Étape toscane dans la charmante LUCCA

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Piazza dell'Anfiteatro

Située entre Pise et Florence, c’est au cours d’un road trip en Toscane que j’ai passé une journée à Lucques. Moins connue que ses voisines, Lucca dispose néanmoins de tous les charmes à l’italienne. Sur les bords du Serchio, on y retrouve une forte identité médiévale, agrémentée de remparts et de tours, des places typiques et des églises remarquables, en faisant une étape incontournable lors d’un voyage en Toscane.

 

Lucca, ville fortifiée

Lucques a été fondée par les Étrusques avant de devenir une colonie romaine au IIe siècle, d’où remontent les premières fortifications. Place forte du Royaume de Lombardie aux Ve et VIe siècles du fait de ses activités commerciales et textiles (soie), elle devient ensuite République indépendante, de 1160 à 1805 (hormis des brèves périodes d’occupations florentine et pisane au XIVe siècle, puis française et autrichienne entre 1799 et 1801). Elle sera dissoute et convertie en Duché en 1815 avant d’être intégrée à la Toscane en 1847. Plus d’infos sur l’histoire de Lucques.

Se promener sur les remparts

Après s’être garés (à l’extérieur), nous sommes allés se poser sur les remparts de Lucques pour manger notre panini (cf : fin de l’article) et ressentir une première impression. La Mura di Lucca est une enceinte fortifiée datant de 1513. Son tracé à l’italienne est composée de 12 courtines et 11 bastions, protégeant la ville historique, entourée d’un canal et d’herbe. À l’origine, seules trois portes permettent d’entrer : la Porta San Pietro, la Porta Santa Maria et la Porta San Donato. Depuis, la Porta Elisa, la Porta Sant’Anna et la Porta San Jacopo ont été ajoutées. Ensuite, nous nous sommes baladés à pied sur le chemin de ronde de 4 kilomètres de longueur (rendu accessible au XIXe siècle), la passeggiata delle Mura, à l’ombre des peupliers, dans une dolce promenade avant de rejoindre le centre-ville et ses monuments. J’ai appris après-coup qu’on pouvait visiter les remparts de l’intérieur, accessibles depuis une des portes.

 

Les charmes d’une ville italienne médiévale

Visiter Lucques, c’est se plonger dans des petites ruelles exiguës fardées d’ocre jaune et rouge, ponctuées de piazze (places de l’Amphithéâtre et Antelminelli). Celles-ci sont souvent agrémentées d’une église méritant véritablement le coup d’oeil ou d’une tour dans la perspective d’une via. L’essentiel de l’intérêt touristique de Lucca se tient dans le centre historique qui se parcourt en une journée (c’est suffisant). On retrouve le plan romain largement orthogonal avec le corso maximus de la via Fillungo et son perpendiculaire decumanus de l’axe via San Paolino, via Roma, via Santa Croce. Leur intersection se faisant sur la piazza San Michele, véritable carrefour central de la città.

 

La Piazza dell’Anfiteatro

LA place emblématique de Lucques ! Comme son nom l’indique, la piazza dell’Anfiteatro occupe la place de l’ancien amphithéâtre romain de Luca (datant du IIe/Ier siècle avant JC). Tombé en ruine avec les invasions barbares, l’espace fut réaménagé en tant que “place” au Moyen Âge où elle faisait office de parlascio (lieu où se tenaient les réunions citoyennes). Puis, différentes constructions (dépôts, poudrière, prison…) furent érigées autour. On doit son aspect actuel à l’architecte Lorenzo Nottolini qui, au cours du XIXe siècle, a débarrassé la place pour lui redonner sa fameuse et caractéristique forme antique d’ellipse. Entièrement encerclée de bâtiments, on y accède par l’une des quatre portes. Aujourd’hui, il s’agit d’une des principales attractions de la ville de par sa singularité et son charme tout italien. De nombreuses terrasses de cafés et restaurants se dressent sur l’espace ovale pavé.

 

La Piazza San Michele

Située en lieu et place de l’ancien forum romain, la piazza San Michele est historiquement la place principale de Lucca, croisée des chemins de la ville. D’ailleurs, c’est ici que j’ai le plus subi la foule touristique venue, comme nous, visiter Lucques à la journée. On y retrouve un condensé d’Italie avec une place entièrement pavée, entourée de bâtiments aux façades orangées et jaunes ou de briques rouges médiévales. Le bâtiment avec loggia et arcades est le Palazzo Pretorio (construit au XIVe et XVe siècles), originellement tribunal du Podestà. Au centre, une statue, sculptée par Ulisse Cambi en 1863, représentant Francesco Burlamacchi, homme politique lucquois.

 

L’Église San Michele in Foro

Mais évidemment, le monument essentiel de la piazza est son église éponyme, la Chiesa San Michele in Foro. La création de l’édifice remonte au VIIIe siècle mais sa forme actuelle, de style roman, date du XIe et sa façade du XIIIe. Cet imposant plan vertical est caractéristique avec ses arcades sur 5 étages dont 4 niveaux en loggias, surpassant les 2 niveaux latéraux. Les touches de marbre rose et vert rappellent la Cathédrale de Florence ou Duomo de Sienne. Un campanile se dresse sur la partie droite du transept.

Arrivés trop tard en fin de journée, nous n’avons pas pu visiter l’église San Michele in Foro. Toutefois, sans être apparemment exceptionnel, l’intérieur vaudrait, semble-t-il, le coup d’œil avec une vaste nef ainsi que des œuvres comme une Vierge à l’Enfant sculptée par Luca della Robbia et un tableau de Quatre Saints peint vers 1483 par le grand Filippino Lippi.

 

L’ornementation extérieure est toutefois déjà remarquable. Elle est composée de 6 losanges (identiques à ceux de la Cathédrale de Pise) dans la partie basse et, dans les étages, de colonnades aux motifs géométriques, végétaux ou monstrueuses, à chaque fois uniques ou presque. Les colonnes sont surmontées de figures saintes sculptées et d’une frise marquetée d’animaux et de rinceaux. Au sommet de la façade, une grande statue de Saint-Michel terrassant le dragon mesurant plus de 3 mètres de haut. Un diamant est serti dans la bague en bronze et en cuivre de l’Archange. Une statue de la Vierge (sculptée par Matteo Civitali en 1480 pour célébrer la fin de la peste de 1476) se tient également dans l’angle de droite de la façade.

 

La Piazze Antelminelli et San Martino

Il règne ici des airs de place du village. Les bâtiments qui la bordent sont plus petits et espacés les uns des autres. Chose peu fréquente sur les places italiennes, la plupart du temps intégralement minérales, la végétation y est visuellement présente avec quelques arbres émergeant du jardin du Palazzo Micheletti. Au centre de la place, une fontaine, large, ronde, minimaliste. Cette place jouxte la piazza San Martino. Lors de ma venue, les deux étaient investies par les stands d’une brocante, preuve que la vie quotidienne de la cité ne cède pas au tourisme.

La Cathédrale San Martino

Néanmoins, la simplicité de ces deux places est contrebalancée par l’imposante architecture du Duomo di San-Martino (84 mètres de long, 27 de large et 27,5 de hauteur). Cette cathédrale a été édifiée du XIe siècle dans un style roman pisano-lucquois (il y a une certaine évidence à trouver les points communs). Ainsi, la façade de marbre blanc, rose et vert, reconstruite au XIIIe siècle, rappelle celle de l’église San Michele in Foro avec 3 étages en colonnade avec loggias, au-dessus d’un porche avec trois grandes arches. Au-dessus du portail gauche, deux bas-reliefs sculptés par Nicola Pisano (et en mauvais état de conservation) : une composition associant Annonciation, Nativité et Adoration des Mages et, dans le tympan supérieur, une Déposition. À droite, un labyrinthe digital gravé. À noter que la façade n’est pas symétrique du fait du campanile médiéval antérieur (69 mètres de hauteur) dans lequel elle semble s’incruster. En effet, il manque quelques mètres à droite et l’arche latérale est ainsi plus petite que les deux autres.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

L’intérieur de la Cathédrale San Martino est assez remarquable (entrée 3€). La nef est spacieuse, le sol est recouvert de marbre aux motifs géométriques tandis que les voûtes sont peintes dans un style gothique avec un lumineux doré et d’un vibrant bleu céleste. Séduisante particularité de l’architecture, la partie supérieure des murs avec des triforiums ouverts sur “rien” amène une légèreté aérienne à la structure en pierre.

De part et d’autre, les bas-côtés hébergent quelques autels sculptés, comme celui de Giambologna (1577-1579). On trouve également quelques peintures de maitres comme La Cène (1592-1594) du Tintoret ou une Vierge à l’Enfant entourés des Saints (1479) de Domenico Ghirlandaio, au-dessus de laquelle se tient le Christ mort soutenu par Nicodème (1498) de Filippino Lippi.

Deux éléments sont caractéristiques de la Cathédrale de Lucques. Le premier est le Volto Santo (“Saint Visage”) abrité dans le tempietto doré qui se situe sous la partie gauche de la nef. Il s’agit d’un crucifix en cèdre représentant le Christ grandeur nature. Il aurait été sculpté par Nicodème, témoin de la Crucifixion, en faisant ainsi un objet d’adoration et donc de pèlerinage (la réalité serait qu’il ait été sculpté en XIIIe siècle). Bon, pour être honnête, je ne l’ai pas crédité d’un intérêt plus esthétique que fantasmagorique… L’autre est le tombeau d’Ilaria del Caretto sculpté en 1406-1408 par Jacopo della Quercia (qui a beaucoup œuvré à Sienne et notamment créé la fontaine de la piazza del Campo). Plus d’infos sur la Cathédrale San Martino sur ce site.

le Volto Santo

le tombeau d’Ilaria del Caretto

L’Église Santi Giovanni e Reparata

À quelques pas, sur la piazza San Giovanni, la petite église Saint-Jean et Sainte-Réparate ne paie pas de mine mais il s’agit en fait de l’ancienne cathédrale de Lucca, avant que sa voisine soit consacrée et une des plus grandes basiliques d’Europe à l’époque. Bâtie au IVe siècle, sa façade de style Renaissance est due à une modification. À l’intérieur, la nef romane est dépouillée et “seul” le plafond en caisson de bois du XVIIe siècle apporte un réel intérêt. Néanmoins, l’ entrée (4€, pass combiné possible) donne accès à l’aire archéologique.

L’église du XIIe siècle a été érigée sur l’ancienne basilique du Ve siècle. On peut alors observer l’ancienne abside du IVe et du Ve siècles, une crypte carolingienne des VIIIe et IXe siècles, des mosaïques d’une maison romaine, les vestiges d’un therme ainsi que la zone de travail lors de la reconstruction du XIIe siècle avec quatre fours à chaux et une zone de coulée utilisée pour la fabrication des cloches en bronze. Un mille-feuilles historique de Lucques en somme.

Ensuite, nous sommes montés dans la Torre San Giovanni pour profiter de la vue sur Lucques. Après quelques efforts de marche, on dispose alors d’un panorama à 360° (en 4 fois) sur la cité médiévale, plongeante sur la piazza Antelminelli voisine et le Duomo di Lucca ainsi que sur les multiples tours qui pointent dans le paysage. Certes, on n’est pas à San Gimignano mais on retrouve bien cette particularité toscane.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

La Basilique San Frediano

Reconstruite sous sa forme actuelle au XIIe siècle, la basilica di San Frediano (consacrée ainsi en 1147) est en fait une des plus anciennes églises de Lucques. Elle fut érigée sur une église du VIIIe siècle, sur un premier édifice religieux du VIe siècle, en hommage à Saint Fridianus, évêque de Lucques entre 560 et 588 et qui l’a faite bâtir (son corps y fut placé dans une crypte). Si son architecture est classique, la remarquable mosaïque du XIIe siècle sur son pinacle force d’emblée l’admiration !

 

L’intérieur de la basilique (3€ l’entrée) est à la hauteur de la promesse. La nef est grande et haute, soutenue par une série de colonnes relativement fines en comparaison, offrant alors la sensation d’un large espace au sol. Son style sobrement roman (une de plus à Lucques !) apparait assez austère avec ses murs de briques et son plafond en charpente. Les ouvertures supérieures diffusent une douce lumière pour une grande sérénité.

Les nombreuses chapelles latérales sont, quant à elles, richement décorées. Celles-ci sont embellies de moulures luxuriantes, de fresques (parfois en grisaille, imitant le volume) et d’autels sculptés. La plus intéressante étant, selon moi, la Cappella di Sant’Agostino. Toutefois, aucune œuvre de grand-maitre ne sont à voir sinon peut-être le polyptyque en relief de Jacopo della Quercia, Madonna con Bambino e i Santi Lorenzo, Girolamo e Frediano (1422). Le chœur et le maître-autel n’ont, quant à eux, rien de particulier pour réjouir la rétine sinon un rapide coup d’œil sur les motifs du sol en marbre.

Les fonts baptismaux attisent la curiosité par ses imposantes dimensions et ses nombreuses scènes sculptées. La basilique San Frediano possède également une chapelle avec le corps de sainte Zita de Lucques, momifié (au moment de son plus beau sourire) et visible dans une châsse vitrée. Plusieurs tableaux sur les murs relatent sa vie de dévotion, notamment envers les pauvres.

 

Les autres lieux d’intérêt à visiter à Lucques

La Torre Guinigi est l’un des monuments les plus visités de la ville. Cette tour de briques rouges datant de 1384 est facilement remarquable avec ses arbres qui coiffent son sommet. Accessible depuis la via Sant’Andrea, des escaliers internes permettent d’atteindre le jardin suspendu, 45 mètres plus haut, offrant alors une vue panoramique sur la cité toscane. Il s’agit d’un “incontournable à voir à Lucca” apparemment. Enfin, nous, on n’y est pas montés, quelque peu refroidis par le prix (5€ !), préférant la Torre San Giovanni. Idem pour sa grande sœur, la Torre delle Ore, plus haute tour de Lucques, pointant à 50 mètres de hauteur (accès 5€ également). Une première horloge munie d’une cloche y fut installée en 1390 puis on y ajouta un cadran deux siècles plus tard.

Dans la liste des choses à voir à Lucques, on trouve aussi le Palazzo Pfanner et son jardin à l’italienne inspiré de celui de Boboli à Florence, le Museo Nazionale Guinigi, le Musée du Palazzo Mansi et le Centre d’Art Contemporain Lu.C.C.A hébergé dans le Palazzo Boccella. La piazza Napoleone et la piazza del Giglio méritent au moins un coup d’œil pour parfaire la visite de Lucques. Éventuellement, pour les plus curieux (et véhiculés), la Chartreuse de Farneta, à une dizaine de kilomètres au Nord de la ville.

les tours de Lucques

le Palazzo Pfanner

Infos pratiques

Comment se rendre à Lucques

Situé à 20 km de Pise et à 80 km de Florence, Lucca peut facilement se faire à la journée depuis ces deux villes ou bien, réciproquement, être le point de départ pour aller les visiter (gare accessible en quelques minutes à pied, soirées plus tranquilles, logements moins chers…).
par la route : compter 1/2h de route pour rejoindre Pise par la SS12 et 1h pour Florence par la E76 et la A11 (1h en bus avec VaiBus).
en train : 1/2h pour Pise gare centrale, 1h30 pour Florence Santa Novela.
en avion : vous pouvez atterrir aux aéroports de Pise ou Florence. Comparez les prix des billets sur LastMinute.com ou Expedia.fr ou Kayak.fr.


🍽 Casse Ta Croute… à Lucques

Sur un avis expérimenté, nous sommes allés prendre un sandwich au Pan di Strada, Corso Garibaldi, au Sud de la vieille ville. Je vous recommande vraiment cette bonne adresse où l’on retrouve un large choix de panini (froids en Italie !) préparés sous vos yeux avec des produits locaux de qualité. En fouillant sur le web, j’ai aussi vu Da Ciacco. Sinon, concernant les restaurants à proprement dit, le Lonely Planet recommande la Pizzeria da Felice et la Gigi Trattoria.

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