RANDONNER EN HIVER : conseils et astuces

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En hiver, si la randonnée en raquettes ou à pied ne diffère pas fondamentalement de la version estivale, il n’en demeure pas moins qu’elle a ses particularités thermiques et topographiques. Je vous propose quelques conseils et astuces pour se parer du froid ainsi que sur le matériel spécifique nécessaire à l’activité.

 

S’habiller contre le froid

Le haut

Le défi dans les pratiques sportives hivernales est de réussir à gérer la chaleur et l’humidité, engendrées par l’effort physique, et le froid dû aux conditions climatiques extérieures. Selon le moment de la journée, l’inclinaison de la pente, que l’on soit en forêt ou en prairie, exposé au soleil, au vent… on peut constamment être en train d’enlever une couche puis la remettre, monter et descendre un zip… Pour être paré à cela, je vous conseille la fameuse “règle des 3 couches”.

1ère couche respirante : celle-ci n’a d’autre fonction que d’évacuer vers l’extérieur l’humidité produite par votre corps. Les tissus synthétiques font ça très bien mais ils puent ! Je suis un grand adepte de la laine mérinos qui est thermorégulante et anti-odorante. Si je sais que je vais devoir fournir un effort physique intense (et donc beaucoup transpirer), je préfère mon mon t-shirt à manches longues X-Bionic (ci-contre) : il est remarquable en terme de régulation de la transpiration et de la chaleur ainsi que de limitation des odeurs (porté plusieurs jours en alpinisme). Au début, j’ai un peu eu l’impression de le porter trop petit et en ayant oublié d’enlever le cintre mais on s’habitue vite au système de compression. Dans tous les cas, évitez le bon vieux t-shirt en coton ! Une fois trempé, il n’évacue plus la chaleur et l’humidité et c’est le coup de froid assuré dès que la température baissera (vent, arrêt d’activité…). Si vous voulez être top confort, prenez une 2e première couche à enfiler au sommet si vous avez trop sué à la montée.

2e couche thermique : c’est elle qui va assurer la chaleur autour de votre corps et c’est donc elle qui est le plus difficile à anticiper. Par expérience et connaissance de soi, on finit par savoir laquelle nous convient le mieux pour tel type de conditions. D’ailleurs, au printemps, certains l’enlèvent carrément (petit conseil pour pas avoir à s’arrêter au bout de 5 minutes : toujours partir en ayant un peu froid parce que vous allez très vite vous réchauffer !). Perso, je prends une micro-polaire technostrech, légère et respirante, ou bien une veste polaire en laine mérinos, chaude et thermorégulante. Autre solution, le traditionnel pull en laine, naturellement thermorégulant et respirable ainsi que plus éco-responsable que des matières industrielles non recyclables. Ainsi, j’ai eu un coup de cœur pour le chaud (et doux !) pull Fjällräven Lada (marque éthique) avec son allure de Brad Pitt dans 7 ans au Tibet. En plus, j’emporte toujours une petite doudoune ou une polaire dans le fond de mon sac. Elle est toujours utile lors de longs arrêts, au sommet par exemple ou lors des casse-croûte (qui n’est pas nécessairement en haut). On a vite fait de se refroidir sinon !

3e couche isolante : là, on parle de votre deuxième peau protectrice, celle qui vous protège contre les vents (et marées ?). Une veste hardshell (membrane type gore-tex) sera votre meilleure alliée. Elle doit être imperméable (ou du moins déperlante) et respirante (minimum 20.000 mm et de préférence avec de grandes ouvertures zippées sous les bras). On ne la porte pas nécessairement à la montée sauf s’il y a du vent ou pour favoriser l’isolation thermique s’il fait vraiment froid (ex : le matin à l’ombre). Toutefois, elle sera très utile au sommet venteux.

➜ Retrouvez tous nos tests de matériel

Par grand froid, au cœur de l’hiver, aux grands maux, les grands remèdes ! Selon l’effort que j’aurai à fournir et la température ressentie, je m’emmitoufle dans ma grosse doudoune ou, s’il s’agit d’une randonnée moins physique, ma parka Fjällräven doublée en laine. Là, je suis pafaitement au chaud, pouvant résister à des températures nettement négatives. Mais pour être précis, la plupart du temps, je prends ma Haglöfs L.I.M ZT (ci-dessous) qui a un rapport chaleur/poids/compressibilité exceptionnel !

Astuce : Au fil des saisons, en plus de s’user, se salir, les membranes perdent en imperméabilité. Pour entretenir ses vestes Gore-Tex et autres textiles en nylon/synthétique, on peut les nettoyer et imperméabiliser avec les produits spécifiques Nikwax (recommandés par de nombreuses marques). Dans la gamme, il y a également des produits pour laver les doudounes et duvets permettant aussi de renforcer le traitement hydrophobe des plumes. Les vêtements outdoor étant, il faut l’avouer, onéreux, il peut être plus que bien vu d’en prolonger la durée de vie !

Le bas

le pantalon : comme pour la troisième couche du haut, il doit être respirant et isolant. Mon choix dépend des conditions météorologiques : en plein hiver venteux et/ou humide, je porte un pantalon gore-tex qui m’isolera efficacement (d’autant plus si j’ai une irrésistible envie de plonger dans l’or blanc). En cas de grand froid et/ou de sortie peu dynamique, j’enfile également un collant thermique en-dessous pour garantir la chaleur sur les cuisses. Quand les conditions sont plus clémentes, je prends un pantalon softshell, stretch et plus respirant.

les guêtres ? Si la couche de neige est épaisse et recouvre les raquettes, pour ne pas qu’elle s’infiltre par la cheville et trempe chaussettes et pieds. A utiliser également si votre pantalon n’est pas imperméable ou même déperlant.

les chaussures : prendre des chaussures de randonnée imperméables et avec une tige haute (pour maintenir la cheville et éviter que la neige ne rentre dedans. Comme c’est par les pieds qui viendra le froid (semelles au contact avec le sol enneigé, même si légèrement mises à distance par les raquettes), mettre une paire de chaussettes bien chaudes, type chaussettes pour le ski de randonnée. Sinon, pour les plus frileux de l’orteil, regardez du côté des chaussures après-ski, un peu moins souples pour la marche mais plus chaudes.

mon pantalon Helly Hansen Odin 9 Worlds Infinity

mon pantalon Gore-Tex Norrøna Falketind

Les accessoires

Se protéger du froid :
un bonnet, évidemment, ou un cache-oreilles, un bandeau, c’est selon. Adepte de la cagoule ? Faites-vous plaisir !
un tour de cou hyper-léger et très polyvalent, cet objet magique est très pratique pour se protéger la gorge du froid ou l’utiliser en bandeau.
une paire de gants, fins pour quand on est en action. Ils ont l’avantage d’être respirants et on garde une certaine dextérité. En revanche, il sera également nécessaire d’avoir une paire de gants plus épais si l’on prévoit des moments statiques. Après, en dernier recours ou ceux sujet au syndrome de Raynaud, on peut utiliser des chaufferettes. On les “casse” et place sur la zone que l’on veut (chaussettes, maillot, gants…). La réaction chimique produit de la chaleur pendant plusieurs minutes à quelques heures selon les modèles. Selon le même principe, il existe également des batteries (rechargeables). Mais le plus efficace, ce sont les gants chauffants : j’ai testé les moufles, très confortables, de la marque G-Heat qui diffusent remarquablement efficacement la chaleur jusqu’au bout des doigts (approuvés et adoptés par une personne de mon entourage qui a justement la maladie de Raynaud). Sinon, si vraiment, il y a carrément les vêtements chauffants.

Se protéger du soleil :
la crème solaire parce que, avec la réverbération sur la neige, les rayons UV font cuire façon four solaire. Idem pour le stick à lèvres.
■ dans le même esprit, ne pas oublier casquette et paire de lunettes de soleil ! J’ai des verres polarisants qui s’adaptent à la luminosité (2 à 4) : un régal pour renforcer les contrastes, notamment par temps légèrement brumeux.

Un smartphone avec des applis GPS : en hiver, la météo peut vite changer (en été aussi me direz-vous). Pris dans les nuages, avec la neige recouvrant le sol où l’on ne distingue pas les reliefs, ni même la séparation terre/ciel, on peut totalement se perdre dans ce jour blanc sans repères visuels. Alors, une appli GPS dans son smartphone peut s’avérer tout à fait providentielle pour savoir se situer et s’orienter.

Une lampe frontale : en cette période de l’année, les jours sont courts et la nuit tombe très rapidement. On peut alors vite se retrouver à finir dans le noir (ça m’est déjà arrivé plusieurs fois, voulant profiter des dernières couleurs).

Vous pouvez retrouver tous nos conseils et check-lists dans notre Carnet Montagne pour la Randonnée

Le matériel pour randonner en hiver

Marcher sur la neige

Nous voilà au cœur de l’activité maintenant. Et lorsque la couche de neige est épaisse et la poudreuse encore fraiche, il va être nécessaire de randonner avec des raquettes aux pieds (et des bâtons avec rondelles pour s’aider). Lorsque la température monte au fil de la journée et que la neige se transforme en soupe, cet équipement sera également très apprécié. Dans tous les cas, la surface de portance de votre poids est alors augmentée en longueur et largeur, évitant ainsi de s’enfoncer (et s’épuiser). Opter pour les modèles avec une vraie fixation (sangles ou crémaillère, c’est au choix) plutôt que celles d’entrée de gamme avec un élastique au talon. En effet, la chaussure a besoin d’être efficacement maintenue au tamis sinon vous allez “nager” ou déraper et ce sera une vraie galère (notamment dans les pentes, même débonnaires) ! La cale arrière sera un atout intéressant lors des montées un peu plus raides. ➜ voir les différents modèles de raquettes

Après, selon l’état de la neige, on peut faire sans raquettes aux pieds. En effet, si elle est bien compacte (parce que l’itinéraire est très fréquenté ou a été tracé), pas ramollie façon “soupasse” par le soleil, on peut imaginer marcher dessus avec de simples chaussures de randonnée. Cependant, il pourra être bon d’avoir des des guêtres. Aussi, plus léger et moins encombrant que les raquettes, il existe des petits crampons de randonnée qui se fixent très facilement sur la chaussure et qui permettent d’adhérer sur une couche de neige fine ou gelée.

Le kit sécurité ?

En randonnée en raquettes ou à pied, on a souvent tendance à oublier la question des avalanches puisqu’on n’est pas en ski… Sauf que la neige ne choisit pas ses coulées en fonction des pratiquants ! Il faudra donc bien préparer sa randonnée et étudier l’itinéraire pour observer les pentes que l’on va emprunter mais également celles au-dessus ! Comme dans le meilleur des cas, l’hélicoptère n’arrivera pas avant 20-30 minutes, vous êtes les premiers secouristes sur place (une victime perd 80% de chances de survie après 15 minutes : asphyxie + hypothermie). Ainsi, le sacro-saint triptyque DVA-Pelle-Sonde sera alors votre seul outil pour tenter de sortir en vie les personnes ou d’être vous-même sorti. Le marché propose des kits standards à des prix plus accessibles. On peut également choisir chaque objet précisément pour ses caractéristiques.

le DVA : anciennement appelé “Arva” du nom de la marque, le Détecteur de Victime d’Avalanche est cet instrument qui émet ou reçoit un signal permettant d’être localisé et de localiser une ou plusieurs personnes ensevelies sous la neige. En mode recherche, le cadran indique une distance et une direction. Finir la recherche en croix. De préférence, emportez-en un dont vous connaissez très bien l’utilisation. Ne soyez pas avare sur le prix, il s’agit de sauver des vies (et peut-être la vôtre !). Choisissez-en un neuf et numérique (plus efficace que les anciens analogiques) et entrainez-vous en suivant les instructions de l’ANENA). Changez les piles à moins de 80 % pour être sûr qu’il fonctionnera dans le froid. Parmi les grandes marques de DVA, on retrouve Arva, Ortovox, Mammut. J’ai choisi le Barryvox pour la grande largeur de bande de recherche (70 mètres).

la sonde : après avoir localisé grossièrement la victime au dva, cette perche télescopique permet de “tâter le terrain” pour savoir précisément où elle est. Pour cela, on sonde en spirale “en forme d’escargot”. Prenez une taille d’au minimum 240 cm, avec un système de fixation simple et efficace. Gardez les gants durant l’utilisation pour ne pas donner de mauvaises indications olfactives aux chiens secouristes.

la pelle : elle sert à dégager la neige pour sortir la victime. Le pelletage se fait à l’horizontale du corps pour pouvoir le glisser délicatement (au lieu de tirer par le haut et ainsi aggraver les blessures potentielles). Si on est plusieurs, on se positionne en forme de V pour être plus efficace. Préférez un modèle avec un godet en aluminium plutôt qu’en plastique (plus léger mais plus fragile) et avec un manche ovale plutôt que rond (plus pratique à emboiter dans l’urgence). Pour ma part, j’ai opté pour un modèle Ortovox avec un double positionnement possible du godet sur le manche, pelle classique ou pioche.

 

Dans le sac à dos

Combien de fois ne s’est-on pas dit “Mince, c’est ça que j’aurais dû prendre !” ? Sauf que, il aurait fallu y penser avant… Bien préparer sa randonnée commence par bien préparer son sac et son contenu (la veille de préférence). Le contenu du sac à dos de randonnée en hiver est globalement le même qu’en été (j’ai déjà tout détaillé dans cet article). Toutefois, en plus, j’y place toujours un vêtement chaud supplémentaire au cas où (une polaire ou une doudoune, ça dépend). Pour se revigorer lors des pauses, il y a également ma gourde isotherme qui maintient mon thé chaud pendant des heures !

➜ Retrouvez tous nos tests de sac à dos

Du fait de la nécessaire résistance au froid et du sol meuble, la randonnée en hiver, en raquettes ou à pied, est une activité plus énergivore qu’en été. Il est donc nécessaire de compenser par des petits apports réguliers qu’on va grignoter au cours de la montée : barres céréalières, graines, fruits secs… Au sommet, en plus du paysage, un casse-croute classique apportera la récompense de l’effort fourni. Concernant la quantité d’eau à prendre, c’est très variable selon les personnes. Néanmoins, pour sûr, on boit beaucoup moins qu’au mois d’août (à tort sans doute puisque le froid inhibe la sensation de froid et la descente est… plus rapide !). Grosso modo, je compte 1,5L par 1000 mètres de dénivelé.

Attention à la faune

En montagne, nous nous baladons sur des lieux de vie, des espaces où se nourrissent, se reposent, se reproduisent, se déplacent, nichent etc… toute une foultitude d’animaux sauvages tentant de survivre. Évidemment, comme tout un chacun, il m’est moi aussi arrivé de vouloir m’en approcher au plus près pour les observer mais j’ai appris à ne plus le faire et pourquoi : le stress occasionné par notre simple présence a un impact sur leur mode de vie et peut engendrer des conséquences néfastes par la suite (lire l’article de Science et Avenir sur le cas précis des marmottes). À savoir que celles-ci sont d’autant plus graves en hiver, quand les conditions de survie sont beaucoup plus hostiles et le moindre effort est énergivore (cf : les explications et recommandations du Parc National des Écrins et du Parc des Bauges). Plus d’informations sur le site de Be part of the Mountain, organisation qui sensibilise à la prise de conscience de notre influence lors des pratiques en montagne (ski hors-piste, randonnée en raquettes…).

 

Carnet de Randonnée en Montagne (Auteur : L'Oeil d'Édouard / Éditions Les Dirtbags) mountain hiking book hike trek trekking





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