Voyage en Roumanie : Transylvanie, Carpates et Maramures

Roumanie, Roumains, je vous aime !! Racoleuse ma déclaration d’amour ? Non, sincère ! Après une semaine de voyage en Roumanie, je réalise l’immense fossé entre l’image de ce pays souvent réduit à sa seule minoritié Rom (qui bien souvent suscite à tort défiance et mépris) et une réalité tellement plus belle et riche à tous les niveaux: paysages, population, villes, villages, mode de vie ! Récit détaillé de mon road-trip à travers 3 grandes régions roumaines: la Transylvanie, les Carpates et ls Maramures.

Avant-propos en forme d’éloge de la lenteur

Amis pressés qui comptent leur temps et leur km, la Roumanie n’est pas faîte pour vous. Ici on ne peut guère rouler à plus de 60 km/h ! Pas le choix pour ce pays qui compte à peine 500 km d’autoroutes et où il faut partager les routes secondaires parfois bien fatiguées avec vieilles Dacia aux moteurs rafistolés et charrettes tirées par les chevaux.
Un rythme lent qui a du bon et qui s’accorde parfaitement au rythme du voyage. On peut regarder le paysage, s’arrêter n’importe quand, observer à chaque détour une nouvelle scène de vie paysanne et prendre enfin son temps !

Voyage en Roumanie #1  – cap au centre – la Transylvanie

Autant Cluj Napoca, la ville où nous atterrissons, personne connait, autant la Transylvanie où nous mettons le cap, ça fait tilt. En effet c’est ici que serait originaire un certain Dracula, le vampire emblématique, la référence pour les adeptes du genre et les puristes . Ironie de l’époque ces derniers se font vampiriser à leur tour par des entrepreneurs avides de vendre leur Dracula Tour et autres formules clé en main « Chez Dracula ».

Sighișoara

Sighisoara - Roumanie - blog voyage

 

Qu’on se le dise, j’ai adoré le roman de Bram Stocker, je suis plutôt bon public devant un film de vampires mais non, je ne suis pas venue à Sighisoara pour visiter la maison natale de Vlada Tepes, la figure historique à l’origine du personnage fantastique. En fait je m’en cogne des vampires, gousses d’ail, crucifix et chauve-souris et bonne nouvelle, Sighisoara n’a pas été convertie en Dracula land.

Rien d’obscur ni de terrifiant donc pour cette jolie ville mais plutôt un cachet médiéval bien préservé qui lui a valu un classement au patrimoine de l’UNESCO : ruelles pavées, tour de l’horloge, citadelle, tout semble être resté à sa place, comme au Moyen-Age.

 

Villages saxons : Biertan – Rășinari – Cristian

Rasinari près de Sibiu en Transylvanie

 

Minute encyclopédie : le saviez-vous ? La Transylvanie doit une partie de sa culture, de son héritage historique et son architecture aux … Allemands ! En effet ces derniers arrivèrent dès le XIIIe Siècle, appelés par le roi de Hongrie pour contrer les raids des Turcs et Mongols. Ces nouvelles communautés ont bâti églises fortifiées et places fortes encore très bien préservées aujourd’hui et du reste mentionnées dans tous les guides touristiques.

En bons élèves que nous sommes, nous avons fait un tour dans 3,4 de ces villages saxons et grand bien nous en a pris !

Avec leurs forteresses robustes et austères, leurs grosses bâtisses colorées et leur cigognes qui nichent sur chaque poteau électrique, on dirait un mélange de rigueur germanique et de folklore alsacien mais sans les géraniums et le côté cossu et tout pimpant du village typique alsacien ou bavarois.

Village de Biertan - Roumanie

Biertan vu depuis sa forteresse

Plus que tout, entrer dans ces villages c’est remonter dans le temps et pénétrer dans un autre univers : chemins de terre en guise de rues, fouillis de lignes et poteaux électriques, chevaux, poules et chiens qui divaguent, carrioles de paysans qui traversent mollement mais sûrement. Nous voilà parachutés au XIX Siècle jusqu’à ce que la vision d’une paysanne le portable rivé à l’oreille nous sorte de notre béatitude passéiste. Oui la Roumanie a aussi droit a sa part de modernité !

 

A faire : dégoter une foire ou un marché paysan sur votre route

Roms maitres dans l'art de travailler les métaux

 

Durant ce road-trip, je me suis vite rendue compte qu’en Roumanie la route est un véritable lieu de vie, sorte d’extension du champ ou de la ville.  Impossible de faire un km sans croiser une charrette, une paysan avec un outil ou mieux, une foire ou un marché aux bestiaux bricolé sur la bas-côté ou dans un pré directement ouvert sur la route.

Roumanie - foire

 

Si comme nous, vous faîtes ce genre de découverte, arrêtez vous et allez à la rencontre de ce monde rural encore très majoritaire en Roumanie ( 45% de la population vit en milieu rural, contre 20% en France à titre de comparaison).

Foire aux bestiaux - Transylvanie

Au programme : veaux, vaches, cochons, porcelets, chevaux, buvettes, bonne odeurs de Mititei (petites saucisses de viande hachée) qui grillent et paysans bons vivants soit indifférents à nous soit au contraire souriants, communicatifs et jovials.

 

Sibiu

SIbiu en Romanie

 

Avec Sighisoara, c’est l’autre ville incontournable de tout voyage en Transylvanie et c’est mon petit coup de cœur. Oublié les clichés sur les villes roumaines grises, polluées et défigurées par l’ère Ceausescu, ici flotte un petit air d’Italie: vendeurs de glaces, centre historique réservé aux piétons, grandes et petites places avec d’innombrables terrasses qui invitent à siroter une bière tout en regardant s’écouler la vie locale.

 

Voyage en Roumanie #2 – Cap tout au nord – les Maramures

labour - maramures - Roumanie

 

Bienvenue dans les Maramures, paradis terrestre oublié, perdu aux confins de l’Europe. Ici perdure des modes de vie proches du Moyen-Âge et la vie rurale reste la norme. Cela se traduit dans les paysages et les scènes de vie qui défilent au rythme ralenti de notre voiture de location dont les pointes de vitesse dépasseront rarement les 60km/h (cf mon avant propos). Nous voici très très loin de notre Europe du XXIe Siècle même si la Roumanie en est membre depuis 2007.

On retrouve comme en Transylvanie les attelages tirés par les chevaux. Ils progressent dans des paysages vallonnés éclatant de vert et agrémentés des meules de foin aux formes variées.

 

Et puis partout des scènes pastorales dignes d’un autre temps : laboureurs poussant la charrue, paysannes en fichu, un râteau ou une bêche à la main, hommes coupant l’herbe à la faux, bûcherons maniant la hache avec dextérité. Vie et labeur reposent sur les ressources naturelles de base : la terre, le bois et l’herbe.

A vivre : 2 jours hors du temps et hors du monde chez l’Habitant

maramures

 

Une journée chez l’habitant dans un village des Maramures ça commence par des yeux qui s’ouvrent sur un tableau pastoral à la croisée d’un Millet et d’un Constable. Puis arrive le « bună ziua » franc et chaleureux que nous adresse Vasile, le maître de la maison. Ça se poursuit par une caresse au petit chien qui monte la garde, aux deux lapins et à l’unique vache que notre hôte vient de traire. Ensuite direction la cuisine où le lait tout frais de la « Marguerite » qu’on vient de caresser trône sur la table accompagné d’une orgie de choses succulentes : crêpes maison, fromage , tartines, œufs et j’en passe.

 

Ici on goûte à des plaisirs simples, tout comme on renoue avec des valeurs oubliées de nos sociétés modernes. L’autosubsistance, la solidarité, le respect des anciens, ça vos parle ? Dans les Maramures, ces valeurs sont érigées en principes de vie : le potager jouxte la maison et fournit de quoi manger au quotidien, basse-cour, cochon, vache assurant le complément. Pour la labour du champ,Vasile nous fait comprendre qu’il peut compter son voisin qui lui prête son cheval. Et puis dans la maisonnée toutes les générations sont réunies, ascendants et descendants, tout ce petit monde participant activement aux tâches du quotidien.

Ici l’écologie ce n’est ni un choix, ni un calcul, mais bien une évidence.

A faire: le marché de Sighetu Marmaţiei

Vendeuse - Marché en Roumanie

 

Derrière ce nom barbare se cache une toute petite ville de province aux portes de l’Ukraine où cohabitent diverses communautés (roms, hongrois, ukrainiens…) ayant une réalité commune : la paysannerie, encore et toujours ! Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour dans son marché hyper animé. Pas de doute sur l’origine des fruits, légumes, herbes et autres produits, tout est local et en stocks limités.

A voir : les églises en bois classées à l’UNESCO et le cimetière joyeux de Săpânța

Patrimoine UNESCO - Maramures

 

L’âme des Maramures réside dans ses campagnes intactes mais aussi dans ses églises en bois, élément incontournable du paysage, visible de loin en raison de ces immenses clochers qui les prolongent et leur donnent toute leur majesté. Ces prouesses d’architecture en bois sont une autre démonstration de l’interaction harmonieuse de l’homme et de la nature à travers un artisanat remarquable.

 

Si vous pouvez, poussez votre découverte de la région jusqu’à Săpânța, le ville qui abrite le célèbre cimetière joyeux qui porte si bien son nom !

Le repos éternel se fait sous des auspices pour le moins colorées et sur les stèles en bois, les défunts sont immortalisés sous forme de scénettes naïves et représentatives des métiers et activités du coin: paysan, femme au foyer, facteur, mineur …

Voyage en Roumanie #3 – direction la montagne des Carpates

Paysage des carpates - Roumanie - blog voyages

 

Notre road-trip se termine à environ 1000 m d’altitude dans la minuscule station de ski de Borsa au cœur des Carpates. Les paysages ont changé et rappellent un peu la Suisse mais avec de modestes abris de bergers en lieu et place des chalets luxueux et impeccables.

Les Carpates en Roumanie

 

Dans le petit « Complexul Turistic Borsa » assez naïvement on s’imaginait trouver du personnel parlant anglais qui aurait pu nous conseiller un guide local qui nous aurait accompagné pour une randonnée  au Mont Rudnei culminant à 2.300 m. Il n’en fut rien… pas de personnel bilingue, pas de guide, pas de rando. Restent ces splendides paysages et ces forêts insondables, refuge des derniers ours et loups d’Europe.

Mes 3 bonnes raisons de venir en Roumanie

  1.  Parce qu’ici on ne vous prendra jamais pour un touriste mais pour un individu ordinaire avec qui ont peut échanger, partager, communiquer. La langue peut apparaitre au début comme une barrière mais vous verrez qu’ elle est systématiquement un tremplin vers un sourire ou un salut cordial.
  2. Ce pays souvent taxé d’archaïsme n’a en fait jamais été aussi moderne et en phase avec les nouvelles aspirations de notre temps: altruisme, empreinte carbone limitée, auto-subsistance ont prit le pas sur l’égoïsme, le productivisme et la richesse matérielle. Neo ruraux, locavores, décroissants et autres tribus écolos, vous avez trouvé votre terre de prédilection.
  3. Parce que la France  et les français y occupent une place privilégiée. Certaine locutions françaises se retrouvent dans le vocabulaire (“Merci” notamment) en raison des origines latines de la langue (et non slaves). En outre, de ce qu’on a pu constater, la nouvelle génération s’expatrie pas mal en France, alors forcément ça crée des liens ! 🙂

Carnet de route

  • Les bonnes adresses Dodo/ Repos

En transylvanie : Casa Soare à Sighisoara

Pension Soara - Sighisoara
Des hôtes qui parlent anglais et qui à votre arrivée vous conseillent sur à peu prêt tout ce dont vous aurez besoin (que voir, que faire, où manger…).
Le jaune aux murs et les petits patios donnent un petit air andalou à cet hébergement intimiste à deux pas du centre historique de Sighisoara.

Prix: 28€ la nuit avec petit-déjeuner

Dans les Maramures : Pensiunea Maramu à Breb

Chambre chez l'habitant - Roumanie

L’accueil avec la țuică (eau-de-vie à base de prune) vous installe d’emblée dans la convivialité du lieu et d’une famille qui n’a peut être pas les mots français pour vous traduire sa joie de vous recevoir mais qui a tout le reste: sourires à gogo, petites attentions, cuisine généreuse… on se sent vite comme à la maison chez Vasile et Marinca, sans oublier la grand-mère rayonnante de bonheur, les deux beaux enfants, le petit chien adorable, les deux lapereaux, la vache placide…. un Eden !

Prix: 35€ la nuit avec petit-déjeuner

Dans les Carpates : Hotel Roman Maramures à Borsa

Piscine de l hotel roman maramures

Confort, standards européens et prestations d’un hôtel 3 à prix imbattable.
Luxe suprême: piscine couverte et chauffée en accès illimité avec vue sur les sommets enneigés des Carpates !

Prix : 28€ la nuit

  • Budget

  1. VOL
    Avec la compagnie lowcost Wizzair.
    Départ de Paris Beauvais ou Bâle/Mulhouse
    Arrivée à Cluj-Napoca, ville à mi chemin entre Maramures et Transylvanie et plus pratique que Bucarest.
    Tarif très compétitif, j’ai acheté mon billet 100€ A/R. Par contre c’est le tarif de base et le moindre service supplémentaire est facturé à commencer par le bagage. Vous n’êtes autorisé qu’à un PETIT bagage à main (42 x 32 x 25 ) pour un plus grand (modèle valise cabine – 56 x 45 x 25 cm ) les frais varient en fonction de la saison et de l’itinéraire ( de 15 à 35€)
  2. HÉBERGEMENT
    Comptez entre 25 et 35€ par nuit pour 2 soit environ 200€ la semaine. Privilégiez les formules chez l’habitant surtout dans les campagnes. L’accueil y est incomparable !
  3. LOCATION DE VOITURE
    100€ la semaine avec la compagnie Klass Wagen que je vous conseille chaudement : personnel parlant anglais (chose rare), disponible et très arrangeant. Pour info, leurs bureaux ne sont pas situés dans l’aéroport mais à 5 min en voiture. Ils viendront vous chercher 🙂
  4. NOURRITURE / ACTIVITÉS
    300€ maxi pour 2 pour une semaine. Le prix des repas varient du simple au triple en ville ou à la campagne. La formule la moins coûteuse et la plus goûteuse reste de manger chez l’habitant. A titre d’exemple dans les Maramures chez Vaseli, le repas nous coûtait 6€ par personne tout compris (boisons à profusion dont vin – entrée – plat – dessert)

Chiens errants - Roumanie

Bonus chiens errants : alors, mythe… ou réalité ?

Après analyse approfondie de la question en amont et retour d’expérience après une semaine en compagnie d’un coéquipier cynophobe, voilà mes conclusions :
Dans les campagnes et les petites villes, on rencontre effectivement quelques chiens errants. Qu’ils soient pauvres ères faméliques, dépoilés et abandonnés ou chiens domestiques égarés, ils restent inoffensifs.
En fait, vous devez vous méfier d’un seul type de chien : le chien de berger. En Roumanie l’activité pastorale est encore très présente et les chiens sont avant tout un outil de travail. Il servent à la surveillance du troupeau et à sa protection ! Dans les Carpates, nous avons croisé un troupeau de 5 vaches escortées par 3 bergers et 3 gros chiens dont un qui nous a fait une belle démonstration de course-poursuite d’un motard. Mon amoureux phobique des chiens n’en menait pas large, même à l’abri dans la voiture de location…

 

 

🚗 Tous nos récits de road trips dans notre rubrique Trace l’Asphalte 🚗

 

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2 Comments

  • George dit :

    “Certaines locutions françaises se retrouvent dans le vocabulaire (« Merci » notamment) en raison des origines latines de la langue (et non slaves)”
    Les mots : “Merci”, “Bonjour”, “Bonsoir”, “Madame” ont ete utilise chaque jour, depuis les anees 1850-1860 et jusqu’a la fin des anees ’70 quand Ceausescu les a interdit, (a l’occasion de l’un de ses discours), en disant que ces mots sont…”d’origine bourgeoise”…Mais un vrai mistere est l’utilisation du mot “ail” dans les villages au sud de la Roumanie… En tout cas, un grand nombre des mots roumains sont d’origine francaise, avec presque la meme prononciation et signification comme en France….

  • Pour l’état des routes, ca dépend des coins. Le pire étant dans les Carpates, le col de Prislop, plus on grimpait et plus les nids de poules se multipliaient. Ailleurs ca allait effectivement. Quels coins de Roumanie as tu préféré ? Bonne continuation ici et ailleurs 🙂

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