Cuyabeno #1 : le départ pour l’Amazonie équatorienne

La lagune de Cuyabeno, Amazonie, Equateur - Trace ta Route, le blog de voyage

Le départ pour l’Amazonie et la lagune de Cuyabeno

Bon pour les novices et citadins endurcis, petit rappel sur l’Amazonie.

L’Amazonie c’est un truc avec plein d’arbres, les arbres c’est vert, ca porte plein d’insectes et les insectes c’est des animaux, comme vous et les caïmans qui vivent là-bas.

Sautons tout de suite du coq au vin et partons rejoindre sans plus attendre nos amis les bêtes.

Donc le lundi 5 août 2009 très exactement, l’on m’annonce au boulot : “Traïst (oui, ils connaissent ma double identité) tu te barres 4 jours à Couilles a Beno (clin d’oeil a Francois) dans un pire lodge (là j’ai peur…pourquoi pire ?)” !!!

Je saute de joie, j’embrasse la secrétaire de 70 ans sur ses joues tombantes (c’était bien ses joues au moins?), je fais un roulé-boulé au milieu du bureau et pars me jeter dans les plantes vertes pour commencer ma relation avec la nature belle et sauvage pleine d’engrais.

Donc vendredi je dois vite aller chercher mon “billeto aereo” chez Galasam (Tour Operator) et Tame avec un super discount de 75% !!

Une rencontre improbable

Bref, j’y vais.
Bonjour madame, Leeloo Wallace multipass ! (n’ayant pas la tenue adéquate j’ai opté pour des bretelles cachant délicatement mes tétons et un string Adam et Eve d’un gout certain), je voudrais retirer, s’il vous plait, mon billet grâce à votre aimable aide si peu intéressée.

– “Mais c’est bien sûr, désirez-vous en attendant un jus de fruit et un cigare ?” me demande-t-elle avec un air supérieur.
– “Non merci aimable caissière, j’ai arrêté les fruits pour des raisons de convictions personnelles. Mais je prendrais bien volontier un verre de coca….light par contre. Je surveille ma ligne, vous comprenez.”
– “Mais vous n’en avez pas le besoin mon cher Monsieur” (je sens dans l’air comme un vent d’ironie…)
– “Oui je sais ! tout le monde ne peut pas en dire autant !” dis-je en attendant son regard de bete furieuse. Là ! je l’ai vu.
(cette conversation, conduite en espagnol, à été précieusement traduite et censurée afin de ne pas heurter la sensibilité des caissières)

Bref. Mon billet en poche  je me mène par les pieds chez moi pour faire mon backpack.

Je vous passe les détails mais disons que l’attente fut longue jusqu’au lendemain midi posté devant mon réveil matin espérant à chaque minute qu’il s’excite. 10 heures plus tard il sonne. Déjà levé de la veille, je prends mon sac en 2/2 et fonce comme un dératé en dehors de ma chambre (tiens c’était une porte là ?).
2 minutes plus tard et 6km dans les pattes, j’arrive enfin à l’aéroport (putain va falloir qu’ils le rapprochent l’aeropuerto!)

Checking, attente.
Puis enfin appel !
Premier arrivé dans l’avion. Place 6D, pour une meilleure dimension (je pourrais bosser pour Sony tiens?!). Popotin posé, ok. Sac dans le truc pour le mettre, ok. Aile gauche, ok. Aile droite, ok. Hotesse, ok. Choco BN, ok. Bouteille de Dasani, ok c bon ! On y va ?
Là une voie venue d’un autre monde m’interpelle : “Por favor señor, se equivoca de avion! Eso es un bus!”
gnin ?!
Je me disais bien aussi que l’hotesse paraissait trop barbue pour être une vraie…Toujours faire confiance à son instinct !

Bon je change d’avion, je trouve ma place et m’installe.
“Por favor…” quoi encore ! c’est bien un avion, j’ai comparé avec mon plan technique bordel !
“La ventana es para mi”. ??? ah… la ventana…et ca te derange si je reste la ? “Si, reglas estan reglas”
“elle se fout de moi cette charmante dame ayant un tatouage nazi sur la nuque?”
Du coup, hors de moi je sors ma scie à métaux de ma chausette et commence à découper le contour de la vitre pour lui filer sa $·*# de ventana !
1/4 d’heure plus tard je m’apercois que tout le monde me fixe d’un air surpris en train de rogner le metal avec mon coupe-ongles. Grand moment de solitude.
“bon…ok…avec plaisir…”

Arrivée à Lago Agrio

Décollage. Atterissage. 30 minutes.

Arrivée à Lago Agrio, descente de l’avion, la chaleur envahit mes poumons. 29º, 90% d’humidité. Purée je vais me les cailler ^^

Là le guide, Lenny, nous attendait avec une fourgonnette.

Nous étions huit petits nouveaux, attendus au Siona Lodge, à Cuyabeno.

Deux familles équatoriennes. Une famille de trois et une famille de quatre dont trois (la maman et les deux enfants) habitent a L.A. (Los Angeles, pas Lago Agrio)

Donc nous montons dans la fourgonnette et c’est parti pour 2h30 de route, au début très bonne, puis carrément horrible sur les 2/3. Normal, rien de grave.

Pendant ces 2h30, nous n’avons fait que suivre un oléoduc, celui-ci longeant la highway équatorienne (ironique) tel un serpent suivant sa proie. Car il faut savoir qu’en amazonie, il y a du pétrole, et beaucoup. Du coup on ne lésine pas sur les moyens pour l’acheminer jusqu’à l’autre bout du pays, pour prendre ensuite la gentille direction de l’Amérique (tiens donc ?!).
Mais en attendant, les compagnies pétrolières ont gentiment bousillé une énorme partie de la forêt, pollué les rios et déplacé des peuples entiers. C’est un tel désastre que la réserve naturelle de Cuyabeno a du être déplacée vers l’ouest et le sud à coups de pieds au cul.

Pour ceux que les oléducs passionnent (je veux dire en parallèle des voyages) je vous conseille le très bon bouquin de Sylvain Tesson “Eloge de l’énergie vagabonde” paru chez Pocket, que vous pouvez acheter sur ce merveilleux site.

Mais revenons à mes aventures…

2h30 c long.

Au bout de ce long chemin nous attendait l’entrée de la réserve. Taxe de 20 dollars d’entrée.

Direction Cuyabeno

Et là, O joie ! Une pirogue était sagement installée en bordure de rio pour nous acheminer jusqu’au lodge.

– Esclave guide ! Combien de temps pour arriver au lodge ? lance-je d’un air amical et jovial.
– Dos horas siñor ! (ouhlala il a un accent, il est pas du coin c’est sûr).
– Aurons-nous droit à une collation lors de ce périple sur-aquatique ?
– No siñor, pas prévou…
– Et bien, vous devriez peut-être lire les manuels scolaires français du 20ème siècle ! Vous y apprendriez à bien accueillir les bonnes gens !

Bref, l’on nous installe nos coloniaux fessiers sur des petits bancs spécialement posés pour nous dans l’embarcation.

Ah ?! ‘Faut mettre des gilets ?! C’est des Ralph Lauren au moins ?!

Gilets enfilés, nous partons.

Amazonie

Moi qui m’imaginais déjà avancer à la sueur d’autochtones ramant comme des galériens romains, plein d’entrain, je fus bien surpris de voir que la pirogue était poussée par un moteur Yamaha made in China. Remarquez, il a sûrement été construit par des enfants, ca rassure au moins.

Bon, ca vous coupe vos rêves d’aventuriers mais au moins vous la sentez la vitesse !

Ah ! J’entends déjà vos interrogations ! “Nan mais dis donc le Traïst, et à la forêt de Brocéliande t’y vas en licorne aussi !…prrrr ah l’autre hé, quel baratineur ! ”

Pour votre gouvernail, sachez que la forêt amazonienne se constitue par endroits de zones extrêmement humides, inondées par l’afflux massif d’eau provenant des Andes. Du coup chers amis et empaffés, celle-ci n’est pratiquement praticable qu’en véhicules flottants !

Et elle est magnifique cette forêt.

Plein d’arbrus vegetalus, de nonhomini animalus (in Darwin I trust) et d’insectus enragus. J’arrête là pour les noms scientifiques, c’est les seuls que j’ai retenus. Ils sont bons ces guides naturalistes quand même !

Bref.

Ces 2 heures furent merveilleuses. La pirogue slalomait entre les branches flottantes, les branches pendantes, les oiseaux sifflaient et la verdure verdoyait : tout ceci me faisait l’effet d’une nymphe me dévoilant ses superbes jambes, j’en étais tout retourné.

Mes pupilles se dilataient intensément à la vue de ce temple vierge, tel un kamikaze découvrant ces pucelles allongées lascivement sur un nuage loué par un des monsieurs perchés (al)la-haut.

Mon coeur battait la chamade en respirant le parfum envoutant des filles de dame nature et mes yeux observaient à 100 à l’heure tout ce qui passait devant eux (moi pendant ce temps là je prenais des photos).

Ces 2 heures magiques, que je ne peux décrire sans les tuer tant les mots sont assassins, resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Je n’avais jamais ressenti cela. Si vous deviez voyager, optez pour l’Amazonie !

Enfin en attendant tu peux toujours …




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