Les Calanques à l’automne, ça grimpe ou bien ?

Escalade dans les Calanques : Calanque d’En-Vau, Cassis Bouches-du-Rhône Provence-Alpes-Côte d'Azur France - Rock Climbing Outdoor
© LesDirtbags.com

Quand, en Savoie, on range les chaussons d’escalade pour les remplacer par des charentaises, c’est qu’il est temps de migrer vers le sud pour de dernières grandes voies au soleil. C’est désormais une affaire de tradition. Entre début et fin octobre, on met les cordes sur la banquette arrière et les potes dans le coffre… (ou l’inverse) pour aller voir la mer.

 

L’Auberge de la Fontasse, repaire de grimpeurs dans les calanques

Qui dit Calanques, dit quelques contraintes. Il y a évidemment l’interdiction d’entrer dans le parc national lorsque les risques d’incendie sont trop élevés, mais à l’automne cela arrive rarement. Il y a ensuite les horaires de circulation en voiture dans le parc : interdit de 10h à 18h. Par ailleurs, il n’est pas possible d’arriver à l’auberge de jeunesse de la Fontasse après 20h30. Si nous partons à la sortie du boulot, nous devrons dormir sur le parking à l’entrée des Calanques (sous la pluie). Nous décidons donc de partir de Chambéry à 5h le samedi matin, pour arriver là-bas à 9h.

Je ne sais pas si c’est la courte nuit ou la joie d’arriver dans les Calanques, mais nous tombons immédiatement sous le charme de l’auberge de la Fontasse. De prime abord, elle a comme un air de western avec ses murs jaunes et poussiéreux, sa végétation chétive…mais rapidement, nous voilà conquis. C’est le seul hébergement à l’intérieur du Parc National des Calanques. C’est un petit écrin de simplicité. L’électricité est produite par plusieurs panneaux solaires, l’eau est récupérée lors des pluies, et un abreuvoir en pierre fait office de douche. Il faut oublier le frigo et revenir au garde-manger de nos (grand-)aînés. Nous sommes chaleureusement accueillis, mettons nos affaires dans notre dortoir et prenons un petit-déjeuner. Il est difficile de s’arracher à la terrasse de l’auberge. Les cafetières fumantes s’enchaînent, on sort les victuailles et on profite du calme avant l’effort.

la vue depuis l’auberge

En résumé : aller à l’Auberge de la Fontasse est à faire au moins une fois dans sa vie de grimpeur ou de randonneur. Le cadre est exceptionnel : terrasse avec une vue magnifique, localisation idéale pour profiter des calanques et ambiance « comme à la maison » avec la cuisine en libre-service. Mais n’oubliez pas les quelques contraintes que cela impose :

➔ L’auberge est fermée de 9h à 17h et on ne peut pas y arriver après 20h30 pour y dormir.
➔ Les routes pour y accéder en voiture sont fermées de 10h à 18h, à ceux heures là vous pouvez venir seulement à pied ou à vélo.
➔ En cas de mauvais temps ou de risque incendie, ce n’est pas idéal et il faut alors passer la journée sur Cassis ou dans une autre ville.
➔ Il n’y a pas de frigo, ni de douche chaude, ni d’électricité : pour l’appareil à raclette (véridique), on repassera.

ambiance à deux pas de l’auberge de la Fontasse

 

A l’attaque des grandes voies de la calanque d’En-Vau

Après seulement 30 minutes de marche, nous voici dans la calanque d’En-Vau. Les mots de Gaston Rebuffat et Georges Livanos nous reviennent en mémoire à la vue de la roche autour de nous. Les rayons du soleil font ressortir la ligne que nous allons grimper.

Pour reprendre l’escalade en douceur (et à cause d’un orteil cassé), nous partons dans la voie Saphir sur l’arête du même nom. C’est une voie de 150 mètres à côté de la plage d’En-Vau. La première longueur est la plus difficile, puis la balade continue au fil de l’arête. Sans être vertigineuse ou difficile, elle permet de profiter du paysage et de l’eau turquoise toute proche. Comme dit le topo de cette voie : « La beauté de la Calanque en fait oublier la patine. » Ça c’est un argument qui nous plait.

la voie Saphir

vue au sommet de la voie Saphir

Cette voie est courte, nous en profitons pour faire un pique-nique au sommet, flâner sur le plateau, faire quelques photos et une sieste bien méritée avant de retrouver les copains à l’auberge. De toute façon, l’auberge est fermée de 10h à 17h. Heureusement il fait beau, sinon le moyen de plus proche d’être à l’abri, c’est Cassis, à une petite heure de marche.

Nous prenons une douche « rustique ». Il n’y a pas de douche à proprement parler, il faut remplir un seau d’eau chaude à la cuisine et s’asperger comme on peut à la salle de bain. Une fois propre, les bières et les topos sortent des sacs pour préparer la journée du lendemain. Des débats et échanges d’info volent au-dessus du saucisson ou des cacahuètes : « ah oui, ça j’ai fait : c’est majeur, je te le conseille ! » ; « L’Essaidon très chouette mais un peu loin, vu que la météo se bâche vers 15h… ». Puis on prépare le repas du soir. La cuisine et la vaisselle sont en libre-service, ce qui donnent l’impression d’être comme à la maison.

Traversée Ramond : voie majeure de la calanque d’En-vau

Le lendemain, la météo n’est pas bonne. Nous pouvons grimper jusqu’à 15h si tout se passe au mieux. Nous partons donc tôt en direction du plateau de Castel Vieil pour rejoindre le début de la voie : le (mythique) trou de canon. On descend en rappel de 25 m sur une vire et le voyage commence dans la traversée Ramond (cotée 3 étoiles sur le topo Escalade Plaisir : Alpes du sud – Provence et nous comprenons pourquoi) !

le trou de canon

le rappel au départ de la voie

Nous passons dans des trous et des cheminées de roche, la falaise est tellement torturée qu’un angle de nous empêche de voir à plus de 20 m devant nous. Le cheminement demande un peu d’attention, parfois un passage un peu plus grimpant barre la route, mais cette traversée reste sans difficulté majeure. L’ambiance est au rendez-vous : on est ravis. On avance en corde tendue jusqu’aux deux dernières longueurs (5b/5a), entre renfourne et dalle. Elles sont plus techniques que le reste de la voie, et surtout expliquent pourquoi on a les chaussons dans le sac.

A la sortie de la voie le plateau de Castel Vieil est vide, seuls les grimpeurs et les goélands peuvent y accéder. La météo clémente a l’air de se maintenir, nous ne nous pressons pas. Pour redescendre du plateau il faut taper un rappel de 20 mètres au pied d’un sapin magnifique qui, visiblement, a vu passer de nombreux grimpeurs. Son écorce est “tanné” et il semble nous proposer son aide pour la descente. Nous passons la corde dans le relai à ses pieds et descendons. Une fois au sol une voix familière nous dit « on peut descendre sur votre corde ? ». Nous retrouvons ainsi nos potes et rentrons ensemble.

Au moment de l’apéro/préparation du lendemain deux autres copains arrivent à l’auberge. Comme le terrain de jeu est immense et la palette de difficultés colossale, on débat à propos de ce que nous voulons faire pendant au moins deux bières, un verre de vin, l’épluchage des patates et la découpe du fromage…. Enfin le verdict tombe demain c’est tour du Bec de l’Aigle pour cinq d’entre nous.

Tour du Bec de l’Aigle : rando-grimpe à la Ciotat

Nous prenons la voiture et partons en direction de la Ciotat à 45 minutes de route de l’auberge. Le Bec de l’Aigle est la pointe sud de la falaise de Cap Canaille. Ce mur est à 450 m au-dessus de la mer, malgré la ville de Cassis qui le sépare des Calanques, il fait bien parti du parc national.

le Bec de l’Aigle

les pieds dans l’eau

Nous cherchons pendant un bon moment le départ : un rappel qui nous permet de rejoindre le Tour du Bec de l’Aigle. C’est un mélange de grimpe et de randonnée sur un rocher inhabituel : le Pudding, un agglomérat de rocher tenu par du sable compacté. Cette rando-grimpe se fait les pieds au bord l’eau pendant les trois quarts de la voie. Le bruit des vagues qui se brisent sur le rocher ajoute une touche sonore à cette ambiance si particulière : de la corde tendue au niveau de la mer. Nous passons un moment de dépaysement total pour les savoyards que nous sommes. Et puisque la sécurité sociale nous rappelle que : « le traitement, c’est le mouvement », nous nous sentons tout heureux dans cette sortie qui se fait sans tirer une seule longueur.

progression en corde tendue

le fameux pudding !

Une voie qui d’apparence ne paye pas de mine mais qu’on recommande pour l’ambiance, la recherche d’itinéraire et le caillou si atypique. Elle nécessite de maîtriser la progression en corde tendue, mais ne présente aucune difficulté de grimpe, les parties où on risque vraiment de tomber à l’eau sont très bien équipées.

L’automne 2020 restera un bon cru pour la traditionnelle sortie Calanques avec : des voies très différentes et la découverte de l’auberge de la Fontasse qu’on vous recommande si vous n’y avez encore jamais mis les pieds.

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Les Dirtbags sont les créateurs du Carnet Montagne, un carnet pour tous les amoureux de ski de rando, d’escalade et d’alpinisme… qui veulent noter où ils sont allés, suivre leur progression et ne rien oublier en veille de course. Ils ont également adapté une version pour les 6-11 ans en créant Mon Premier Carnet Montagne, pensé plus particulièrement pour la découverte de la randonnée en famille. (frais de port offerts avec le code promo TRACETAROUTE )

© Les Dirtbags / Instagram 📷




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