Comme sur des roulettes : 3 mois à vélo en Asie centrale

Chevaux dans les steppes de Mongolie Asie Mongolia Asia horses Paysage landscape

Voyager à vélo normalement ça se prépare : on remet son vélo en état, on pèse chaque objet pour retirer le moindre gramme de superflu, on s’entraîne, on fixe des étapes à atteindre et on se renseigne sur les difficultés du cyclocamping dans le pays choisi… En ce qui nous concerne, c’est seulement dans l’avion entre la France et la Mongolie que nous avons décidé de faire le voyage à vélo et non en bus. Une fois arrivés à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, nous décidons de partir à la recherche du matériel nécessaire pour un périple de 3 mois à vélo (est-il utile de préciser que c’est notre premier voyage à vélo ?) pour rejoindre Almaty située au sud du Kazakhstan. Notre billet d’avion retour nous donne un cap à suivre et la date de fin du voyage.

Pourquoi décider de parcourir la Mongolie à vélo sur un coup de tête ?

C’est seulement à Moscou, en ouvrant le guide de voyage de la Mongolie, que je réalise qu’il est peu judicieux de vouloir rejoindre la frontière chinoise en bus. Les raisons sont simples. Les bus vous amènent de ville en ville. Or les villes mongoles, si tant est qu’on puisse les qualifier de villes, sont dénuées de tout intérêt. Elles se résument à un conglomérat de yourtes et de béton défraichi, entourés de palissades de bois. Quand ce n’est pas pour son histoire qu’une ville attire notre attention, elle peut nous séduire par ses ambiances. Puisque le froid et le vent règnent en maître huit mois sur douze, les Mongols ne vivent pas dehors. Tout se passe à l’intérieur des yourtes, à l’abri des regards. Ce sera notre première leçon : ne pas demander à des nomades de construire de jolies villes. C’est dans la steppe que le voyageur européen viendra épancher sa soif d’aventure et de grand air.

S’équiper à Oulan-Bator

Une fois arrivés à Oulan-Bator, nous n’avons qu’un objectif en tête : trouver en quelques jours, des vélos et l’équipement nécessaire pour rejoindre Almaty, avec beaucoup de culot et un peu d’insouciance.

Oulan-Bator est une ville assez atypique pour la Mongolie. Elle regroupe près de deux millions d’habitants, soit la moitié de la population mongole. Les Oulan-Batorais que nous croisons répètent le même discours : depuis la chute de l’Union Soviétique, Oulan-Bator est entrée dans l’ère du développement économique et de la modernité. Nous nous heurtons à des tours de verre rutilantes, des immeubles délabrés et d’imposants bâtiments soviétiques. Un énorme 4×4 nous coupe la route et nous tombons nez-à-nez avec un moine bouddhiste. Au coin d’une rue nous quittons les hommes d’affaires en costume noir pour retrouver des nomades fraîchement sédentarisés et encore vêtus de l’habit traditionnel.

Nous découvrons donc Oulan-Bator au rythme de notre quête de matériel : réchaud, outils, pneus de rechange, sacoches… En fouillant et en errant de lieux en lieux à la recherche de deux vélos, nous finissons par rencontrer un expatrié Belge qui nous file un bon coup de main. Il nous trouve deux biclous d’occasion qui nous conviennent. La Mongolie n’est pas un grand pays de cyclistes (-40° en hiver c’est difficilement compatible avec le vélo) mais de rencontres en malentendus, nous voilà fin prêts (du moins le pensons nous) à quitter Oulan-Bator pour notre grande épopée à travers la steppe mongole.

Dans la steppe à vélo : pas si seuls que ça

La Mongolie n’est pas le pays le plus adapté pour apprendre ce que voyager à vélo signifie. La distance entre deux « villes » (comprendre possibilité d’acheter des vivres) est souvent de 200 à 300 km et par manque de préparation nous n’avons pas de filtre à eau. Nous portons donc beaucoup d’eau et sommes, par ailleurs, bien trop chargés pour des cyclistes. Quand s’ajoute à cela : le vent de face, les pistes dans lesquelles on se perd, la monotonie des paysages, les rivières à traverser avec les vélos sur l’épaule… Bref, nous en avons bavé.

 

Chose étonnante dans un pays où, une fois sorti d’Oulan-Bator la densité de population est de 2 habitants au kilomètre carré, nous trouvons toujours une âme charitable (sortie d’on ne sait où) pour nous donner un coup de main et nous dépanner. Partager ces moments avec les camionneurs qui nous ont pris en stop (notamment lorsque nous avons cassé notre porte-bagage, ce qui est assez handicapant pour pédaler) a ajouté à ce voyage un certain charme. Les vélos dans la benne et nous dans la cabine du chauffeur, partageant ainsi, pour quelques heures, le quotidien des chauffeurs de camions mongols. Nous mangeons avec eux dans les restaurants de bord de route, et occupons parfois leurs couchettes quand, bercés par les kilomètres qui défilent si vite quand on a un moteur, nous nous endormons.

Traverser la steppe Mongole à vélo, à pied ou à cheval est un bonheur immense. On vit au rythme de la steppe, au plus près des grands espaces, et on adopte pour quelques semaines le mode de vie nomade.

L’arrivée en Chine : vos papiers s’il vous plait !

Après 1 mois en Mongolie, le passage en Chine est à double tranchant. Nous y gagnons culinairement parlant car la cuisine ouïghoure est à tomber, mais nous perdons en liberté de mouvement. En Mongolie, le bivouac sauvage n’est pas un problème, c’est même un mode de vie. En Chine, il est interdit pour les étrangers. Notre mois en Chine a donc été rythmé par les contrôles d’identité et les fouilles de sac. Nous avons dû jouer au chat et à la souris avec les autorités chinoises pour camper malgré l’interdiction.

Outre ces quelques désagréments policiers, le Xinjiang province du nord de la Chine, est une région fantastique à parcourir à vélo, en particulier Kashgar et le Karakorum Highway. Kashgar a été pendant deux mille ans une ville phare de la Route de la soie. C’est le point de rencontre entre les montagnes du Pamir et le désert du Taklamakan. C’est à Kashgar, qu’il fallait troquer ses yaks contre des chameaux pour poursuivre sa route avec la monture adéquate. Kashgar est une ville où il fait bon se perdre, pour errer et découvrir ses secrets.

 

A ne pas rater : le marché de nuit de Kashgar. Vide la journée, la place devient un joli capharnaüm la nuit. Une quarantaine de vendeurs, installés sur des planches et des tréteaux, vous hèlent pour que vous veniez manger chez eux, debout ou sur les petits tabourets installés pour l’occasion. Un repas au marché de nuit de Kashgar est une procession, il faut aller de stand en stand, mangeant une brochette par-ci, un bol de soupe par-là, au milieu des bruits et des vapeurs de cuisson.

Le Karakorum Highway est la route qui relie Kashgar à la frontière Pakistanaise. Les paysages sont variés et nous avons l’impression, chaque matin, de nous réveiller dans un nouveau pays. Si les premiers jours nous sommes au milieu les montagnes avec de la neige à portée de vue, nous passons ensuite une journée coincés entre un torrent boueux et des falaises ocres, et dormons le soir dans une jungle luxuriante. Un avant-goût du Pamir à vélo en quelque sorte.

Ça sent la fin : le Kazakhstan

Nous prévoyons de revendre nos vélos à Almaty, pour nous laisser le temps nécessaire, notre périple à vélo au Kazakhstan est assez court. Nous partons du village de Kegen pour rejoindre Almaty. Cette fin de périple est bucolique, nous traversons la campagne kazakhe au moment des foins, la météo est clémente et le ravitaillement facile. La partie kazakhe de notre périple est certainement la plus douce. Nous sommes complètements acclimatés à l’Asie centrale et au vélo. Acclimatation aussi facile que le Kazakh est accueillant. Aussi, nous partageons souvent leur table quand nous nous arrêtons pour manger un morceau.

 

 

Vous comprenez maintenant pourquoi ce voyage est rapidement devenu une suite de péripéties cocasses. Elles ont donné naissance à un livre : Comme Sur Des Roulettes. C’est à la fois le récit de nos mésaventures et un guide de survie pour cyclo-campeurs en Asie centrale. Un dicton mongol dit « tant que tu as une monture, voyage ». L’idée nous a plu.

 

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