Cet article est ma contribution à l’événement interblogueurs organisé par Jérémy du blog www.roadcalls.fr, dont le thème est « Mon premier voyage« . Si cet article vous plait, votez pour lui en allant sur la page du blog Roadcalls.
Ma première fois sur l’île de Marajo
Avant mon tour du monde, j’avais revu un pote français lors d’une crémaillère alpine et il m’avait dit qu’il était allé en vacances à Belem et en Amazonie brésilienne. Il m’a vite conseillé d’aller faire un tour sur l’île de Marajo lors de la partie brésilienne de mon périple autour du monde. Ce fut un très bon conseil.
Voici donc ce que j’ai écris lors de ma première fois sur l’île de Marajo.
A Marajo, le temps s’arrête
Marajo signifie “le bouclier de la mer” en dialecte local. Mais plus qu’une terre face à la mer, c’est une terre contre le temps.
Ici pas de montres, pas d’horloges normandes, pas de Swatch et autres FlickFlack. De toute façon, il serait tout à fait inutile d’en avoir tant personne ne sait exactement quelle heure il est , à une heure près.
Ici le temps n’a pas de valeur. On ne l’embrasse pas, on ne le regarde pas non plus, on ne lui court surtout pas après. Non, ici, on le laisse partir dans d’autres contrées où il servira vraiment, où il sera idolâtré.
Le temps, c’est le jour et la nuit. C’est le vent et la pluie. C’est l’amour et la vie.
On y croise des jeunes et des vieux dont on se demande comment il remplissent leur journée. Peut-être qu’eux aussi se demandent chaque matin ce qu’ils vont faire. Ou peut-être pas.
On les croise à vélo, en moto, à pied et même à dos de buffles. Ils passent, repassent, discutent, rient, attendent. Ou plutôt profitent d’avoir plein de temps.
A Marajo, l’oisiveté n’existe pas
Une journée à Marajo, c’est une journée à combattre la chaleur. Puis la pluie.
Dès le matin, le soleil même caché par d’imposants nuages gorgés d’eau, vous envoie ses rayons puissants et vous chauffe le corps comme s’il voulait le faire bouillir. Votre rythme ralentit. Votre démarche devient lente et nonchalante afin de ne pas dépenser trop d’énergie, ce qui aurait pour effet de vous chauffer encore plus. Un mouvement rapide est insensé, cela ne vous fera pas vivre plus vite mais vous fera vous arrêter à coup sûr. Plus la peine de bouger.
Vous adoptez alors le rythme local : vous fermez les yeux et profitez d’une sieste à l’ombre d’un arbre centenaire. Vous vous reposez de n’avoir rien fait.
Puis, lorsque la pluie vient, vous décidez qu’il vaut mieux rester sous cet arbre le temps que l’averse passe. Et puis les rues sont boueuses. Et vos vêtements propres. Et votre brushing vient d’être refait.
Oisiveté ? Sûrement pas ! Une simple adaptation au milieu naturel qui vous accueille, en bon animal que vous êtes.
Marajo, le royaume des animaux
Cette île immense, aussi grande que la Suisse, bordant l’atlantique des Caraïbes signe la fin de la grande Amazone et le début d’une aventure pour toute personne désirant s’enfoncer au cœur du poumon de la terre.
Les animaux y sont rois : ibis rouges, buffles, éperviers, perroquets, flamants, caïmans et rapaces vous y accueillent avec plus ou moins d’hostilité, et ce depuis des siècles.
L’homme, lui, survit. Un bout de terre, une buffle, une cahute pour seule richesse. Et Dieu.
A Marajo, Dieu est à 100%
Si les curés vous racontent que Dieu est partout, c’est sûrement parce qu’ils sont venus à Marajo.
Les “assembleias de Deus” poussent comme du chiendent, les bus arborent des “100% Jésus” à tout passager et les “São-trucmuches” poussent plus vite qu’une bande de lapins sous viagra. Le soir, les chants des fidèles couvrent les sons pourtant si beaux des oiseaux.
Si Dieu est au taquet ici, les fidèles suivent bien ses préceptes. Peu d’animosité sur cette île mais un sentiment de bienveillance constant parfois teinté de curiosité à la vue d’un gringo.
A Marajo, on a le temps de penser
A l’ombre d’un arbre, je me délecte de la vue splendide que m’offre la “Praia do Pesqueiro”. Je pense à la vie. Et j’écris. Je vous écris.
Je pense à ma mère se battant contre la maladie, conte j’espère le surmontable. Je me dis que notre plus grand danger est nous-même et que la vie se mérite à force de combats. Combats incessant pour la garder, combats sans relâche pour l’aimer.
Je pense à mes sœurs, si courageuses et combatives dont la faculté de s’oublier m’impressionnera toujours.
Je pense à mes amis, cette seconde famille, sans laquelle tout être devient bancal, incomplet. Je revois leur sourire et ressent leur chaleur.
Je pense à vous et me dit que tout le monde devrait pouvoir venir à Marajo une fois dans sa vie.
Je pense enfin à moi, homme ardent, dont le cœur ne bat que quand le corps se meut. Sauf à Marajo.
Et j’aime ça.
Ma dernière pensée à Marajo
Si je n’avais droit qu’à un seul désir, je voudrais que la vie soit, à jamais et pour tous, comme ma première fois à Marajo. Sans heures, sans heurts, plein de visages amis, d’animaux et de pensées.
Bon, par contre, Dieu, je veux bien m’en passer.
Un pote français lors d’une crémaillère alpine… 😉
Marajo te rend lyrique Tristan et ca te va plutôt bien. 🙂