PONTEDERA, Arts et Vespa en Toscane

Piazza Curtatone e Montanara de Pontedera et Palazzo Pretorio (Valdera, Toscane, Italie)

Pontedera. Ce nom ne vous dit rien (comme moi avant) et pourtant c’est le berceau de Piaggio et de la célébrissime Vespa ! J’ai visité la ville (et ses alentours) en 2 jours et ainsi pu découvrir la culture locale contemporaine et patrimoniale avec ses musées et sa gastronomie toscane.

 

Je me suis rapidement baladé dans Pontedera. Même si elle est loin d’être un joyau, on y retrouve tout de même les charmes de l’Italie avec des ruelles piétonnes pavées, des petites boutiques, une certaine désuétude de l’architecture (que personnellement j’apprécie). Comme à chaque fois, petit tour dans l’église locale, symbole d’une grandeur et d’une esthétique à un temps donné.

Après l’industrie, la… culture !

Mais l’atout principal de Pontedera est son profil culturel. Après les années de vie industrielle, Pontedera a dû chercher à réinventer et comme souvent (cf : Bilbao, Turin), c’est sur la culture que l’on mise ! Comment ne pourrais-je pas être d’accord avec cette vision ? Enfin des politiques qui ont le nez fin (économiquement et socialement). Dès mes premiers pas à Pontedera, j’ai pu voir qu’il y avait une volonté d’investir l’espace public avec l’art : deux blocs vous accueillent dès la sortie de la gare puis une allée est jalonnée de différentes assises sculpturales en marbre, réalisées par différents artistes. Au bout, “la plus grande fresque en mosaïque d’Europe” m’a-t-on dit, réalisée par BAJ.

 

Mais la première grande initiative avait été d’organiser un festival de musique du Monde (méditerranéenne et orientée majoritairement autour du Portugal). Depuis les années 1990, Sete Sois, Sete Luas se déroule chaque année dans plusieurs villes d’Europe (Frontignan, Piran… et beaucoup au Portugal et au Cap Vert).

QUE VISITER À PONTEDERA ?

Le Musée Piaggio et sa Vespa

Même si l’usine Piaggio continue encore à produire, elle n’est plus à son apogée (plus de 12.000 employés) et elle a dû désaffecter une partie de ses bâtiments. La municipalité y a installé sa nouvelle médiathèque et Piaggio a décidé de valoriser son patrimoine (plutôt que laisser des fantômes) en créant un musée à son nom.

 

Le parcours muséologique commence à retracer l’histoire de la famille gênoise Piaggio qui est venue s’installer à Pontedera (du fait de la présence de l’aéroport de Pise) pour y fabriquer ses véhicules : avions, trains, voitures, motos et… la fameuse vespa ! Piaggio (en collaboration avec Pirelli) s’était même essayé à la fabrication du premier hélicoptère. En vain car très couteuse…

 

Je suis personnellement peu sensible au sujet mécanique mais le musée est malgré tout intéressant et j’ai trouvé goût à parcourir l’histoire de la célèbre marque italienne et, par là même, un bout de l’histoire de l’Italie à travers la mythique Vespa (le design qui devait même permettre aux nonnes de l’utiliser en robe, son influence sociale et culturelle avec des affiches et des extraits de films). Il y a de nombreux modèles d’époques et de couleurs différentes et certaines pièces uniques (dont une décorée par Salvador Dali) complètent la collection.

 

Durant l’exposition, on découvre aussi les différents modèles de motos (Piaggio et Gilera), du tricycle Ape (adapté en camion de pompier, fourgonnette, pick-up, tuk-tuk…), l’unique voiture piaggio vespa 400 ainsi que de l’hélicoptère sous-marin Alpha du film “Dick Smart, agent 2007”… (tous les modèles sur leur site)

d'autres photos des modèles Piaggio

Le Palazzo Pretorio

Une chose au programme m’intéressait particulièrement lors de mon séjour, l’exposition Tutti in moto ! qui se tenait au Palazzo Pretorio et au Musée Piaggio (pas de quiproquo avec la Vespa, même finalement c’est assez proche, “moto” signifie “mouvement” en italien). Bâti en 1384, ce bâtiment au centre de Pontedera accueillait jusqu’alors le tribunal et juste au-dessus… la prison. Aujourd’hui, il a été restauré pour devenir un musée d’art. Auraient-ils suivi les prescriptions de Victor Hugo disant “Celui qui ouvre une porte d’école, ferme une prison”… ?

 

❤ L’exposition temporaire est consacrée à l’expression artistique du mythe de la vitesse, un thème faisant intelligemment sens au vu de l’histoire de la ville. Le couloir est recouvert d’affiches de cinéma, la première illustre la question du déplacement (à la campagne ou en ville) et, dans une autre, une vidéo relate l’histoire de la première ligne ferroviaire italienne ainsi que des photos esthétiques de mouvements de skieurs par Enrico Pedrotti.

 

Hormis cela, c’est évidemment bien du Futurisme dont il est question dans cette exposition, mouvement artistique italien d’avant-garde né au début du XXe siècle sous le joug de Marinetti. Il était destiné à faire l’apologie du dynamisme, de la vitesse, d’un monde en mouvement permanent (lié au contexte de la 2nde révolution industrielle avec tous les nouveaux moyens de déplacements) en créant une esthétique moderne : points de vue insolites (ville depuis un avion en vol), angles de vue dynamiques (plongée/contre-plongée, cf : Rodchenko), décomposition du mouvement et répétition des lignes (cf : chronophotographies de Marey et Muybridge), étirement de lignes et obliques, couleurs vives et contrastées…

 

Je craignais un peu que le thème ne se suffisse à lui-même pour une exposition dans une petite ville comme Pontedera et en fait non, elle regroupe un riche ensemble d’œuvres (principalement des tableaux mais aussi des dessins qui illustrent bien la recherche formelle et quelques sculptures) dont celles d’Umberto Boccioni, Giacomo, Balla, Luigi Russolo, Gino Severini, Carlo Carrà, Marino Marini… pour les plus célèbres.

Ma sélection d’œuvres

Si vous passez dans le Valdera et que vous voulez vous faire un peu d’art moderne/contemporain, n’hésitez pas à y faire un saut, je pense que les prochaines expositions seront toutes autant de qualité. La visite se fait en moins d’1h et le lieu est vraiment très agréable à parcourir faisant ainsi une sympathique petite parenthèse culturelle.

La Villa Crastan

Jolie batisse dans le cœur de Pontedera, la Villa Crastan abrite aujourd’hui un centre d’art. De part son aspect extérieur, la volonté d’être un lieu “phare” était… déjà évidente : la façade était (sur)illuminée de rouge et bleu. À l’intérieur, pareil ! Mais en pire encore !

 

L’exposition du moment traitait de la négation et s’intitulait “Arte per non dormire”. Ah ça non, c’est sûr, avec ces spots violents sur les œuvres et dans les yeux, c’est pas prêt de nous faire dormir ! D’un point de vue muséographique, le parti pris d’un accrochage sur des cimaises de palettes était déjà suffisamment fort sans avoir à rajouter cet éclairage dégueulasse qui venait polluer toute appréhension “correcte” des œuvres. Psychédélique pop-baroque lumineux “m’a tuer“… Pourtant, certaines œuvres semblaient intéressantes (d’autres beaucoup moins !) mais l’ensemble ressemblait quand-même à un gros fourre-tout avec plein d’œuvres (qualitativement très inégales) sans cohérence plastique ou thématique : la négation, sculptures abstraites (surréalistes ?), maquette des sculptures-bancs dans la ville, photos sur le Caravagisme, détail de la fresque municipale etc… etc.. Bref, j’ai pas bien compris les tenants et les aboutissants du commissariat. Dommage, le lieu est beau et a un fort potentiel.

 
 

Pour info, j’ai passé deux nuits à Pontedera dans l’agréable hôtel B&B Il Viale (nuit double 50€/nuit, petit déjeuner compris à prendre dans la caffetteria pasticceria Gori, rue à côté). Il est au-dessus du restaurant Ci Ritorno (“très bon et toujours plein” m’a-t-on dit). Pour connaitre les restos testés, c’est ici.



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