Secourisme en Montagne : comment éviter et gérer un accident ?

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Après plusieurs années de pratique régulière de la montagne, en tant qu’encadrant Alpinisme au Club Alpin et infirmier chez les Chasseurs Alpins, je réalise malheureusement qu’en tant que montagnard nous serons tous confrontés, au moins une fois dans notre vie, à un accident. Que ce soit pour nous, pour notre compagnon d’aventure, ou enfin pour d’autres pratiquants à qui on porte secours… les accidents en montagne sont courants. En 2018, il y a eu plus de 6 500 secours déclenchés en France, dont la moitié pour des randonneurs. C’est donc une éventualité à laquelle nous devons nous préparer.

S’il est évident qu’en montagne on cherche avant tout à anticiper les risques, il ne reste pas moins essentiel de savoir comment agir si un accident survient. On peut donc découper cette préparation en différentes phases : la formation au secourisme en montagne, la préparation chez soi la veille de course, la gestion de course afin d’éviter l’accident et, si malheureusement il arrive, la gestion de ce dernier.

Se former au secourisme

1. Connaître les pathologies de montagne

Savoir identifier les pathologies de montagne est aussi important que de savoir lire une carte ou faire un nœud de huit. Par exemple, si on ignore les symptômes d’un mal aiguë des montagnes, cela retarde le temps de prise en charge. Ce qui peut conduire le malade à développer une forme grave comme un œdème pulmonaire. Il est donc essentiel de connaître les principales pathologies de montagne, comment les éviter et leur prise en charge. La lecture du Petit manuel de médecine de montagne d’Emmanuelle Cauchy est, à cet égard, un bon début.

2. Savoir faire les gestes qui sauvent

Que ce soit la chute de pierre, le risque de se planter un crampon dans le mollet ou de se couper avec la carre du ski… En montagne, nous nous exposons malheureusement à des risques de blessures hémorragiques. Or, l’hémorragie n’est pas à prendre à la légère car elle conduit rapidement à la mort. Surtout en montagne, où le temps d’intervention des secours professionnels ne permet pas de rester sans rien faire face à quelqu’un qui se vide de son sang. C’est pourquoi, savoir poser un pansement compressif ou un garrot est un geste qui sauve des vies, sans pour autant être une manipulation compliquée à apprendre. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de gestes aussi simples qu’utiles à connaître pour progresser en secourisme en montagne.

Se préparer à la maison

3. Remplir correctement sa trousse de secours

Dans notre sac à dos, chaque élément compte. Il ne faut prendre que ce qu’on sait utiliser. Savez-vous à quoi servent les éléments de votre trousse de secours ? Les avez-vous choisis en connaissance de cause ? La couverture de survie est un exemple très intéressant. Les modèles légers, pas chers et peu encombrants fleurissent dans les magasins de sport. Mais ces couvertures de survie à usage unique se déchirent facilement et isolent mal du froid. En montagne, et d’autant plus sur la neige, il faut un isolant efficace pour ne pas tomber en hypothermie. Lorsqu’on est conscient de ces éléments, choisir une bonne couverture de survie est presque une évidence. Je vous conseille donc, une fois par saison, d’ouvrir votre trousse et de la vérifier. Vous pouvez également télécharger ma check-list pour savoir que mettre dans votre trousse de secours. N’hésitez pas non plus à la réadapter en fonction de l’activité que vous allez pratiquer. Le matériel que vous avez sur vous peut aussi vous permettre d’alléger votre trousse de secours : si je prends une sangle et un mousqueton, ai-je besoin de prendre mon garrot tourniquet ?

4. Connaître les pathologies/antécédents de chacun

Les maladies et leurs séquelles modifient nos capacités physiques et intellectuelles. En montagne, nous tenons la vie de notre compagnon de cordée dans nos mains et lui la nôtre. Il semble absurde de partir avec quelqu’un dont on ne connait rien du niveau technique. Ce sont des questions qui viennent rapidement : quelles courses as-tu fait ? Comment t’es-tu senti sur cette course ? etc. Il est essentiel de transposer ces questions à l’état de santé. Nombreuses sont par exemple les personnes diabétiques qui continuent de faire de l’activité physique, c’est même recommandé ! Mais cela prend du temps de savoir concilier cette maladie et un effort physique long. Si votre binôme est diabétique, n’hésitez pas par exemple à lui demander la procédure à tenir en cas de malaise ainsi que de vous montrer les gestes à faire (test de glycémie, injection d’insuline…). Pendant la préparation de la randonnée ou de la course d’alpinisme, il faut donc demander l’état de santé, actuel et passé, de chaque participant pour anticiper ce genre de soucis.

Éviter l’accident

5. Ne pas sous-estimer un petit bobo

Un petit problème, même un caillou dans une chaussure, va modifier petit à petit nos comportements. En montagne, les petits bobos ne feront que grandir si nous ne faisons rien. Des gênes ophtalmiques par exemple, liées au soleil et à la réverbération, doivent être traitées immédiatement car elles ne feront qu’augmenter. Elles peuvent entraîner une impossibilité d’ouvrir les yeux à cause de la douleur, allant jusqu’à nous empêcher de nous déplacer seul. Afin d’éviter les accidents, il vaut mieux gérer les petits problèmes dès qu’ils se présentent plutôt que de se dire que nous nous en occuperons le soir ou à la pause. On dit souvent qu’en montagne, il n’y a pas de petite flemme, il n’y a pas non plus de petit bobo.

6. Être à l’écouter du groupe

Tout au long d’une journée en montagne, notre état de forme se modifie, et ce différemment pour les membres du groupe. La peur diminue les capacités d’analyse et sollicite de manière excessive les muscles : on tétanise et on est incapable de visualiser les moyens de s’en sortir. Prendre en compte le simple élément objectif du dénivelé est une erreur, car chacun vit la course différemment. Il est donc important de vérifier régulièrement l’état général du groupe en demandant à chacun comment il se sent. Il faut pour cela créer un climat propice à l’échange. Le 3X3 ou le TECAP sont des outils qui permettent de mettre en place une atmosphère bienveillante au sein de la cordée.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Gérer l’accident s’il arrive

7. Savoir donner l’alerte

Donner un message clair et précis aux secours en montagne est un gage d’efficacité. Il faut donner les informations essentielles et dans un ordre qui permettra au secours de venir quoi qu’il arrive. Les secours ont absolument besoin de connaître notre position. Si cette information a été donnée au début et si la communication coupe, ils pourront toujours venir nous chercher. Il faut donc leur donner notre localisation en allant du plus large au plus précis : département, vallée/vallon, sommet, itinéraire, temps de marche depuis un point caractéristique. Je vous conseille de mettre dans votre trousse de secours un mémo récapitulatif pour appeler les secours. Dans la précipitation, nous oublions beaucoup de choses. Vous pouvez télécharger mon mémo.

8. Gérer le blessé jusqu’à l’arrivée des secours

En France, le temps d’arrivée des secours en montagne est relativement court (45 min), mais c’est très long en comparaison avec le temps d’intervention d’une ambulance en ville. Et c’est surtout, dans le cas d’une urgence vitale : excessivement long ! Savoir arrêter une hémorragie, faire un massage cardiaque en relais pendant des dizaines de minutes ou éviter l’hypothermie qui majore les autres pathologies sont des gestes incontournables du secourisme en montagne. Ne pas les maîtriser c’est prendre le risque d’être impuissant face à un compagnon de cordée à qui il arrive un problème.

Aller en montagne nécessite évidemment : un bon entraînement physique, savoir lire l’itinéraire ou encore connaître les manips de corde… Ces apprentissages sont au cœur des formations pour devenir autonome en alpinisme, escalade, raid en itinérance ou ski de randonnée… La formation en secourisme et la maîtrise des gestes qui sauvent sont encore trop négligées dans ces formations. Peu de montagnards sont correctement préparés pour agir face à un accident ou une blessure. Nous passons plus de temps à pratiquer la recherche DVA ou le mouflage, qu’à s’entraîner aux gestes qui suivent pour maintenir en vie un blessé jusqu’à l’arrivée des secours professionnels.

Si vous allez régulièrement en montagne et que vous souhaitez progresser dans le domaine des accidents en montagne, vous pouvez vous inscrire à ma newsletter et recevoir une fois par mois dans votre boite e-mail des conseils pour vous former au secourisme en milieu isolé.

© Les Dirtbags / Instagram 📷

 

Les Dirtbags sont les créateurs du Carnet Montagne, un carnet pour tous les amoureux de ski de rando, d’escalade et d’alpinisme… qui veulent noter où ils sont allés, suivre leur progression et ne rien oublier en veille de course. Ils ont également adapté une version pour les 6-11 ans en créant Mon Premier Carnet Montagne, pensé plus particulièrement pour la découverte de la randonnée en famille. (frais de port offerts avec le code promo TRACETAROUTE )

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