Pourquoi nous ne sommes pas “citoyen du monde”

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Citoyen du monde. L’expression se retrouve sur beaucoup de profils sociaux de touristes ou voyageurs ainsi que sur des blogs. Même certains journalistes reprennent le terme sans y réfléchir.

Lors de mon tour du monde, j’ai pu voir et observer beaucoup de choses, beaucoup de mes “compatriotes” ainsi que réfléchir sur moi-même. Et ce que j’ai vu ne m’a pas totalement plu, loin s’en faut.

Dire que l’on est “citoyen du monde” est juste faux et complètement indécent. Voici pourquoi, selon moi.

 #1 – Nous sommes culturellement forgés

Nous naissons dans un environnement défini par des codes sociaux et culturels propres à notre pays ou notre société, voire notre “civilisation”. Nous vivons donc toute notre enfance dans cet environnement, dont certains finissent par être fiers : ce sont ces codes qui nous définissent en partie en tant que personne et en tant que collectivité d’individus.

Lorsque nous voyageons ou partons en vacances, ces codes nous suivent car intrinsèquement en nous depuis de longues années.

Nous sommes donc accueillis dans d’autres pays, qui eux se sont construits sur des codes différents, une Histoire différente. Pourtant, le tourisme dit de masse tend à imposer nos codes occidentaux dans des endroits pourtant historiquement et culturellement très éloignés de notre propre environnement. Il suffit d’aller à Kuta, Bali ou toute autre endroit très touristique pour se rendre compte que notre modèle occidental y a été importé pour ne pas trop dépayser les occidentaux : pubs, discothèques, magasins, activités, tout est présent pour divertir le touriste ou vacancier.

Pourtant, la prédominance de notre “modèle” de société ne convient pas à toutes les autres cultures qui s’y sont trop souvent évanouies, dénaturées. Nous pensons donc que depuis le temps les locaux possèdent les mêmes codes que nous et qu’ils sont heureux de vivre dans notre modèle.

Mais la réalité est toute autre.

Nous vivons donc ces voyages en étant “à côté de la plaque”.


Ce que j’ai pu voir : j’ai vu des jeunes en mini-short en jean et décolleté profond dans des pays où trop se dévoiler est une offense. J’ai vu des anglais bourrés faire des gestes obscènes à des filles innocentes. J’ai vu des gens négocier des souvenirs au centimes d’euro près à une vendeuse en guenille, des gens prendre les femmes et enfants en photo, à 2 cm de leur visages, sans leur demander. Et bien d’autres.

#2 Nous sommes à côté de la plaque

Parce que nous n’avons su nous adapter entièrement aux cultures visitées dont nous sommes les hôtes, du fait de la prédominance de la notre sur la majorité de la planète, nous ne voyons pas la réalité de ceux qui nous accueillent.

Pauvreté, discrimination, famine, travail des enfants, destruction de la nature, prostitution, guerres, sont certains des problèmes que connaissent nos hôtes.

Ne pouvant nous adapter entièrement, nous agissons sous l’impulsion de nos propres désirs, qui sont souvent en opposition avec les problèmes des populations et en décalage avec leurs véritables besoins. Nous voulons plonger voir les requins-baleines : les spots deviennent des usines ; Nous désirons faire une balade à dos d’éléphants : les animaux sont réduis en esclavage et maltraités ; Nous voulons l’air conditionné : les barrages électriques détruisent les paysages et les écosystèmes ; Nous désirons acheter un souvenir : les enfants le fabriquent dans des ateliers où ils meurent.

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Une petite fille sans culotte et son frère – Vietnam

Nous sommes privilégiés et rien ne peut ou doit entacher nos vacances bien méritées.


Ce que j’ai pu voir : la misère sans nom dans chaque pays du Sud que j’ai visité, les enfants mendiants partout, les enfants des rues shootés à la colle, des junkies au crack, des travailleurs dormir sur le sol du hall de l’hôtel, une petite fille sans culotte vendant des bracelets, des éléphants torturés, des gens marcher sur les coraux. Et bien d’autres.

#3 – Nous sommes privilégiés

Nous sommes privilégiés car nous vivons au crédit des pays pauvres ou en développement : nos habitudes de vies, de consommation, pillent les matières premières des pays du Sud nécessaires à la fabrication des nouveaux désirs qu’on nous créée. Les unités de production sont installées dans les pays du Sud pour profiter de la main d’oeuvre malléable, corvéable à merci et bon marché. Les pays et les populations que nous visitons, qui transforment nos vacances ou voyages en moments inoubliables, sont assujettis à nos besoins.

Les locaux deviennent alors des sortes d’esclaves moraux, physiques et sexuels. Mais cela n’a pas d’impact sur nous face à l’engouement du nouvel iPhone ou à notre envie de s’amuser à notre façon.

Les milieux naturels sont détruits en partie pour fournir le confort nécessaire à notre séjour. Les animaux sont réduits en choses pour assouvir notre désir de nous divertir.

Ce que nous apprenons à aimer nous le détruisons, chez nous et chez nos hôtes.


Ce que j’ai pu voir : un homme gueuler parce qu’il n’avait pas de climatisation dans sa cabine au bord de la plage, un homme jeter une bouteille en plastique d’un bateau, un groupe de jeunes tous focalisés sur leur smartphone, à côté d’une mère et sa fille mendiantes, des fêtards bourrés pisser contre les murs d’un lodge familial. Et bien d’autres…

#4 – Nous détruisons le monde

Alors que les populations des pays développés ont tous compris la nécessité de l’écologie, alors qu’elles ont des modèles sociaux basés sur la redistribution (en berne ?) des richesses, nos comportements impactent directement ce que nous défendons. Tel est le paradoxe et quelque peu l’hypocrisie de notre “modèle”.

Nous laissons faire nos politiques alors qu’ils font le contraire de ce que nous disons vouloir. Nous continuons à ne penser qu’à nous alors que nous nous disons “citoyens du monde”.

citoyen du monde ? déforestation en amazonie de la forêt brésilienne

Déforestation en amazonie brésilienne

Nous voulons être connectés et laissons les mines de coltan tuer hommes, femmes et enfants et détruire la forêt équatoriale. Nous voulons du maïs, du soja, de la viande mais nous laissons continuer la destruction de la forêt amazonienne, écosystème le plus divers de la planète. Nous gueulons quand nos enfants n’ont pas une éducation valable mais nous ne prêtons aucun intérêt aux enfants qui fabriquent des briques dès l’âge de 3, 4 ou 5 ans au Pakistan ou ailleurs. Nous faisons les soldes, mais nous oublions vite que femmes et enfants meurent dans les fabriques de jeans au Bangladesh, en Thaïlande, Indonésie ou ailleurs.


Ce que j’ai pu voir : des randonneurs jeter leurs déchets dans un parc naturel, des décharges à ciel ouvert dans des endroits sublimes, des tonnes de sacs plastiques s’accrocher aux coraux pourtant si beaux et fragiles, un oiseau marin avec un truc de pack de bière en plastique autour du cou. Et bien d’autres…

Arrêtons de dire que nous sommes citoyens du monde

Non ! Nous ne sommes pas citoyens du monde, car si nous l’étions nous ne pourrions être voyageurs ou vacanciers, nous devrions travailler dès tout petit, nous vendrions nos enfants aux pédophiles, nous serions obligés d’oublier notre culture pour gagner assez d’argent pour survivre, nous serions mendiants des rues, nous snifferions de la colle pour oublier la faim, nous serions sans poids sur les événements, nous n’aurions pas de voix, nous vivrions dans des taudis insalubres, nous ne mangerions qu’une fois par jour avec de la chance, nous verrions les riches touristes s’amuser pendant qu’on crève.

Culpabilisation ?

Nous ne ressentirions pas de culpabilité si nous étions serein avec ce que nous faisons.

Nous n’y sommes pour rien

Si, nous y pouvons quelque chose mais nous préférons le nier. Nous avons toutes les clés pour être aussi responsables que nos privilèges nous en donnent le devoir.

  • Arrêter de consommer frénétiquement,
  • Manger localement, naturel et en fonction des saisons,
  • boycotter les marques non-respectueuses des travailleurs et de la nature (donc s’informer en amont),
  • Ne pas voyager dans les endroits dénaturés culturellement et écologiquement,
  • Imposer notre voix à nos politiques pour changer notre société,
  • Concevoir la différence comme une richesse, apprendre les langues locales, essayer de discuter,
  • Ne pas faire tout ce qu’on a envie, savoir surmonter nos frustrations et nos désirs s’ils détruisent,
  • Donner un coup de main chez nous ou en voyage en fonction de nos compétences,
  • Respecter les locaux et leurs cultures,
  • Traiter la nature et les animaux avec respect.

Une fois que nous ferons tout cela, nous nous rapprocherons peut-être un peu du citoyen du monde, celui qui a un regard mature sur le monde. Et encore…




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4 Comments

  • Corentin dit :

    Quelle arrogance cet article… Vous ne me connaissez pas, vous ne connaissez pas les millions d’autres personnes qui voyagent à travers le monde et permettez de donner votre avis sur nos manières de voyager en vous appuyant sur des exemples grotesques et clichés de certains.
    Ah mais oui, c’est vrai excusez-moi, c’est vrai que vous vous avez fait le tour du monde en……un an.
    Un nouvel ancien lecteur de “trace ta route”

  • trystantrest dit :

    Salut Tristan,
    Merci pour ton commentaire 🙂
    Pour répondre à ta question, j’y apporterai une réponse bientôt dans un article de fond. La problématique a toujours été d’actualité depuis l’avènement du tourisme dans les années 70. Comment favoriser la pratique touristique sans asservir les populations locales à la folklorisation de leur culture et en préservant l’environnement ? Grande question à laquelle nous (pros du tourisme) tâchons de répondre par différents moyens, dont notamment la promotion d’un tourisme dit “responsable” basé sur le respect et l’humilité. Pourtant, ce type de tourisme est, de mon point de vue, devenu trop financièrement élitiste. Pourtant des solutions pour backpackers existent, comme notamment le wwoofing ou le volontariat/bénévolat. On en parlera bientôt sur le blog 🙂

  • trystantrest dit :

    Merci Jonathan !
    Ah je ne savais pas pour l’horaire de l’Est du Mexique… Une heure c’est quand même pas grand chose, mais c’est très révélateur en effet de la manière dont nous agissons envers des populations que certains pensent “inférieure” ou du moins de seconde importance.
    Oui la question de la maturité et de la responsabilité est une question clé : l’admettre c’est devoir faire face à ses responsabilités et donc aux changements que cela implique dans nos “civilisations” (comme disent les politiques).
    Tu vis ou voyages au Mexique en ce moment ?

  • trystantrest dit :

    Salut Laurent !
    Oui je suis bien sûr d’accord, tout le monde ne vit pas dans la misère ou meurt de faim, je voulais juste interpeller et montrer à quel point cela m’a touché et à quel point nos modes de vie occidentaux avaient un impact négatif sur la vie des milliards d’autres terriens.
    Et ce qui m’inquiète c’est de voir comme on traite globalement les autres cultures, les animaux et la nature. On s’accapare le monde et on ne donne malheureusement que des miettes aux autres.

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