voyage Trace Ta Route

Ce moment délicieux de gloire m’a tout de suite donné un statut très particulier au sein de mon équipe de Koh-Lanta. De fait, je suis devenu le mâle alpha, le Hugh Jackman de la selva (prononcez à l’espagnole), l’homme bestial défiant les forces hostiles de la nature. Sympa ^^

Le moteur de la pirogue se met alors en route et nous emmène par des voies d’eau toujours aussi majestueuses au milieu de la lagune pour aller faire trempette.

Tout le monde s’était préparé pour l’occasion. Même Tia…
D’un geste suave et sensuel d’un érotisme intense à la Demis Roussos, Tia se déshabille. (nda : pour le respect de mes lecteurs je ne décrirai pas cette partie de l’aventure plus avant, les images peuvent être douloureuses et jeter à jamais votre sexualité dans les limbes tempétueuses du tourment perpétuel).

Tia, en tenue de bain, se tourne d’une détermination de Terminator en direction de l’eau, faisant ainsi presque chavirer notre embarcation vers une mort certaine : le Tiatanic est de sortie.
D’une grasse (non je ne me suis pas trompé) que l’on imagine aisément et en serrant les dents, elle effectue un plongeon mémorable d’une agilité certaine, presque sans remous. Le seul que nous ayons pu voir tant sa technique est aboutie, est une déferlante de 15 mètres partie inonder Manaus au Brésil en emportant, paix à leurs âmes, les gentils touristes des autres lodges. Si vous regardez les nouvelles des quotidiens européens et américains parus début août, vous y trouverez, j’en suis sûr, les noms de nos compatriotes dans la rubrique des disparus ainsi que les images satellite d’un tsunami ayant dévasté la Jamaïque.

Bref, l’horreur disparue, j’enlève mon t-shirt d’un mouvement viril histoire de signifier à la gente féminine qu’elle a raison de m’aduler et plonge tel Poséidon dans l’eau de cristal noir.
Une fois à l’eau, je savoure ce moment magique d’une baignade en pleine forêt vierge, être sans défense à la merci des volontés de dame nature.
Puis je me pose une question : tiens, pourquoi ne vois-je aucun autochtone faire de même ?
Déterminé à avoir une réponse à ma question, je nage tel un hors-bord en direction de la pirogue et de notre esclave-guide.
– “Manant ?! Pourquoi donc ne vous baignez-vous pas dans cette magnifique lagune, hormis le fait de ne pas vouloir faire tâche au milieu de nos coloniaux corps athlétiques ?”
– “…”
– “Allons, répondez, vilain !”
– “Trop dangereux siñor”
– “?” “Comment ça trop dangereux ? Regardez, nous sommes seuls et tranquilles ici !”
– “Tranquilé, pour l’instant…. Seuls, yé né crois pas…”
– “Mais enfin, gueux, développez diantre !”
– “Même si yé né sé pas pourquoi yé dévrais développer siñor Diantre, yé vous dirais que nous n’avons pas l’habitude de nous yetter aux bras des caïmans, des piranhas et autres serpents aquatiques. On est pas des gringos en mal dé sensationés, nous.”
La vengeance est un plat qui se mange nu ici…
Mon sang ne fait qu’un tour, mon coeur en fait dix et mon corps se réfugie dare-dare dans notre navire de bois qui me semble à cet instant n’être plus qu’une embarcation de papier en proie aux mâchoires et venins des pires monstres de l’enfer.

Tout le monde remonte, grelottant (de froid cela va sans dire) et se sèche dans un silence de mort.

Nous repartons ensuite au lodge où nous attends un repas frugal, comme pour nous signifier que nous aussi nous aurions pu finir au dîner d’une bestiole affamée et assoiffée de sang. Enfin, vu sa masse frugale, j’aurais plus parié sur une Tia cuite aux petits oignons…

Bref. Ces aventures passionnantes passées, nous nous mettons au lit. Pendant que le soleil fait des bulles, la lune accompagne nos nuits de sa blanche douceur et calme nos esprits de ses rayons caressants.




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