Visiter BERLIN : 3 jours entre Art et Histoire

La Cathédrale Berliner Dom de Berlin, Vera Brittain Ufer, quai de la rivière Spree river Berlin Allemagne Deutschland Germany church

Je vais être honnête avec vous, malgré les très bons échos de mes amis, voyager à Berlin ne m’enthousiasmait guère. Puis, l’occasion s’est présentée et j’ai commencé à vouloir dépasser mes a priori pour savoir que voir et visiter dans la capitale allemande. Passionné d’art, le programme de mon séjour allait, en plus des “incontournables à voir”, nécessairement prendre une teinte culturelle. Et, entre Histoire de la ville, musées et architecture, je n’allais surement pas être en reste.

 

Les traces de l’Histoire

On ne va pas se le cacher, Berlin, c’est une histoire (récente) lourde et marquante dont la prégnance se manifeste quasiment à chaque coin de rue. Même si le centre-ville se gentrifie au fil des années et que les grues pointent partout dans le paysage, la capitale allemande porte encore les stigmates de son passé avec des immeubles en ruines, des terrains vagues… comme autant de cicatrices.

Friedrichshain et l’architecture de l’Est

Arrivant de l’aéroport par le train, on est descendu à la gare d’Alexanderplatz, adjacente à la grande tour Fernsehturm. On a donc commencé notre visite de Berlin par la partie Est (puisque la plupart des choses qu’on voulait faire les jours suivants se trouvaient à l’Ouest). Véritable carrefour au cœur de la ville, la place est le lieu de passage des berlinois et des touristes qui arrivent et repartent. Austère, la Alexanderplatz donne déjà les prémices de l’architecture qu’on va trouver dans le quartier Est. Des immeubles horizontaux et orthogonaux, aseptisés, à peine moins fades que le pavement du sol. Contemporéanisation oblige, quelques façades en verre occidentalisent dorénavant le lieu.

 

Ensuite, pour se diriger vers le Mur de Berlin, on a descendu une grande artère, l’allée Karl Marx. Ce monumental boulevard, large de 90 mètres et long de 2,3 km, est digne des grands projets mégalomanes des plus célèbres dictateurs. Il est jalonné d’immeubles à l’esthétique communiste : des plattenbauten sans fioriture quasiment absolument identiques et séparés les uns des autres par des espaces verts. Certains sont encore désaffectés ou en cours de démolition. Dystopie… Après la presque symétrique et ovale Strausberger Platz, les immeubles reflètent pleinement le style architectural de l’Allemagne de l’Est de l’époque avec un “raffinement” plus élaboré.

 

À partir de là, je me suis même surpris à commencer à apprécier la “beauté” de ces grands ensembles. Certes, imposants, massifs, de la lourdeur d’un paquebot, mais aussi espacés par de la verdure, aérés par des passages à leur pied et agrémentés d’une ornementation un peu plus riche et variée…. D’autant que le quartier est fleuri, très propre et qu’il faisait grand soleil ce jour là. Ça change assurément la donne ! La balade urbaine était alors bien loin de l’image qu’on a de l’Allemagne de l’Est à travers certaines de ses représentations. Ironie de l’Histoire, le quartier populaire est aujourd’hui en pleine explosion immobilière. Ses habitants arboraient à leur fenêtre des slogans et de tissus de couleurs pour manifester leur résistance face à la gentrification. Ensuite, on atteint la Porte de Francfort et ses deux tours à lucarne (symétrie, quand on ne jure que par toi…) avant de se diriger vers le Mur et la East Side Gallery.

 

On perçoit tout de suite que le quartier est alternatif et très dynamique. Il y a plein de terrasses, plus ou moins officielles, investies par la jeunesse berlinoise (cf : les endroits où se poser pour boire un verre). En arrivant sur les bords de la Spree, on peut se poser dans l’herbe pour profiter du soleil. La vie est so cool à Berlin ! Le pont Oberbaumbrücke en brique rouge est autant remarquable par son allure avec ses deux tours. Autant qu’il est dénaturé par le bâtiment Universal à côté et le tram qui passe dessus…

 

Le Mur de Berlin

Évidemment… De ma génération, c’est par cette principale caractéristique que nous avons entendu parler de Berlin. Le “Mur de la honte” divisa l’espace autant qu’il sépara les personnes durant 28 années (1961-1989). On en retrouve des fragments encore en place à des nombreux endroits de Berlin. La curiosité est d’essayer de retrouver le tracé de la ligne de séparation (pas si évident d’ailleurs trois décennies plus tard…). Même si je l’imaginais finalement plus haut, il n’en demeure pas moins qu’il glace encore le sang par son aspect brut et déshumanisant. On imagine les multiples effroyables histoires qu’il pourrait raconter…

Située à l’Est de la ville, la partie la plus longue du Mur de Berlin encore debout est appelée East Side Gallery. Son 1,3 km de longueur est le support de plus d’une centaine de peintures murales (Google en a archivées une grande partie dans le cadre de son projet Arts & Culture). Célébrant la réunification d’une ville, d’un pays, d’un peuple, elles expriment, pour la plupart, le désir de joie et le besoin de liberté à l’endroit même de leur négation. Le parcours de cette exposition à ciel ouvert alterne entre Symbolisme, Art Naïf, Figuration narrative et quelques abstractions. Toutefois, si l’expressivité est le moteur viscéral, le talent n’est, selon moi, pas toujours au rendez-vous (à moins que ce ne soit une histoire de goût personnel). Mais après tout, l’essentiel n’est pas là…

 

Parmi les œuvres les plus marquantes, il y a Wall Jumper de Gebriel Heimler, The Wall de Lance Keller (cf : Pink Floyd), la Trabant passe-muraille de Test the Rest de Birgit Kinder et le fameux Baiser fraternel, de Dimitri Vrubel, représentant Brejnev et Honecker en train de s’embrasser “à la communiste” en 1979. Toutefois, marchant le long du mur au milieu de la foule, je vous avoue que je ne l’ai absolument pas vu ! En fait, c’est en recherchant le soir sur Google Street View pour comprendre que j’ai vu que la “fresque” était considérablement dégradée ! En fait, on était passé devant sans même s’en rendre compte…

 

CheckPoint Charlie

Parmi les incontournables à voir à Berlin, les guides touristiques indiquent immanquablement le CheckPoint Charlie. Il s’agit d’un ancien poste de contrôle entre Allemagne de l’Est et Allemagne de l’Ouest. Si on imagine la tension qu’il pouvait régner à ce point de passage, la version contemporaine blasphème l’Histoire avec ses allures de parc d’attraction. Aujourd’hui, il est entouré par un McDonald’s, un KFC et autres boutiques souvenirs… De part et d’autre du cabanon, un panneau donnant les instructions de l’époque et un portrait d’un militaire “local” essaient tout de même de remettre dans l’ambiance.

 

Les touristes s’agglutinent autour pour photographier de pseudos militaires américains déguisés et singeant fièrement les attitudes nécessaires au spectacle. Pour les plus férus sachant attendre leur tour dans le semblant de file, il est possible de passer sur la scène pour avoir son cliché avec eux et repartir avec son passeport “officiel”. Ridicule et sans pudeur (pour ne pas dire complètement indécent). Si les personnes envoyées dans les goulags s’étaient doutées que tout ça se finirait de cette manière…

En revanche, à quelques mètres de là, le Musée du CheckPoint Charlie est, lui, très intéressant d’après les retours que j’ai eus.

Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe

Non loin de la Porte de Brandebourg, une vaste esplanade carrée au milieu d’immeubles rend hommage aux victimes de l’holocauste lors de la Shoah. Le monument a été conçu par l’architecte Peter Eisenman comme un champ mortuaire de 19 073 mètres2, couvert de 2711 stèles de béton ensevelies à différentes hauteur. Celles-ci sont ordonnées, formant ainsi des allées perpendiculaires (voir la photo d’ensemble).

 

Plus on pénètre l’installation, plus le niveau du sol baisse et semble vaciller en ondulant. L’horizon disparait. Pris dans ce cimetière labyrinthique, on perd ces repères spatiaux (rappelant ainsi le Jardin de l’Exil du Musée Juif). Les issues sont de plus en plus lointaines et on est étouffé par ces grands monolithes paraissant de plus en plus menaçants. La sensation de malaise nous saisit au ventre et à l’esprit… Puis, les rires des enfants s’amusant dans ce grand terrain de jeu nous rappelle que la vie continue… “Leben

Le Musée Juif de Berlin

Amateur d’architecture, cela faisait longtemps que j’avais étudié le bâtiment élaboré par Daniel Libeskind et avais pour projet de le voir en vrai (on a passé 2 heures dedans et autour mais on peut le parcourir en moitié moins de temps). C’est d’ailleurs un des principaux arguments qui a motivé ma venue à Berlin, comme ce fut le cas pour le Musée Guggenheim à Bilbao. A mon sens, que ce soit pour son architecture ou l’intérêt historique, le Jüdisches Museum est un musée à voir absolument à Berlin. Véritable sculpture pénétrable, le projet a été de retranscrire architecturalement l’Histoire du peuple juif et de la faire vivre physiquement par le visiteur. D’ailleurs, je lui ai consacré un article à part entière !

 

Les autres lieux incontournables à voir à Berlin

Heureusement, Berlin est une ville qui se visite aussi à travers d’autres monuments que ceux liés à la IInde Guerre Mondiale ! Parmi eux, il y a les bâtiments historiques et les contemporains. On peut simplement passer devant pour en voir l’architecture ou, pour certains, découvrir l’intérieur pour qui veut prendre le temps de le faire.

La Porte de Brandebourg

Si vous ne connaissez qu’un monument de Berlin, c’est vraisemblablement celui-ci (emblème de l’Allemagne sur les pièces d’euros). La Porte de Brandebourg est “l’Arc de Triomphe” allemand, construit en 1791. Placé au bout de la longue avenue Unter den Linden, la perspective se poursuit avec le parc de Tiergarten et le coucher du soleil dans l’axe La construction en impose avec ses 26 mètres de haut, 65,5 de long et 11 de profondeur. Au sommet, un quadrige en cuivre représentant la déesse de la Victoire sur un char tiré par quatre chevaux. L’aigle prussien au sommet a été ajouté au retour de la sculpture à Berlin après que notre incorrigible Napoléon l’envahisseur lui ait fait prendre le chemin de la France… Alors symbole de paix en direction de la ville, Hitler l’avait fait retourner pour exprimer sa volonté de conquête à l’Ouest lors du régime nazi. Réorienté depuis vers l’Est, il est aujourd’hui le lieu des festivités berlinoises et nationales officielles.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Le Palais du Reichstag

Juste à côté de la Brandenburger Tor, le Palais du Reichstag est un bâtiment politique construit en 1884 pour abriter l’Assemblée du Reich. Incendié en 1933 et partiellement détruit lors de la Bataille de Berlin en 1945, il ne sera rénové qu’à partir de 1961 et les députés n’y siégeront officiellement à nouveau qu’à partir de 1999. On peut dorénavant entrer dans le bâtiment et accéder à la nouvelle coupole en verre, réalisée par le grand architecte anglais Sir Norman Foster (visite guidée). Pour info culturelle (et pouvoir frimer au Trivial Pursuit), le bâtiment avait été emballé par le couple d’artistes Christo et Jeanne-Claude en 1995 (en savoir plus avec une analyse de l’œuvre).

 

Quasiment accolé au Reichstag, la Paul-Löbe-Haus est un bâtiment contemporain post-moderne conçu par l’architecte Stephan Braunfels et construit entre 1997 et 2001. A cheval sur la Spree, il héberge les bureaux du Bundestag ainsi que sa bibliothèque. Elle porte le nom de celui qui a été deux fois président du Reichstag (1920-1924 / 1925-1932). Juste à côté, le Kronprinzenbrücke. En rentrant d’un apéro ensoleillé au “Berlin-plage” du Spreebogen Park, on tombe par hasard nez-à-nez avec ce pont. Ni une ni deux, on se dit immédiatement “ça, c’est du Calatrava !”. Le style de l’architecte espagnol est reconnaissable au premier coup d’œil et la capitale allemande a, elle aussi, voulu son ouvrage de la star internationale.

 

Potsdamer Platz et le Sony Center

Autre centre névralgique de Berlin, la Potsdamer Platz est, par ses connections routières et souterraines, le carrefour Ouest de la ville. Elle n’a pas grand-chose de séduisant avec ses apparences new yorkaises (grands bâtiments comme le Panoramapunkt ressemblant au Flatiron Building, la tour hémisphérique de Scribeclava, le Ritz-Carlton), ses gros tuyaux bleus, l’octogonale Leipzig Platz adjacente… On y trouve également un morceau du Mur, lequel scindait la place en deux.

 

Toutefois, je vous recommande malgré tout de faire un tour au Sony Center. Les guides touristiques en parlaient mais je n’étais pas vraiment tenté… C’est en faisant une virée à l’Ouest pour me rendre au Kulturforum que j’y ai fait une pause. Et c’est vrai que ça vaut le coup d’œil. Le complexe a été élaboré par Helmut Jahn et d’autres architectes prestigieux tels que Renzo Piano, Richard Rogers (les deux lauréats du Centre Pompidou à Paris), Arata Isozaki se sont employés autour. La cour intérieure du Sony Center est une véritable piazza au milieu des bureaux, logements, terrasses, boutiques, du Legoland Discovery Centre et du cinéma IMax. Celle-ci est recouverte par un large toit vitré et d’un splendide chapiteau géant, filtrant subtilement et élégamment la lumière. Le soir, ce sont les projections lumineuses de l’artiste Yann Kersalé qui le sublime.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

…et ceux que je n’ai eu (pris) le temps de visiter à Berlin

J’ai fait ma visite de Berlin en 3 jours et, malgré un rythme assez dense, je n’ai évidemment pas pu tout faire. Parmi les autres lieux d’intérêts touristiques à voir, il y a le Château de Charlottenbourg, le Château de Sans-Souci, le grand parc Tiergarten à l’Ouest de la Porte de Brandebourg, le MauerPark qu’on m’avait recommandé pour son ambiance typiquement berlinoise avec concerts, marché aux puces… Sur la Unter Den Linden, on trouve également de nombreux palais et bâtiments historiques. Sur sa partie Est, la Bebelplatz : l’Université, Bibliothèque Universitaire, l’Opéra, la Cathédrale Sainte-Hedwige en rotonde, le Musée d’Histoire Allemande…

📎 tous les lieux indiqués dans cet article sont placés sur une carte dans mon guide pratique.

Situé sur l’Île aux Musées, il y a également le Berliner Dom, principale église protestante de Berlin, avec le Lustgarten à ses pieds. Cette majestueuse cathédrale du XIXe siècle est de style Néo-Renaissance. Elle possède un orgue à 7 000 tuyaux, une crypte réunissant près de 95 sarcophages (dont ceux de la famille royale de Brandebourg) et un dôme avec vue panoramique auquel on peut accéder pour avoir une vue panoramique sur la ville.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Les Musées à voir de Berlin

Avec ses 170 lieux officiels recensés, Berlin est assurément l’une des villes qui compte le plus grand nombre de musées au kilomètre2 ! Les différentes thématiques abordées sont… pour le moins hétéroclites ! Y a qu’à choisir !

Le premier des musées que j’ai visité à Berlin est le Jüdisches Museum de Daniel Libeskind (c’est d’ailleurs un des principaux arguments qui a motivé mon voyage à Berlin). A mon sens, que ce soit pour son architecture ou l’intérêt historique, le Musée Juif est un musée incontournable à voir à Berlin. Ensuite, j’ai fait la visite de la célèbre Île aux Musées (ensemble regroupant cinq grands musées), l’impressionnante pinacothèque Gemäldegalerie, le Musée d’Art Contemporain et celui du Design, le Musée-Bröhan. Plus de détails dans mon article spécifique sur les musées de Berlin.

🏨 Où dormir à Berlin ?

On a passé les deux premières nuits au THE YARD hotel, juste à côté du Musée Juif de Berlin. Le hall d’entrée est à l’image des chambres, sobre et chic avec une décoration blanc-gris-noir et essences de bois. Le quartier est très tranquille, il y a aucun bruit. Le petit déjeuner est absolument remarquable avec buffet copieux et gastronomique. Accueil très sympa.
Ensuite, pour notre dernière nuit à Berlin, on est dormi au NH POTSDAMER hotel****, dans le Sud de Berlin, pas loin du premier. La chambre est un tout petit peu moins classe que celle de The Yard (mais moins chère aussi…) et le petit déjeuner n’était pas compris dans notre tarif. La rue en-dessous est davantage passante mais on entend rien quand la fenêtre est fermée.



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Au final, malgré mes a priori de départ, j’ai vraiment aimé Berlin. L’ambiance est très détendue, toutes les catégories sociales se côtoient. On n’est pas “embêté” toutes les 5 minutes comme dans d’autres grandes villes européennes. Je me suis même baladé durant les presque 4 jours avec mon appareil photo lisible sans aucun problème (imaginez ça à Paris… !!). Il y a plein de lieux à visiter, de monuments à voir et encore, voyage culturel oblige, je ne me suis pas affairé à découvrir Berlin by night et son hyper-réputée vie nocturne underground… Bref, va falloir revenir !

 




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