Une jolie boucle à la découverte des reculées du Jura, par monts et par vaux, au travers de somptueuses forêts et un passage par le pittoresque village de Baume-les-Messieurs. Côté sport : de belles grimpettes et des pistes royales pour la pratique du gravel.

Avant de partir, êtes-vous bien équipé ? ➜ retrouvez nos conseils pratiques 🚴‍♂️

Le Jura, terre de gravel

Le massif du Jura se prête magnifiquement bien à la pratique du gravel, ces vélos mi-course mi-VTT qui se vendent comme des petits pains depuis quelques années maintenant. Le Jura regorge de pistes forestières ou agricoles, impraticables à vélo de route, ennuyeuses à VTT, elles régaleront les pratiquants de cette nouvelle discipline directement venue des États-Unis où les pistes en gravier (gravel en anglais) sont nombreuses quand on sort du réseau routier principal.

La boucle de circuit à vélo dans le Jura présentée ici peut, bien entendu, être débutée d’où vous le souhaitez, mais Perrigny, tout à côté de Lons-le-Saunier, ou le splendide village de Baume-les-Messieurs semblent des points de départs privilégiés. Les deux options offrent un final descendant notamment. Départ donc du parking de la voie cyclable (sans la prendre cependant) reliant Perrigny à Châtillon, un village situé sur ce qu’on appelle le « premier plateau » jurassien. En parlant de plateau, départ ici sur le plus petit puisque le tour commence par un raidillon sévère. La route devient piste et file droit dans la forêt pour rejoindre les hauteurs du bassin lédonien.

Premier point de vue sur Lons-le-Saunier et les collines environnantes après ce départ violent qui a le mérite d’échauffer les gambettes. La piste s’enfonce ensuite plus profond dans la forêt où s’élèvent les hêtres, les chênes et les sapins, typiques du Jura. Les rayons de soleil dansent avec le feuillage et baignent les sous-bois d’une douce lueur.

vue sur le bassin lédonien

Après avoir traversé une route très passante (soyez prudent ici!) un petit crochet s’impose par un belvédère avec une vue plongeante sur la reculée de Baume-les-Messieurs. Une « reculée » est un terme jurassien désignant une vallée encaissée, bordée de falaises abruptes, qui se termine en cul-de-sac. En contrebas du belvédère, quelque 150 mètres plus bas, s’ébroue la cascade de Baume-les-Messieurs qui gronde fort en période bien arrosée mais se tarit en plein été. Au loin, se dessine l’imposant clocher de la monumentale abbaye de Baume-les-Messieurs.

vue depuis le belvédère © Fab__Rides 📷

Le circuit revient pendant quelques mètres sur ses pas avant de rejoindre le hameau de Sermu. A la sortie de celui-ci, ne pas rater le petit sentier qui s’enfonce dans le bois. Ce single-track pierreux tape un peu mais reste roulable sans problème. Il descend à flanc de colline, en ligne droite jusqu’à deux petits lacets serrés et débouche sur le lieu-dit de la Peyrouse. Le lieu est incroyablement bucolique, avec son petit pont de pierre enjambant la Seille qui roucoule en son lit, de belles bâtisses en pierres claires, le tout enrubanné de verdure ou paré de milles feux à l’automne. Un petit coin charmant.

Direction ensuite Baume-les-Messieurs, quelque deux kilomètres plus loin. En période touristique, vous devrez empruntez la petite route menant au village. Hors-saison, je vous conseille de prendre, sur votre gauche au niveau d’un parking, un petit chemin qui suit la Seille au plus proche.

De Baume-les-Messieurs à La Marre

Classé parmi « les plus beaux villages de France », Baume-les-Messieurs mérite amplement son label. Les maisons de pierre sont proprettes, serrées les unes aux autres, comme pour se protéger du froid, et dominées par l’imposante et rassurante silhouette de l’abbaye Saint-Pierre. Site clunisien remarquable, l’édifice s’est développé sur plusieurs siècles et présente donc différents styles architecturaux, dont des éléments d’art roman jurassien. Le village, très bien conservé et très pittoresque, est qui plus est serti d’un écrin splendide. Ce célèbre village du Jura s’est déployé sur les bords de la Seille, dans un vallon verdoyant encaissé, dominé de hautes falaises du Jura, à la croisée de trois reculées.

Le lieu mérite vraiment une visite, avec en plus, à deux pas, la cascade des Tufs du cirque de Baume et les grottes de Baume-les-Messieurs. Si le temps a été pluvieux les jours avant votre passage, je vous conseille l’aller-retour (ajoutant environ quatre kilomètres) jusqu’à la cascade, un site vraiment splendide.

la cascade des Tufs © Fab__Rides 📷

A vélo, on ne fera qu’effleurer la beauté du site, bien qu’un arrêt dans un des petits cafés du village n’est pas interdit. Le tracé GPS vous fera passer au cœur du village, par de petits chemins dérobés, puis par la route surplombant l’abbaye. Après une courte montée asphaltée, le tour s’échappe par un sentier sous les falaises où nichent des martinets à ventre blanc.

Le chemin retombe sur le lieu-dit de la Peyrouse puis sur la route en direction de Château-Chalon que l’on voit au loin, perché sur un éperon rocheux ourlé de vignes, le village est bien connu des amateurs de vins et est lui aussi classé parmi « les plus beaux villages de France ». Mais si ce bourg mérite aussi le déplacement, notre boucle bifurque plein est pour s’engouffrer dans une autre échancrure géologique. Le tracé délaisse la route pour une piste qui se termine dans un champ que l’on traverse pour déboucher sur une petite route. De là, une magnifique piste de gravel s’élance en quelques lacets à l’assaut de la colline et permet de sortir de la reculée.

Arrivé au sommet de la bosse, les pistes et sentiers s’enchaînent sur le premier plateau jurassien, un parcours joueur parsemé de quelques points de vue sur la reculée de Blois-sur-Seille avant de reprendre une portion de route jusqu’au village de La Marre, d’où provient le Bleu de La Marre, un fromage du Jura que je ne peux que vous conseiller si vous êtes amateur de bleus. Mais retournons à nos moutons…

vue depuis le belvédère de Ladoye

De La Marre à la voie cyclable et retour sur Perrigny

Depuis la sortie de La Marre, un long tronçon de pur gravel s’offre à vous. Quel plaisir de rouler sur cette large piste qui transperce la forêt, qui ondoie sagement de droite et de gauche, qui valonne très gentiment. Exactement le type de chemin pour lequel ces vélos sont faits, des chemins vite ennuyeux à VTT et impraticables avec un vélo de route, des chemins où le vélo de gravel et son cavalier s’expriment au mieux. Grisant !

Retour sur une piste joueuse après la traversée de la route de Champagnole, qui requiert une certaine prudence car les automobilistes roulent vite, avec quelques talus qui demandent d’appuyer un peu plus fort sur les pédales. Le tracé passe ensuite tout près du village de Vevy dont le magnifique toit coloré de l’église darde le ciel.

Encore quelques kilomètres sur le plateau, sur un profil jamais vraiment montant, jamais vraiment descendant, mais jamais vraiment plat et surtout vraiment usant si vous n’êtes pas en mode balade. Un univers loin d’être montagnard mais où a élu domicile une harde de chamois peu farouches qui souvent broutent dans les prés, ouvrez l’œil. La fin du parcours suit une voie cyclable, goudronnée sur le plateau jurassien puis en sable compacté. A partir de cette partie en gravier, il n’y a plus qu’à se laisser couler jusqu’à Perrigny. Il faudra encore pédaler un peu mais cette dernière portion est descendante et particulièrement agréable à rouler.

Cette voie verte, appelée aussi « voie PLM », emprunte l’ancien tracé d’une ligne de chemin de fer. Exploitée par la société PLM de 1891 à 1938, cette ligne reliait Lons-le-Saunier à Champagnole. Cette piste cyclable est une trace assez folle de l’histoire, à une époque où le train et le tramway se développaient sur tout le territoire. Il demeure bien souvent de ce passé ferré des gares, comme l’ancienne gare de Conliège, située en hauteur par rapport au village, surplombant la vallée, aujourd’hui lieu d’habitation paisible.

Mais le plus surprenant sur cette ancienne voie ferrée sont les infrastructures. En effet, le tronçon qui part de Perrigny et grimpe sur le premier plateau, emprunté sur cette boucle dans l’autre sens, est un exemple des efforts fournis à cette période pour mailler le territoire. Pont métallique, galerie et tunnels s’enchaînent sur à peine sept kilomètres. Le plus impressionnant sont les cinq tunnels, en particulier celui de la Diane, long de 900 mètres et heureusement éclairé. Ils sont d’ailleurs normalement tous équipés en détecteurs et les lumières sont censées s’allumer à votre passage, « censées » car j’ai dû plusieurs fois franchir certains des tunnels dans l’obscurité, à la lueur du portable… Prévoyez donc un bon phare avant pour ce parcours.

Entre ces prouesses du génie civil, vous pourrez aussi profiter de jolies vues sur les collines boisées alentour et les coteaux plantés de vignes. Plusieurs panonceaux instructifs jalonnent cette portion et permettent de découvrir et s’imaginer ce qu’était la France à cette époque. Une époque où le train était roi, mais la roue tourne et, comme le vélo revient en vogue aujourd’hui, peut-être le chemin de fer retrouvera ses heures de gloire passées.

vue sur l’ancienne gare de Conliège

Variante : un peu moins

Depuis Baume-les-Messieurs, cette boucle un peu plus courte évolue autour de la reculée de Baume (28 km et 430 mètres de dénivelé⁺). L’itinéraire commence donc dans le village classé puis suit le même tracé que celui présenté. Après La Marre, cette boucle écourtée emprunte un joli single qui vous amène au belvédère de la cascade des Tufs où vous rejoignez l’itinéraire pour finalement redescendre sur Baume par un dernier sentier rocailleux. Une boucle idéale si vous séjournez dans le village de Baume ou non loin. (voir la trace GPS)

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