Traversée des Pyrénées à vélo, de l’Atlantique à la Méditerranée

Traversée des Pyrénées à vélo en 6 jours - Cyclisme vélo de route Col de Pailhères Ariège Occitanie France - Paysage Montagne Outdoor Mountain Landscape road bike Cyclism biking

Un périple escarpé et grandiose, tout en nuances de vert, un challenge sportif et un grand classique du voyage à vélo pour en prendre plein les mirettes.. La Traversée des Pyrénées est un concentré de beauté, de sauvagerie et de difficulté. Une route entre deux mers franchissant les plus grands cols du massif : le Tourmalet bien sûr, mais aussi l’Aubisque, l’Aspin, Marie Blanque ou encore Peyresourde. C’est parti !

 

Départ : Hendaye (Pyrénées-Atlantiques)
Arrivée : Collioure (Pyrénées Orientales)

Itinéraire : Trace GPS

Difficulté : ★★★★★
très exigeant

Distance cumulée : 785 km
Dénivelé : + 18 000 m

Intérêt : ♥♥♥♥
splendide

Route : ✔︎✔︎✔︎✔︎
très bonne avec pas trop de trafic

Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez nos conseils pratiques 🚴‍♂️

Les Pyrénées à vélo, de Hendaye à Collioure

L’idée est magnifique de simplicité : relier deux mers en traversant un massif montagneux. Départ d’un côté, d’une côte, atlantique ou méditerranéenne, et rejoindre l’autre côté, l’autre côte, avec une palanquée de côtes et cols entre les deux. La logique est simple et belle ; le périple s’annonce lui beau mais ardu. Avec environ 800 km et 18 000 m de dénivelé positif au programme, autant dire que cette traversée des Pyrénées à vélo n’est pas qu’une partie de plaisir mais un vrai challenge, réalisé ici en mode bikepacking , en autonomie complète, avec un vélo type gravel, confortable et avec des braquets très souples (30×32 au plus petit pour les connaisseurs).

prêt pour le départ sur la côte Atlantique © Fab__Rides 📷

Les agences spécialisées en voyage à vélo prévoient souvent 8 jours pour rejoindre Collioure à Saint-Jean-de-Luz, avec transport des bagages et nuit en hôtel, et des variantes en fonction du niveau de chacun. Je vous propose ici une traversée des Pyrénées à vélo en six jours mais l’important est évidemment d’adapter les étapes en fonction de votre niveau, de votre entraînement, de votre monture et de votre chargement (autonomie complète ou voiture suiveuse, bivouac ou hôtel, VTC robuste et grosses sacoches ou flèche carbone et sacs de bikepacking voire vélo de route électrique). Attention surtout au dénivelé qui est assez impressionnant et ajoute bien sûr à la difficulté, notamment quand on trimballe sa maison dans ses sacoches. Pensez aussi au risque d’intempéries, même en plein été ; les Pyrénées sont vertes, et on sait vite pourquoi !

L’itinéraire de l’Atlantique à la Méditerranée (plutôt que l’inverse) a été choisi pour des raisons toutes personnelles : j’avais un point de chute au bord de la Grande Bleue, ce qui me permettait d’être plus flexible sur le nombre de jours de voyage qu’il me faudrait.

la Grande Bleue, fin du voyage

Se rendre au point de départ ?

Rien de mieux que le train pour se rendre au départ de cette traversée des Pyrénées à vélo. Que ce soit d’Hendaye sur la côte Atlantique ou d’un des points de départ sur la côte méditerranéenne (Collioure, Banyuls, Cerbère…), tous ces villages sont desservis par le train. Il sera donc possible de se rendre au point A via le rail et repartir du point B par le même moyen de transport, ou de laisser sa voiture au départ ou à l’arrivée et de faire l’aller ou le retour en train, vous suivez ? Bref, c’est après un premier voyage, en train, que je me retrouve à Hendaye, sur la côte basque. Une dernière nuit tout confort à l’hôtel avant de s’échapper sur les routes pyrénéennes.

Réveil à 6h30. Petit-déjeuner. Rangement en mode Tetris dans les sacoches. Installation des bagages sur la mule. Et c’est parti ! A l’assaut des quelques 800 bornes qui séparent l’Atlantique de la Grande Bleue, et surtout un peu plus de 18 000 mètres de dénivelé+. Et des légendes à gravir : le col du Tourmalet en fer de lance ; suivi de son prestigieux cortège, Aubisque, Aspin, Marie-Blanque, Peyresourde, Portet-d’Aspet ; flanqué de cols moins connus mais tout aussi hardis, Pailhères, Bagargi, Menté, Agnes, Soudet, Latrape… Un tracé en dents de scie qui a de quoi faire frémir les mollets les plus vaillants.

Jour 1 : Hendaye ➜ Saint-Engrâce

cols : Saint-Ignace, Bagargi

dénivelé : +3000 m cumulés

distance : 140 km

Cette première journée sillonne le Pays-Basque avant de s’attaquer au premier contrefort pyrénéen, avec comme plat principal la grimpée au col de Bagargi. Un seul grand col pour cette première étape, mais ne vous y trompez pas, l’affaire ne sera pas de tout repos avec pas loin de 3000 mètres de dénivelé positif à se coltiner.

Le début d’étape est casse-pattes à souhait, avec de courtes grimpées très raides suivies de descentes abruptes. C’est simple, il n’y a pas un mètre de plat sur les premiers kilomètres. Le genre de profil sur lequel il faut faire profil bas en voyage à vélo, quand la route est longue et qu’on repart le lendemain. Penser souplesse, économie, et profiter des sons, des odeurs, des vues alentours, sur les vertes montagnes du Pays-Basque. On se souviendra du col de Saint-Ignace, assez court et surtout très roulant, comme étant le premier d’une longue série, un amuse-bouche, un ersatz de ce qui vous attend plus loin.

paysage verdoyant… et souvent humide

Mon conseil : faites les petits détours (et les efforts qui vont avec) pour admirer les petits bourgs pittoresques qui s’égrènent au fil des kilomètres : Ascain, Sare, Ainhoa, Espelette. Les côtes abruptes et les charmants villages rythment ce début de périple où vous n’aurez aucun problème pour trouver de quoi vous restaurez. Un gâteau basque aux cerises passe très bien lors d’une longue journée de vélo !

Passé Espelette, la route se réduit, se rend plus bucolique, plus tortueuse et aussi plus pentue. Notamment entre Bidarray et Saint-Etienne-de-Baïgorry. Ensuite, arrive Saint-Jean-Pied-de-Port, une cité magnifique mais très touristique. A la belle saison, on ne compte plus les restaurants dans le centre médiéval de la bourgade. Si vous ne transportez pas votre déjeuner avec vous, sachez qu’il s’agit du dernier village où vous pourrez vous restaurer ou acheter quelques provisions… et mieux avoir des forces pour aborder la fin d’étape.

les magnifiques villages basques

Devant vous se dresse le col de Bagargi, par Estérançuby (D301, 1600 m D+) ou par Saint-Sauveur (D18, 1400 m D+). J’ai opté pour Estérançuby pour une route plus tranquille. Je n’ai pas été déçu ! Le contraste est assez saisissant entre le tumulte touristique de Saint-Jean-Pied-de-Port et le calme sauvage des montagnes environnantes.

Par cette route, vous franchirez en fait le terrible col d’Atharburu, avec des passages flirtant avec les 20 %, avant de continuer par une route en toboggan, enchaînant montées et descentes, pour finir par le col de Bagargi à proprement parler et ses six kilomètres roulants. La vue est saisissante depuis la route du col d’Atharburu. Un entrelacs de montagnes arrondies, herbeuses, ourlées de forêts verdoyantes et d’où affleurent quelques roches grises. Des sommets battus par les vents qui s’étendent à perte de vue. Et pour seuls compagnons : les vautours fauves qui planent au-dessus de votre casque. Magique.

le col d’Atharburu, sauvage

Depuis le col de Bagargi, il n’y a plus qu’à se laisser glisser jusqu’à Larrau, petit bourg avec pour seul commerce l’épicerie du camping qui peut aussi s’avérer être un lieu intéressant pour boucler la première étape (125 km / 3000 m D+). Deux kilomètres plus bas se trouve aussi l’auberge Logibar, qui fait le plein de randonneurs puisque située sur le GR10 (réservation donc conseillée!). Enfin, vous pouvez pousser encore plus loin, jusqu’au camping Ibarra de Saint-Engrâce, sur les premières pentes du col du Soudet, où je me suis arrêté. Le camping est tout simple, très calme, en bord de rivière et vous pourrez profiter d’une douche chaude et des viennoiseries au petit matin. Que demander de plus ?

le petit village de Larrau

Jour 2 : Saint-Engrâce ➜ Luz-Saint-Sauveur

cols : Soudet, Ichère, Marie-Blanque, Aubisque

dénivelé : +4200 m cumulés

distance : 146 km

Une deuxième journée monumentale au programme avec plus de 4000 m de D+ en 146 km « seulement » et les premiers grands noms des Pyrénées, Marie Blanque et l’Aubisque. L’enchaînement est redoutable, avec très peu de plat entre les cols. L’étape débute par le col du Soudet, entamé sans échauffement ou presque selon votre lieu d’hébergement. Avec ses 10 km pour 900 m de dénivelé, le col du Soudet n’est pas une mince affaire, surtout si vous ajoutez à cela les 10 bornes de faux-plat montant permettant de rejoindre Saint-Engrâce, où le col débute officiellement. Vous avez bien calculé, cela fait près de 20 kilomètres de grimpette avec des pourcentages bien costauds en fin d’ascension.

percer le brouillard, attention aux spectateurs !

La vue est sans doute magnifique au sommet… si vous avez la chance de ne pas être emmitouflé d’un nuage gris et humide. Je me contente d’enfiler une veste et des gants longs et de glisser dans la descente. N’oubliez pas des affaires de mi-saison, voire hivernale, même en été, vous êtes ici en haute montagne et on ne s’est jamais quel temps on peut avoir à ces altitudes.

merci pour les félicitations !

Après une longue descente sur une toute petite route, étroite et cahoteuse, qui s’enfonce dans une forêt profonde, vous arrivez à Lourdios-Ichère, un tout petit bourg connu pour être le village de Jean Lassalle, député à l’accent mémorable de 2002 à 2022.

L’itinéraire enchaîne avec les quatre kilomètres et 300 mètres de dénivelé du col d’Ichère, une broutille comparée aux autres cols de la traversée des Pyrénées à vélo, mais une petite grimpée agréable, au cœur d’un vallon rural et reposant, qui permet de rejoindre la vallée du gave d’Aspe. Après une jolie descente, le tracé rejoint l’unique route de la vallée… une horrible nationale avec pas mal de trafic. Aucune échappatoire, il faut se coltiner les quelques cinq kilomètres sur cet axe passant avant de s’échapper par Escot et… le fameux col de Marie-Blanque.

vert et humide © Fab__Rides 📷

Les montagnes russes géantes continuent donc avec ce terrible col qui affiche 11 % de moyenne sur les quatre derniers kilomètres ! Les cinq premières bornes sont à l’inverse très roulantes, ensuite : un long chemin de croix sans un lacet pour venir adoucir la pente, sans un semblant de replat pour pouvoir reposer les muscles un instant. Difficile de ne pas zigzaguer sur la chaussée pour venir à bout de ces quatre milles mètres in-ter-mi-nables. L’arrivée au col sonne comme une victoire !

L’étape se poursuit jusqu’au petit village de Bielle après 13 bornes de descente. Si vous passez par ce village aux alentours de la pause déjeuner, arrêtez-vous ici, ou plus exactement au restaurant de La Petite Faim. Tenu par des Belges adorables et amateurs de cyclisme ! Une adresse à ne pas rater.

Marie Blanque, terre de vélo mais vrai calvaire

De Bielle, l’itinéraire rejoint Laruns par la vallée d’Ossau et quelques kilomètres de plat qu’il faut savoir savourer car peu nombreux sur cette étape. Enfin, cette deuxième journée se termine par l’ascension d’un col mythique des Pyrénées : le col d’Aubisque. Les mensurations commencent à faire peur, 17 kilomètres de long et 1200 mètres de dénivelé à avaler. La gestion de l’effort est primordiale sur ces cols très longs. La pente aide justement à réguler son effort puisque qu’elle est très régulière, oscillant entre 6 et 8 % pour la majeure partie du col, avec quelques passages plus ardus néanmoins. Avec le chargement et en mode économie propre au voyage, il faut compter pas loin de deux heures pour venir à bout de l’Aubisque. Une belle bavante.

La récompense sera le splendide panorama au sommet et la magnifique descente à flanc de falaise… si toutes ces superbes vues ne sont pas bouchées par un épais brouillard. Le jour de mon ascension, à défaut de paysages, ma récompense sera une crêpe et un soda dégustés au chalet situé au sommet.

l’Aubisque dantesque et dans le brouillard

En plus du coupe-vent et des gants longs, j’ai cette fois enfilé les genouillères et une veste mi-saison pour la descente, mais un collant long ou des jambières n’auraient pas été de trop. On quitte alors la région Nouvelle-Aquitaine pour basculer en Occitanie et la route plonge sur Argelès-Gazost. Et quelle descente ! 28 kilomètres ! Juste entrecoupée de deux petites kilomètres permettant de rejoindre le col du Soulor. Près de trente bornes pour dégourdir les jambes et reposer les muscles endoloris.

À Argelès-Gazost, situé au Sud de Lourdes, 17 kilomètres peu agréables vous séparent encore de Luz-Saint-Sauveur, bourgade sise au pied du géant des Pyrénées : le col du Tourmalet. A vous de décider si vous souhaitez pédaler ces kilomètres en guise d’échauffement le lendemain matin ou pousser un peu plus loin le soir même. Les deux cités offrent de nombreuses possibilités d’hébergements, notamment Luz qui est très touristique puisque proche du célèbre et splendide cirque de Gavarnie. Les réservations sont par contre hautement recommandées à la belle saison.

Jour 3 : Luz-Saint-Sauveur ➜ Bagnères-de-Luchon

cols : Tourmalet, Aspin, Peyresourde

dénivelé : +3000 m cumulés

distance : 100 km

ASCENSION DU TOURMALET

LE mythe. Le col emblématique des Pyrénées (qui ne se fait pas en aller-retour). Le plus haut col routier du massif (2115 m). Le point culminant de cette traversée à vélo, gravi 84 fois par les coureurs du Tour de France (en 2022). 19 kilomètres d’ascension depuis Luz-Saint-Sauveur et près de 1400 mètres de dénivelé positif. Un beau morceau qu’il faut attaquer avec humilité et en gérant bien son effort. Le Tourmalet mérite sa réputation. Les vues, notamment sur les hauteurs du col, sont splendides. Par chance, je perce la couverture nuageuse le jour de mon passage. S’étale alors dans la vallée une mer de nuage magique qui sublime les sommets dans le lointain.

carte postale du Tourmalet

Le Tourmalet est long, mais jamais trop pentu et se laisse donc dompter si on prend son temps et qu’on ne cherche pas à « faire un temps ». Je profite. Les dernières bornes sont somptueuses, les lacets s’empilent les uns sur les autres tandis que la pente se raidit sur le tout dernier kilomètre, histoire de corser un peu l’affaire. Me voilà au sommet de la légende. Un bonheur simple m’envahit. La journée commence bien.

mer de nuages

Une très longue descente permet de rejoindre Saint-Marie-de-Campan, autre lieu mythique des Pyrénées pour les cyclistes, là où Eugène Christophe avait réparé sa fourche lors du Tour 1913. Une autre époque. Mais, comme en 1913, l’étape se poursuit par les cols d’Aspin et de Peyresourde. Des montées plus faciles que celle du Tourmalet, moins longues et moins pentues.

La route file à travers un paysage bucolique, au cœur de jolis vallons et de prairies bordées de forêts verdoyantes. Des petits torrents gazouillent en dévalant les pentes des montagnes alentours. Un petit stand installé au niveau du col d’Aspin permet de se ravitailler avant d’attaquer une descente somptueuse. La route semble avoir été refaite il n’y a pas très longtemps, et la langue de bitume noir ébène dévale la pente en de magnifiques courbes divinement proportionnées.

le col d’Aspin, bucolique

Arreau, au pied de la descente, est un spot idéal pour la pause casse-croûte. Le petit village est charmant et dispose de plusieurs restaurants et boulangeries permettant de se sustenter avant d’entamer le col de Peyresourde. Versant Loudenvielle, le col est constitué de deux grands lacets puis d’une longue courbe à flanc de montagne. La pente est assez régulière jusqu’au dernier kilomètre qui est plus raide, de quoi donner du fil à retordre à ceux partis trop vite. Le col est enfin là, à 1568 m d’altitude. Le dernier du jour. Il ne vous reste plus qu’à laisser filer jusqu’à Bagnères-de-Luchon et faire étape dans la petite ville (nombreux hôtels, gîtes, campings) ou prolonger la journée d’une quinzaine de kilomètres dans la vallée et rejoindre Cierp où se trouve un camping et plusieurs gîtes.

L’étape est plus courte que les autres, mais en à peine cent kilomètres, vous aurez avalé environ 3000 m de dénivelé positif, ce qui est déjà pas mal. Surtout, pousser plus loin veut dire enquiller les cols de Menté et du Portet d’Aspet sans trop de possibilités d’hébergement, excepté l’auberge de la Soulan au col de Menté ou quelques gîtes dans les villages après le Portet d’Aspet. Les deux cols ajoutent 1200 m de dénivelé positif pour 25 à 30 kilomètres en fonction d’où vous vous arrêtez.

descente du col de Peyresourde

Jour 4 : Bagnères-de-Luchon ➜ Aulus-les-Bains

cols : Menté, Portet-d’Aspet, la Core, Latrape

dénivelé : +3000 m cumulés

distance : 118 km

Quatrième jour. La fatigue se fait sentir, notamment si vous dormez en tente sur un petit matelas gonflable. Mais le corps a pris son rythme. Les jambes tournent un peu carré en début de journée puis, après quelques kilomètres, les muscles sont chauds et le pédalage est déjà plus souple. Là, je vous parle de mes expériences passées, car lors de cette traversée des Pyrénées à vélo, cela s’est déroulé un peu différemment…

Lors de cette étape, vous délaissez derrière vous les grands cols pyrénéens, les hautes montagnes du massif et les bien-nommées Hautes-Pyrénées. Ici, tout est plus bas mais aussi plus vert, plus boisé ; les cols plutôt plus courts, mais pas moins raides, bien au contraire ! L’enchaînement col de Menté / col du Portet d’Aspet est assez redoutable et mettra déjà votre physique à rude épreuve. Ces deux grimpées flirtent avec les 9 % de pente moyenne ! Le premier est plus long, approchant les 10 bornes, mais le second est plus raide, avec des passages dépassant les 15 %, le tout sous une épaisse canopée dont on ne perçoit pas grand-chose.

départ au lever du soleil

Autant dire qu’arrivé au col du Portet d’Aspet, la moyenne horaire est ridiculement basse. La descente versant Est offre de plus jolies vues sur la vallée. La route est très tranquille et continue en faux-plat descendant après le charmant hameau de Saint-Lary-Soulan. L’occasion de dérouler et d’enquiller un peu les kilomètres après deux longues ascensions.

col de Menté, jolie vue à 500 m du sommet, belle descente et remontée au Portet d’Aspet

L’itinéraire suit les rivières de la Bouigane, puis du Lez, sur quelques kilomètres, avant de bifurquer dans la très sauvage vallée de Bethmale que l’on remonte petit à petit en direction du col de La Core, d’abord par une pente douce, puis un peu plus raide, sans jamais être redoutable. La vallée est charmante, très ouverte avec de jolies vues sur les montagnes. Peu avant le col, la route forme un grand arc de cercle suivant les contreforts d’un joli cirque débordant de verdure.

Du col, d’où la vue est encore superbe, la route plonge sur Seix (prononcer « sexe », ça ne s’invente pas), un village pittoresque idéal pour la pause déjeuner… notamment car il n’y a que très peu de restaurants ou même de boulangeries avant ! Prévoyez donc de partir assez tôt le matin pour ne pas arriver trop tard à Seix si vous avez prévu d’y manger.

le village d’Ayet, sur la route du col de la Core

panorama au col de la Core

La deuxième partie de cette journée est constituée du col de Latrape et pourquoi pas du col d’Agnes si le cœur et les jambes vous en disent. Le col de Latrape s’attrape par la vallée d’Ustou, très sauvage et tranquille, encadrée de moyennes montagnes verdoyantes. La route remonte donc le vallon en pente douce, jusqu’au village de Sérac, véritable début du col, après 9 km tout de même de faux-plats usants. Le col affiche un bon 7,2 % de moyenne, avec quelques passages à 11 %. Une grimpée assez courte, six bornes, mais relativement difficile.

Quatre lacets permettent de vite prendre de la hauteur et avoir de jolies vues sur les montagnes alentours. Si vous avez encore un peu de force, le col passe plutôt bien car il n’est jamais trop raide et pas très long. En haut, encore une fois la possibilité de se ravitailler dans un beau chalet avec une belle terrasse, comme souvent au sommet des cols pyrénéens.

vue depuis le col de Latrape

De là, il n’y a plus qu’à vous laissez glisser jusqu’à Aulus-les-Bains par une belle route en pleine forêt. Aulus est une petite bourgade située sur la Traversée des Pyrénées à pied, où vous croiserez donc de nombreux randonneurs en été. Bien sûr, comme son nom l’indique, la cité bénéficie de thermes qui peuvent être appréciables après une longue journée de vélo. Vous trouverez également quelques restaurants, une supérette permettant de faire le plein pour le lendemain ainsi que plusieurs gîtes et un camping pour la nuit.

descente sur Aulus-les-Bains

Jour 5 : Aulus-les-Bains ➜ Axat

cols : Agnes, Port de Lers, Pailhères

dénivelé : +3400 m cumulés

distance : 146 km

Avant-dernier jour du périple, et encore une belle bambée au programme. Une journée à plus de 140 kilomètres et surtout dépassant les 3000 mètres de dénivelé positif. L’étape début sans échauffement aucun par les dix kilomètres du col d’Agnes. Un col régulier mais assez pentu, avec de belles vues sur les montagnes boisées alentours. La route est relativement large, bien asphaltée et avec peu de trafic. Quelques lacets permettent de prendre rapidement de la hauteur. A quelques encablures du sommet, la route sort définitivement de la forêt et poursuit à flanc de montagne, avec une jolie vue sur une succession de sommets, d’arêtes et de dômes qui s’étendent dans le lointain… avant l’arrivée des nuages et de la grêle si vous n’êtes pas chanceux !

une grimpée bien humide le jour de notre passage

l’étang de Lers

Au niveau du col, vous basculez dans un univers encore plus sauvage, la végétation est rase, quelques pics rocheux pointent ça et là. Quatre kilomètres plus bas s’étale le petit étang de Lers et le début de la courte ascension du Port de Lers. La route remonte donc, pendant environ quatre autres kilomètres. La chaussée sillonne paisiblement entre de gros édredons herbeux, grimpe gentiment entre les prés un peu jaunis en plein été et d’où affleurent quelques roches. Les paysages me rappellent l’Auvergne. Des paysages doux, façonnés, érodés par le temps. Au col, un panneau : « Tarascon-sur-Ariège 25 ». 25 kilomètres de descente et faux-plats descendants jusqu’à la cité ariégeoise. Il n’y a plus qu’à se laisser griser par la vitesse. La route plonge dans la forêt, transperce les bois, traverse Val-de-Sos, s’aplanit et file en faux-plat descendant jusqu’à Tarascon, où il est possible de faire une bonne pause casse-croûte et se ravitailler.

petite remontée au Port de Lers

Après cela, vous devrez vous farcir une affreuse Nationale, 2×2 voies, pendant une poignée de kilomètres, le genre de route qui donne furieusement envie d’appuyer fort sur les pédales afin que cela passe le plus rapidement possible. Au niveau du bourg de Verdun, l’itinéraire quitte la grand route pour s’enfoncer dans la forêt et la montagne. La route est tout l’inverse de la précédente : étroite, revêche, tortueuse, pentue… et tranquille. Elle rejoint « la route des corniches », une route en balcon qui vous emmène sur les cols de Marmare et du Chioula ; avant de redescendre en direction d’Ax-les-Thermes et de bifurquer trois kilomètres avant la ville pour le col de Pailhères, dernière difficulté de la journée.

Une autre option évite les cols de Marmare et du Chioula, une petite route (D44) descend en effet directement sur Ax-les-Thermes. De là, il faudra bien sûr monter au col de Pailhères, depuis le pied du col, soit une belle bavante de 19 pitons, à 6,9 % de moyenne et quelques bons passages à 10 % pour atteindre les 2000 m d’altitude. Finalement, peut-être l’un des cols les plus difficiles de la traversée à vélo des Pyrénées, et le dernier aussi coriace avant l’arrivée à Collioure puisque la dernière étape s’annonce plus facile.

la paisible route des Corniches

Surtout, le col de Pailhères arrive en fin d’étape, après déjà une belle journée de vélo et les kilomètres après la petite station de ski d’Ascou-Pailhères paraissent interminables, la pente est diablement raide malgré les lacets taillés dans la roche. Puis le col apparaît au loin, tout là bas, inatteignable. Et pourtant si, à force de coup de pédale, le voilà, enfin.

La vue depuis col sur les montagnes au loin et les vallées boisées est superbe, la route qui descend sous vos yeux une gourmandise pour tout cycliste ! On plonge dans cette descente comme des gamins, enroulant les lacets avec plaisir, puis la route quitte les herbes rases pour s’enfoncer dans la forêt. Un coup d’œil au château d’Usson qui domine un bout de vallée encaissée, un regard sur les falaises étroites qui encadrent la chaussée et voilà Axat, dans l’Aude.

le col de Pailhères

Axat n’est pas exactement sur l’itinéraire mais permet, sans trop s’éloigner du tracé, de faire halte dans une bourgade avec quelques restaurants et hébergements, et notamment la chambre d’hôtes l’Échappée (ça ne s’invente pas!) qui propose de belles chambres, dont une avec sauna, idéal pour un bon moment détente avant d’entreprendre la dernière étape de la Traversée des Pyrénées à vélo.

Jour 6 : Axat ➜ Collioure

cols : Jau, Palomère

dénivelé : +2400 m cumulés

distance : 147 km

Dernière étape. Derniers cols. Derniers tours de roue. La mer Méditerranée au bout. Si vous en êtes là, alors cette dernière journée devrait être une formalité. Encore près de 150 kilomètres pour relier Collioure, certes, mais avec un dénivelé moins important que les jours précédents et surtout davantage de dénivelé négatif que positif. Une longue descente vers l’arrivée du périple… avec en travers de la route deux jolis cols loin d’être très difficiles : le col de Jau puis le col de Palomère.

D’Axat, il vous faut repartir à rebours, en remontant les gorges de l’Aude pendant quelques kilomètres avant de bifurquer sur la gauche pour suivre une autre rivière, l’Aiguette. Le col de Jau se situe 18 bornes plus loin, au bout d’une route calme grimpant le long du cours d’eau puis en pleine forêt. La pente n’est jamais trop sévère excepté vers le village de Sainte-Colombe-sur-Guette. La montée est assez longue mais ne demande pas énormément d’efforts et permet au cycliste voyageur de laisser ses pensées vagabonder autant que son corps : une mise en abîme du voyage.

le col de Jau

Gare à la fraîcheur au sommet, qui est tout de même situé à 1506 m d’altitude et est souvent balayé par les vents. Encore une fois, il est bon d’avoir sous la main et dans les poches un bon coupe-vent voire des gants longs pour la descente. Une descente qui plonge sur Prades, avec des vues magistrales sur le pic du Canigou si celui-ci a daigné retirer son chapeau nuageux le jour de votre passage.

Une route (D24, à gauche à Catllar) permet d’éviter Prades et surtout quelques kilomètres sur la Nationale qui sort de Prades pour rejoindre la route du col de Palomère. Cette petite départementale passe aussi non loin d’Eus, un village labellisé parmi « les plus beaux villages de France », le petit crochet semble donc valoir le coup. Vous ne pourrez éviter un petit passage sur la N116, mais réduit à sa portion congrue : 1,5 km.

la descente du col de Jau © Fab__Rides 📷

Ensuite, l’itinéraire repart sur des chemins de traverse, très calme et sauvage. Le col de Palomère, le dernier d’une longue série, se dresse (gentiment) devant vous. La route suit un vallon encaissé avant de s’enfoncer dans la forêt. Les pourcentages sont doux. Pas de bataille acharnée contre la pente ici. Ce dernier rendez-vous avec un col est tendre et paisible. Vous pouvez profiter des sons, des couleurs, des odeurs qui vous entourent. Passé Valmanya, il ne reste que quelques kilomètres de pente avant les 500 derniers mètres quasi plats et voici enfin le col de Palomère. Le dernier de votre traversée des Pyrénées à vélo ! Savourez.

le col de Palomère

Le décor change de nouveau au passage du col, cette fois on est bien dans le Sud, avec des chênes-lièges grillés de soleil. La descente jusqu’à la vallée est roulante, avec même quelques petites remontées au col de Fourtou et de Llauro, mais rien de bien méchant. Le plaisir de venir à bout de ce périple, de ce défi aussi, donne de la force pour les derniers kilomètres. Des kilomètres qui ne sont pas forcément les plus intéressants, sur des petites routes et pistes cyclables rectilignes. L’avantage est de ne pas être dérangé par le trafic. Le désavantage est d’avoir souvent le vent dans le pif pour finir le voyage, où l’occasion de jeter vos toutes dernières forces pour finir en beauté dans la très pittoresque cité de Collioure, avec 800 km et 18000 m de dénivelé dans les gambettes. Bravo.

À Collioure, vous trouverez une foultitude d’hébergements, mais la ville est très touristique et il est donc vivement conseillé de réserver (longtemps) à l’avance. Et quitte à séjourner à Collioure, n’hésitez pas à rester quelques jours afin de visiter cette magnifique petite cité.

un bain bien mérité dans la Méditerranée !

Variantes à sa guise :

Moins vite ? ➜ Traversée des Pyrénées à vélo en 10 jours (cliquer)

Pour aller moins vite, mais tout aussi loin

Il est bien sûr possible d’écourter les étapes ; si vous ne vous sentez pas de faire autant de kilomètres chaque jour, si vous êtes bien chargés ou tout simplement si vous souhaitez profiter davantage des lieux traversés, en vous arrêtant plus souvent et plus longtemps que ces bourrus qui foncent tête dans le guidon. Voici une idée de traversée des Pyrénées à vélo en 10 jours :

Jour 1 : Hendaye – Saint-Jean-Pied-de-Port
Environ 80 km pour 1300 m de dénivelé. Une étape courte et sans trop de dénivelé, une bonne mise en jambe avant d’attaquer la suite.

Jour 2 : Saint-Jean-Pied-de-Port – Tardets-Sorholus
60 km et 1700 m de dénivelé, une étape courte avec un bon morceau; le col de Bagargi. Quelques hôtels à Tardets-Sorholus, ou auberge à Montory.

Jour 3 : Tardets-Sorholus – Laruns
Troisième étape avec le difficile col de Marie-Blanque, pour 62 km et 1400 m de dénivelé. Aller plus loin veut dire s’attaquer à l’Aubisque.

Jour 4 : Laruns – Luz-Saint-Sauveur
Une belle étape avec un grand col Pyrénéen : l’Aubisque ! 60 kilomètres mais 2000 m de dénivelé au programme.

Jour 5 : Luz-Saint-Sauveur – Arreau
Deux cols emblématiques des Pyrénées en une journée, le mythique Tourmalet suivi de l’Aspin, pour 60 km et 2100 m de dénivelé.

Jour 6 : Arreau – Audressein
L’une des étapes les plus longues et les plus difficiles avec l’enchaînement Peyresourde, Menté et Portet d’Aspet (96 km et 2400 m D+).

Jour 7 : Audressein – Aulus-les-Bains
52 km et 1600 m de dénivelé. Une étape plus courte mais avec deux beaux cols, Core et Latrape, et l’opportunité de profiter des thermes à Aulus.

Jour 8 : Aulus-les-Bains – Ax-les-Thermes
87 km pour 2100 m D+, encore une belle étape, avec les cols d’Agnes, le Port de Lers puis remontée sur la route des Corniches avant Ax.

Jour 9 : Ax-les-Thermes – Prades
Une étape difficile avec d’entrée le Port de Pailhères, puis des cols moins difficiles mais accumulant le dénivelé pour, au final, 2500 m D+ en 92 km.

Jour 10 : Prades – Collioure
L’étape la plus longue (101 km) mais pas la plus difficile, avec 1400 m de dénivelé positif pour 1700 m de dénivelé négatif. Garder quand même des forces pour la dernière partie, souvent entreprise vent de face. Quelques parties en gravier peu méchant sur le tracé de cette étape, que vous pouvez éviter ceci-dit.

Plus vite ? ➜ Traversée des Pyrénées à vélo en 5 jours (cliquer)

Boucler l’affaire en 5 jours ? Si vous roulez en autonomie, avec votre tente, alors il ne sera pas (trop) difficile de trouver des campings voire d’opter pour le bivouac afin d’allonger les étapes. Les journées dépasseront alors facilement les 150 km et surtout les 4000 m de dénivelé positif. Du très lourd. Attention : certains coins des Pyrénées sont très sauvages, vérifiez à l’avance s’il y a bien un camping et de quoi se ravitailler là où vous souhaitez vous arrêtez. Il ne suffit pas de regarder les kilomètres et le dénivelé journalier. Aussi, gardez en tête que parfois, aller ne serait-ce que 30 kilomètres plus loin veut dire s’enquiller un nouveau col et donc un bon dénivelé en supplément.

Réaliser la traversée en 5 jours (voire 4 pour les plus costauds) me semble plus raisonnable en dormant « en dur » voire avec une voiture d’assistance, afin de pédaler plus léger. Mais cela veut dire de bien caler vos étapes en fonction des logements qui devront être réservés à l’avance la plupart du temps, ajoutant la contrainte de devoir terminer chaque étape pour atteindre votre hébergement

Plus dur ? ➜ ajouter des kilomètres au parcours (cliquer)

Ajouter quelques difficultés à la Traversée des Pyrénées à vélo. Vous avez le choix : aller-retour à Hautacam ou Luz Ardiden, passage par l’Hourquette d’Ancizan plutôt que l’Aspin, montée à la Pierre-Saint-Martin, détour par le col d’Azet avant le col de Peyresourde. Etudiez bien la carte et voyez ce que vous pouvez ajouter pour corser l’addition. Attention : avec ces idées saugrenues, vous vous embarquerez facilement dans des étapes dépassant là aussi les 4000 m de dénivelé positif. Vous aurez été prévenu !




 

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