Le Col du Coq, fier et sacrément pentu !

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Fermé pendant plus d’un an suite à des coulées de boue, le Col du Coq a ré-ouvert à l’été 2019. La route est à peine meilleure, la pente toujours aussi raide.

Col : Col du Coq (1434 m)
Massif : Chartreuse (Isère)

Départ : Saint-Pierre-de-Chartreuse

Itinéraire : Trace GPS

Difficulté : ★★★★
très irrégulier et une route en piteux état, des passages très raides (moyenne 5,4%, max 16%)

Distance : 11,8 km
(depuis le croisement des D512 et D57B)

Dénivelé + : 722 m

Intérêt : ♥♥♥♥
jolie route en sous-bois, mais sans trop de vue, sauf au sommet

Route : ✔︎✔︎✔︎✔︎
pas besoin de « gravel », mais attention aux trous et crevasses (à éviter en descente), très peu de trafic !

Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez nos conseils pratiques 🚴‍♂️

Les alentours Col du Coq est le lieu de nidification du Tétra-Lyre (espèce protégée), cet impressionnant gallinacé est aussi appelé Grand Coq de Bruyère. Pourtant, le nom du col ne vient pas de cet oiseau discret. Il ne vient pas non plus de la Dent de Crolles qui domine les lieux et ressemble vaguement à une crête de coq depuis le col. Non, ce toponyme vient plus vraisemblablement de la racine kukka, puis cuchet en ancien Français, décrivant un sommet arrondi, que l’on retrouve ailleurs en Chartreuse (Col du Cucheron, Pointe de la Cochette…). Cependant, vous aurez le droit d’être fier comme un coq – la bestiole cette fois – au sommet car il faudra être brave pour affronter ses pentes !

Du ski au Col du Coq ?

Ou plutôt votre histoire, celle que vous allez forger à la force de vos mollets, sous un beau soleil ou une pluie fine, au début d’un petit tour ou à la fin d’un périple. Bien difficile de conter l’histoire de ce col chartrousin. La route relie l’agglo de Grenoble à Saint-Pierre-de-Chartreuse. Mais la métropole iséroise et la petite station chartrousine sont aussi reliées via le Col de Porte, bien plus pratique que l’étroit et pentu Col du Coq ! Certes, le col permet d’accéder à pléthores de randonnées dont la célèbre Dent de Crolles, et plusieurs parkings ont été aménagés sur les derniers kilomètres de la montée côté Grenoble, la route est d’ailleurs belle et assez large sur ce versant afin de satisfaire les nombreux randonneurs de l’agglomération.

la Dent de Crolles et la route du versant grenoblois

 

Randonneurs d’aujourd’hui mais aussi skieurs d’autrefois ! Eh oui, une minuscule station de ski a vu le jour au niveau du col en 1967. Les stations de sports d’hiver fleurissaient un peu partout à cette époque et le Massif de la Chartreuse n’a pas échappé au phénomène. Trois téléskis, quelques pistes, un bon enneigement, un bar, juste ce qu’il fallait pour attirer les Grenoblois tout proches. En 1995, après des différents entre les propriétaires et les exploitants, la station ferme à jamais. Les derniers pylônes, vestiges de cette époque, seront démantelés en 2012 par des membres de l’association Mountain Wilderness.

Le versant chartrousin est beaucoup plus sauvage et pittoresque, la route sombre et étroite est défoncée par endroit. La commune de Saint-Hugues-en-Chartreuse, qui gère ce tronçon, n’a pas les moyens de faire un bel enrobé digne du Tour de France et la route a d’ailleurs été coupée pendant un an-et-demi à cause de glissements de terrain avant d’être ré-ouverte à l’été 2019. La commune a bien posé quelques rustines ça et là et saupoudré la voie de graviers piégeux, la route reste néanmoins bien cabossée, autant vous dire qu’il n’y a pas beaucoup de trafic de ce côté, pour le plus grand bonheur des cyclistes !

le haut du col, côté Chartreuse © Fab__Rides 📷

Reverra-t-on les pros au Col du Coq ?

Par deux fois les coureurs du Tour ont affrontés les redoutables pentes du Col du Coq. Les deux fois dans les années 80. Et par deux fois l’arrivée de l’étape était plantée à l’Alpe d’Huez. En 1984, le peloton partait de Grenoble, rejoignait Saint-Pierre-de-Chartreuse, empruntait la route du Col du Coq par son versant chartrousin, puis suivait le Col de Laffrey avant la montée sur l’Alpe.

L’étape de 1984 restera dans les annales comme celle où Laurent Fignon détrônera Bernard Hinault. Le « Professeur », champion de France cette année là, prend le maillot jaune à l’Alpe grâce à sa deuxième place derrière le Colombien Luis Herrera. Fignon ne quittera plus la tunique jaune jusque Paris pour s’offrir son deuxième Tour. Au Col du Coq, les spectateurs ont vu l’Espagnol Angel Arroyo (2e du Tour 1983) passer en tête.

Sur le Tour 1987, l’étape est similaire, avec le Col du Cucheron en guise d’apéritif avant le Coq, Laffrey et l’Alpe. Cette année là, l’échappée du jour va au bout, avec la victoire de l’Espagnol Federico Echave, tandis qu’un autre ibérique, Pedro Delgado, s’empare du maillot jaune… Maillot qu’il abandonnera à Stephen Roche, vainqueur final de l’édition. Difficile de voir les 160 véhicules de la caravane du Tour version 21e siècle s’aventurer sur les pentes du Coq… Bien dommage, car ce col méconnu pourrait en surprendre plus d’un.

Grimpons maintenant !

Un col à l’espagnol

Lorsque que je regarde la Vuelta, je suis toujours surpris par les cols et côtes espagnols, qui sont souvent extrêmement irréguliers. Un début de col roulant peut se cabrer brusquement, atteignant les 20 %, avant de se radoucir voire même de laisser place à une petite descente avant de repartir dans des pourcentages affolants.

des pentes douces et un beau bitume jusqu’à St Hugue

Le Col du Coq est de cette trempe là, toute proportion gardée, ce n’est pas non plus l’Angliru ! Inutile de vous dire qu’il ne faut pas se fier au 5,4 % de pente moyenne, puisque les pourcentages atteignent les 16 % sur une centaine de mètres et dépassent régulièrement la barre des 10 %. Irrégularité de la pente et irrégularité du bitume, très rugueux la plupart du temps, granuleux parfois, franchement troué par endroits. Quelques passages nécessite de slalomer entre les nids de poules et mieux avoir des pneus en bon état afin d’éviter la crevaison.

la pente est rude

Une fois passé le lieu-dit de La Diat, la route du Col du Coq part sur la gauche, l’autre route montant au Col de Porte. Le panneau indique 12 kilomètres, mais certaines portions sont très roulantes. Après un petit passage en forêt flirtant avec les 8 % sur un superbe macadam (ça ne va pas durer!), vous arriverez à Saint-Hugues-en-Chartreuse. La route rectiligne et quasi plate traverse le village, la Pointe de Chamechaude dominant ce joli coin verdoyant, puis la langue de bitume s’élève gentiment en deux virages en épingles. La pente est encore douce, mais rien ne sert d’appuyer comme un sourd sur les pédales pour l’instant. On passe les dernières habitations, franchit les derniers champs, avant de s’enfoncer dans une forêt profonde…

« Tout à gauche » et attendre que ça passe

L’ombre est salvatrice en pleine été, le roucoulement du ruisseau de l’Orme apaisant. La route, étroite, ondule sous la canopée. Un cadre bucolique qui contraste vite avec l’âpreté de la grimpée ! La pente s’élève, se dresse devant vous. Je monte les dents sur la cassette, cramponné aux cocottes, écrasé sur le vélo. Tout à gauche… mais le pédalage reste heurté, difficile d’être souple dans ces pourcentages qui passent allègrement les 10 %. Pas la peine non plus de passer en force, en puncheur ardennais… je suis encore loin du sommet !

15% et une route qui « ne rend pas »

Un léger adoucissement, sur quelques hectomètres, et la route se cabre à nouveau. La pente est rude. Le bitume revêche. Le genre de segments qu’il faut affronter, combattre ; humblement, avec ses mollets et son mental. La pente se maintient entre 12 et 14 %. Les dents sont serrées. Le souffle court. Heureusement que cela ne dure pas des kilomètres, quelques centaines de mètres tout au plus. L’un passera en danseuse, les cuisses de plus en plus brûlantes, l’autre restera assis sur sa selle, courbant l’échine et contractant les muscles des doigts jusqu’aux orteils. L’idéal étant d’alterner les positions si on en est capable.

Il n’est pas rare de voir des cyclos qui se battent avec la pente, sans l’attaquer frontalement, mais en zigzagant pour ‘adoucir’ les forts pourcentages. Chacun sa technique, chacun sa force.

La route reprend des pourcentages plus décents, plus communs, sur quelques mètres tout du moins, elle franchit le ruisseau qui frétille, dégringole à l’abri des arbres et creuse inexorablement son sillon. Notre chemin, lui, remonte à contre-courant et repasse brutalement la barre fatidique des 10 % pour atteindre un peu plus haut les 16 %! Après environ 200 m, la route vire à gauche et s’adoucit légèrement tandis que la forêt s’ouvre et se fait moins oppressante, le bout du tunnel…

 

Le plus dur est fait

Enfin le col prend des allures plus douces. Les pourcentages sont encore de 7 ou 8 %, mais cela semblent faciles après le mur franchi quelques minutes auparavant. Après un nouveau petit palier flirtant avec les 10 %, un vrai replat permet de souffler un peu. Puis la route plonge même en descente et sinue à travers la forêt. Il faut cependant rester bien vigilant pour slalomer entre les trous et affaissements de chaussée. L’accalmie est de courte durée (un petit kilomètre) mais laisse le temps de récupérer un peu de ses efforts et des forces avant l’assaut final.

un vrai replat… et même une petite descente

A la sortie d’un virage, la route se redresse violemment pour atteindre de nouveau et en quelques instants des pourcentages à deux chiffres. Il faut jouer du dérailleur, en anticipant au maximum. Une épingle sur la droite permet de relancer la machine, mais la vision suivante n’est pas la plus réjouissante. Le chemin file droit dans la forêt, en pente sévère, toujours autour des 10-12 %.

Les conifères se font moins hauts et le ciel refait son apparition au-dessus des casques. La route ondoie sous la canopée puis sort de la forêt, le col est tout proche, en face, mais la déclinivité est encore élevée et ne permet pas d’excès d’euphorie. L’arrivée dans cette clairière parsemée de gentianes jaunes l’été venu annonce néanmoins les dernières minutes d’effort. Après une épingle sur la gauche puis une dernière courbe à droite, on atteint enfin le col. La vue s’ouvre sur la chaîne de Belledonne en face, sur la Chartreuse dans notre dos, sur la Dent de Crolles au dessus de nous. La pause et la barre de céréales sont amplement méritées.

l’arrivée au sommet

Versants

– L’ascension présentée ici débute sur la commune de Saint-Pierre-de-Chartreuse, puis en prenant Saint-Hugues-en-Chartreuse. Il n’y pas d’autre route sur ce versant.
– Les deux ascensions possibles sur l’autre versant sont beaucoup plus longues et sur des routes beaucoup plus larges et avec davantage de trafic (le col, situé non-loin de Grenoble, est le point de départ de nombreuses randonnées dont la Dent de Crolles). La pente est là aussi bien raide !

Quand ?

La route côté Chartreuse n’est pas déneigée, plein Nord et en pleine forêt, et le col est tout de même à 1434 mètres d’altitude. Dans ces conditions, attendez bien avril afin d’être sûr de ne pas avoir à traverser quelques passages enneigés en chaussures de vélo… Les autres versions peuvent être effectuées plus tôt en aller-retour. Si le côté Chartreuse est agréable en été car à l’ombre, les versants « grenoblois » sont eux en plein cagnard, à éviter !

En boucle ?

Depuis Chambéry, le Coq fait partie du Tour de la Grande Chartreuse, avec en préambule les cols du Granier et du Cucheron, puis un retour par le Col de Marcieu, plus de 100 km pour 2500 m de D+. Je vous présente ce parcours en détails dans mon Tour de la Grande Chartreuse. Depuis Grenoble, de jolies boucles par le Col de La Placette puis le Coq depuis Saint-Laurent-du-Pont, ou simplement le Col de Porte puis le Coq. Peu de kilomètres mais un bon dénivelé.

© Fab__Rides 📷




 

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