Le PALAIS DES DOGES, splendeur orientale à VENISE

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Le palais des Doges fait partie des “quelques” monuments incontournables à Venise. Sa place centrale dans la ville et sa visibilité depuis la lagune en font un monument emblématique. Le palais ducal était le centre névralgique, le cœur du pouvoir politique de la cité des Doges pendant plus de sept siècles. Il disposait également d’une prison, célèbre pour le pont des Soupirs et le plus illustre de ses occupants, Casanova. Présentation et visite du palais des Doges (article mis à jour en mai 2024).

 

Architecture du Palais des Doges

Adossé à la basilique Saint-Marc, on peut admirer la somptueuse architecture du palazzo ducale selon deux points de vue : depuis la piazzetta San Marco et depuis la riva degli Schiavogni, ou même encore un troisième, plongeant, depuis le sommet du campanile. Fruit de Pietro Baseggio, le palais des Doges, construit au début du XIVe siècle, a été partiellement détruit par un incendie en 1577 (un premier palais fut déjà ruiné par les flammes en 976), sa restauration fut confiée à Antonio Da Ponte (au nom tout désigné puisqu’il est l’auteur de la reconstruction du… pont du Rialto). Son aspect d’énorme parallélépipède très imposant, surtout vu depuis le Grand Canal. Il l’est d’autant plus qu’il ne semble reposer que sur de fines colonnes… Celles-ci font place à des arcades au-rez-de-chaussée et une grande loggia à l’étage. Sur la partie supérieure, une large façade en pierre blanche d’Istrie et en marbre rose de Vérone. Emblématique de l’architecture vénitienne, le bâtiment est agrémenté de différentes ornementations associant le style gothique (fenêtres en ogive, arcs trilobés, cercles à quatre feuilles…) aux styles médiéval (crénelage) et byzantin (motif abstrait).

 

Jonction entre le palais des Doges et la basilique Saint-Marc, la porta della Carta, construite dans le parfait style gothique par Giovanni et Bartolomeo Bon en 1438. Ancienne entrée du palais des Doges conduisant ensuite à l’escalier des Géants (voir plus bas), elle était également l’endroit où les fonctionnaires affichaient les décrets et où les scribes enregistraient les documents (d’où son nom de « porte du papier »). Parmi la surcharge d’éléments ornementaux (motifs en bas-reliefs, pilastres, niches, pilastres…), on peut observer les statues allégoriques (la Charité, la Prudence, la Force et la Tempérance) ainsi que le doge Francesco Foscari, lequel n’a pas pu s’empêcher de s’y faire représenter, agenouillé devant le Lion de Saint Marc, quoique quasiment au même niveau ! Égo, quand tu nous tiens… Côté piazzetta San Marco, on remarquera également deux colonnes se distinguant des autres par leur couleur (marbre rouge). C’est ici qu’étaient annoncées les sentences de mort avant d’être exécutées sur la place Saint-Marc.

La cour intérieure

On commence la visite du palais des Doges (réserver votre billet à l’avance !) par la cour intérieure. Celle-ci était accessible aux vénitiens à l’époque. D’esthétique hétérogène, elle a évolué au fil des siècles. On peut voir les façades intérieures du Palazzo Ducale, d’un côté, une architecture en marbre de style Renaissance (équilibre, symétrie, richement décoré…) et, de l’autre, en briques rouges, un style originel médiéval (rudimentaire et orthogonal, des créneaux sommitaux….). Au milieu de la cour, deux puits en bronze, richement décorés de figures mythologiques représentant des scènes sacrées liées à l’eau (Jonas rejeté par la baleine et le miracle des noces de Cana). En arrière-plan, construite au XVIIe siècle dans un style renaissant parfaitement symétrique, la façade de l’horloge en marbre, avec pour fonction essentielle de “fermer” la cour” en masquant le mur roman de la basilique Saint-Marc. Elle est pourvue de six statues et… d’une horloge. À droite, un faux pan avec une fenêtre en trompe-l’œil et son balcon purement esthétique donc.

Tout au fond de la cour, un ravissant concentré d’éléments architecturaux avec notamment l’escalier des Géants, construit au XVIe siècle par Antonio Rizzo. C’est ici que se déroulait la cérémonie d’investiture du doge. Depuis le portail sculpté, on ne peut qu’être impressionné par le scala dei Giganti et ses marches taillées dans le noble marbre blanc de Carrare. Mais surtout, au sommet, œuvres de Jacopo Sansovino, deux statues monumentales (d’où son nom) de Mars, dieu de l’agriculture et de la guerre, et de Neptune, dieu de la mer et donc lié aux Vénitiens, évoquant la puissance de Venise.

Visite du Palais des Doges

Après avoir déposé ses affaires au vestiaire (sacs à dos interdits dans les salles). On monte au premier étage par un escalier qui conduit à la loggia, laquelle offre une vue plongeante sur la cour intérieur et desservent quelques salles d’exposition temporaire. Mais c’est surtout l’escalier d’Or (scala d’Oro) qui attire le regard : après avoir passé son portail surmonté des statues du XVIe siècle d’Hercule terrassant l’Hydre et d’Atlas portant la voûte céleste (de Tiziano Aspetti), on peut observer son plafond de stucs recouvert de feuilles d’or (attention à ne pas vous casser la figure en ayant trop le nez en l’air !). C’est à Jacopo Sansovino puis son fils Francesco que l’on doit l’ensemble de scènes avec des représentations de Vénus, Neptune et, à l’instar des fresques de l’Allégorie et effets du Bon et du Mauvais Gouvernement de Lorenzetti au palazzo Pubblico de Sienne, les vertus nécessaires pour gouverner, ainsi que des grotesques réalisés par Battista Franco. Autant vous dire que, à partir de là, vous pénétrez dans la très grande classe ! Le palais des Doges abrite de nombreux chefs-d’œuvre de grands maîtres de l’école Vénitienne (Tintoret, Tiepolo, Véronèse… mais pas de Titien).

 

Les salles

On accède ensuite au deuxième étage du palais des Doges, hébergeant les salles les plus importantes de l’administration et du pouvoir de l’état ducal, en commençant par la salle des Quatre portes desservant les salles du Collège, du Sénat, du Conseil des Dix et de la Chancellerie et où patientaient les visiteurs. Cette antichambre est richement décorée des murs et plafond, illustrant l’histoire de Venise, sa relation avec la mer (la fresque de Giambattista Tiepolo Venise reçoit l’hommage de Neptune (1570) se trouvait au plafond ; elle est exposée plus loin dans la visite du palais des Doges). mais aussi avec les quatre grandes portes crées par le grand architecture Andrea Palladio surmontée des sculptures allégoriques évoquant la fonction de chacune des quatre salles. Malheureusement, je n’ai pas de photo à vous montrer (en voir ici) car elle était en cours de restauration lors de mon dernier voyage à Venise.

Après avoir traversé l’antichambre du Collège (anticollegio), on pénètre dans la salle du Collège, élaborée par Palladio, lieu où différents organes décisionnels de l’administration (les Sages et la Signoria) se réunissaient. Les murs et le plafond portent notamment des fresques de Véronèse représentant des Allégories de Venise et de ses Vertus. Ensuite, la salle du Sénat avec des portraits peints de doges et deux jolies horloges figurant des scènes allégoriques et des signes du zodiaque. Au plafond, Le Triomphe de Venise (1587-1594) et, au-dessus des sièges, Le Christ adoré par les Doges Pietro Lando et Marcantonio Trevisan (1590), tous deux du Tintoret.

la salle du Sénat

Puis, poursuivant le parcours sur le sol en marbre, la salle du Conseil des Dix, lieu où l’on gérait les affaires de sécurité de la République de Venise, en la protégeant des complots et de la corruption (la première DGSI/DGSE de l’Histoire !). Magistrature spéciale et temporaire créée en 1310 suite à une conspiration, elle est finalement devenue permanente et très importante. Au plafond, Junon dispensant ses dons à Venise (1554-1556) de Véronèse. Après la salle de la Boussole avec une autre peinture de Véronèse, Saint Marc récompensant les vertus (1556), on pénètre dans les salles de l’Armurerie du palais des Doges. Des vitrines exposent de nombreuses pièces datant du XVe et XVIIe siècles : armures, boucliers, épées, hallebardes, lances, arbalètes, masses, haches, carquois, arquebuses, fusils, canon… Une collection de plus 2000 armes illustrant la puissance militaire de Venise.

la salle du Conseil des Dix

l’armurerie

Les petites salles Quarantia Civil Vecchia exposent quelques œuvres, un atelier de restauration et l’ancienne fresque du Couronnement de la Vierge, dit Le Paradis (1365-1366) de Guariento di Arpo et détruite dans l’incendie de 1577. Très intéressant, la muséographie présente l’histoire du projet de commande d’un nouveau Paradis, avec les propositions de peintres alors présents à Venise : Paolo Véronèse, Jacopo Palma le Jeune, Francesco Bassano, peut-être Federico Zuccari et Le Tintoret. Même si ce dernier ne fut pas le lauréat du concours, c’est quand même lui qui, dix ans plus tard, réalisa ici un de ses plus chefs-d’œuvre.

La salle du Grand Conseil

On pénètre alors Mais la sala del Maggior Conciglio et là, badam !! Sans doute avoir été prévenu (enfin, du coup là.. ben si) vous vous retrouvez face à une monumentale peinture murale du peintre vénitien Tintoret : Couronnement de la Vierge, dit Le Paradis (1588). Elle mesure 7 mètres de haut pour… 22 m de large ! Composée de plus de 500 personnalités vénitiennes, la scène représente le Couronnement de la Vierge au Paradis. Grâce à une composition en hémicycles (décentrée) et des couleurs de plus en plus chaudes et lumineuses, le regard est aspiré vers la partie supérieure du tableau (élévation du regard, élévation spirituelle…), vers le Christ et la Vierge, vers la Lumière divine. En plus du déséquilibre de la composition, le Maniérisme se caractérise également par de forts contrastes de lumière et de couleur.

Couronnement de la Vierge, dit Le Paradis (1588) LE TINTORET

Longue de 53 mètres et 25 mètres de large, la salle du Grand Conseil est l’une des plus grandes d’Europe (vue 3D sur Google Arts & Culture). Elle accueillait les 500 membres du Grand Conseil, assemblée du peuple (en réalité, des notables vénitiens…) et dispose de très nombreuses toiles qui méritent le coup d’œil, illustrant des épisodes de l’histoire de Venise. Celles-ci ont été réalisées après l’incendie destructeur de 1577. Une frise, peinte par Le Tintoret, court également tout le long supérieur des murs figurant le portraits des 76 premiers doges de Venise (de 804 à 1556). On remarquera qu’un a été recouvert d’un drap noir sur celui-ci de Marino Faliero, doge ayant tenté un coup d’État en 1355 et condamné à être décapité. En levant le tête, le regard se perd dans le florilège de fresques et moulures. Je vous recommande d’observer, peintures destinées à être au plafond oblige, les jeux de points de vue et ainsi d’angles de vue utilisés dans Le doge Nicolò da Ponte reçoit de Venise une couronne de lauriers (1584) du Tintoret, Venise, couronnée par la Victoire, accueille les provinces assujetties (1582-1584) de Palma le Jeune et Le Triomphe de Venise, couronnée par la victoire (1585) de Véronèse.

 

Après la sala del Maggior Conciglio, des petites salles font office de galerie d’exposition de peintures dont Le Môle près du riva degli Schiavoni avec la colonne de saint Marc (avant 1742) de Canaletto (photo en une de l’article), l’autre œuvre que j’ai particulièrement en souvenir (et dessiné) Venise recevant l’hommage de Neptune (1570) de Tiepolo ainsi que Le Lion de saint Marc (1516) de Vittore Carpaccio.

Venise recevant l’hommage de Neptune (1570) TIEPOLO

Le Lion de saint Marc (1516) Vittore CARPACCIO

Le Pont des Soupirs

Puis, cerise sur le gâteau tant attendu de la visite du palais des doges, le célébrissime pont des Soupirs. Construit en 1602, il avait pour fonction de relier le palais des Doges aux futures nouvelles prisons installées dans le bâtiment de l’autre côté du rio de Palazzo o de la Canonica. À l’intérieur, il est scindé en deux couloirs exigus (aller-retour, pour ne pas que les détenus se croisent). Pour ceux qui le sauraient pas, le ponte dei Sospiri est ainsi nommé car les condamnés traversaient ce pont pour aller à leur incarcération et/ou exécution et, en regardant une dernière fois pour une des petites fenêtres, poussaient un dernier soupir…

snif…

Les prisons du Palais des Doges

On accède ensuite aux nouvelles prisons, construites au XVIe siècle du fait de la surpopulation et des conditions de vie. En effet, jusqu’alors, les geôles se trouvaient sous les toits en plaques de plomb, ce qui leur a donné le nom de « prisons des Plombs » (ou juste « les Plombs »), lequel diffusait une chaleur suffocante en été (plus de 50° !) ; alors que la température est glaciale l’hiver (quand je pense aux touristes à côté de moi qui, eux, ont osé se plaindre des courants d’air…). On y pratiquait la torture douce. Le parcours carcéral descend sur 3 niveaux et l’on y découvre les différentes cellules et une micro-cour intérieure. Mon œil s’est attendri des graffitis creusés sur les rebords, seuls endroits lumineux de la pièce : certains y clamaient leur innocence tandis que d’autres dessinaient. Jamais personne n’aurait réussi à s’échapper de ces prisons du palais des Doges. Personne, sauf… le fameux Casanova.

Ensuite, de retour par l’autre couloir du pont des Soupirs, la visite du palais des Doges se termine par quelques dernières salles (celles des censeurs, des procureurs d’État et des capitaines de vaisseaux), assez sombres, avec de la marqueterie et des peintures murales au-dessus (dont quelques-unes du Tintoret). Enfin, traditionnellement, la boutique-souvenir avant de retourner dans la cour intérieure. Alors, en fin de compte, « combien de temps faut-il pour visiter le palais des Doges ? ». Au final, entre le parcours, le regard curieux sur les peintures de grands maîtres et les photos en essayant d’éviter autant que possible d’y faire figurer la foule, j’y ai passé quasiment 3 heures. Cependant, je dirais que, raisonnablement, la durée de visite du palais des Doges est d’environ 2 heures.

Bonus : des visites guidées, appelées Itinéraires secrets, permettent de découvrir davantage des salles réservées (quartier général secret du Conseil des Dix, la Chancellerie, la salle d’interrogatoire et « les Plombs », les cellules sous les toits où fut emprisonné Casanova.

Infos pratiques

Faut-il réserver ses billets à l’avance ?

Venise est une ville très, très très touristique et, pour acheter un billet d’entrée, il faudra donc… faire la queue au milieu de tous les autres touristes qui ont eu la même idée que vous, et le même jour en plus ! La saison haute commence dès avril avec les traditionnels voyages scolaires, les vacances de printemps et, une année sur deux, la biennale d’art contemporain jusqu’à fin août. Ayant subi les préjudices à Florence, à Turin et à Milan, dorénavant, par sécurité, je réserve quasi systématiquement mes billets d’entrée afin d’être sûr de ne pas compromettre mon séjour et, si possible, coupe-file pour ne pas perdre de temps. En achetant à l’avance, on a également un billet coupe-file, ce qui peut être très intéressant. Je vous conseille donc vivement de réserver à l’avance votre visite pour le palais des Doges ! Par ailleurs, pour en savoir davantage sur Venise, ses monuments et son histoire, vous pouvez programmer une visite guidée (dont des itinéraires secrets apparemment très intéressants).

Bon plan : en plus des différentes city cards combinées incluant des réductions avantageuses et il existe la Venice Pass (24h, 48h ou 72h) qui intègre l’accès à de nombreux lieux touristiques ainsi qu’au vaporetto illimité. À calculer donc selon votre programme de visite de Venise.

Où dormir à Venise ?

Hôtel Leonardo :
Le logement sur l’île même est pour le moins onéreux ! Pour mon 5e voyage, deux mois avant le départ, l’éventail des hôtels à Venise était déjà bien diminué (je ne suis pas favorable aux AirBnB). D’autant que le premier avait annulé la réservation pour cause de travaux… Si, à cela, on ajoute la contemporanéité de la biennale d’art, il ne restait plus grand-chose dans le budget alloué. Ainsi, le choix s’est porté sur l’hôtel Leonardo pour son favorable équilibre prix/emplacement. Situé à 10 min de la gare Santa Lucia (enregistrement et clé à récupérer sur le campo San Geremia), il est à 3/4h de la place Saint-Marc et juste à côté des quais avec bars et restaurants. L’intérieur est agréable avec sa décoration, bien équipé (canapé, penderie, sèche-cheveux, bouilloire, salle de bain avec douche italienne et traditionnel bidet). Enfin, il est très calme : fenêtres sans vis-à-vis au-dessus d’une ruelle non-passante. ➜ tarifs et réservation

Lors de mes précédents voyages, j’avais été amené à visiter Venise à la journée depuis Monselice la première fois, Vicenza la deuxième et Padoue la quatrième. Mais, lors de mon troisième voyage, nous sommes restés visiter Venise en 4 jours et nous résidions dans un hôtel à Lido di Jesolo où les tarifs sont plus abordables. Cette petite ville se situe au Nord-Est, sur la presqu’île délimitant la lagune. Le quartier est très résidentiel (malgré un front de mer balnéaire avec de plus en plus d’hôtels…) avec ses longues plages qui donnent sur la mer Adriatique. Le soir, en rentrant de la cohue touristique, c’est hyper agréable de se baigner et/ou de marcher au bord de l’eau, sur le sable encore chaud. Une belle manière de terminer une journée à Venise, non ? Pour un séjour en famille avec plus de confort, vous pouvez également regarder les locations de vacances (maisons, appartements, gîtes, etc.).



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