La PINACOTHÈQUE de BRERA, riche musée des Beaux-Arts de Milan

Salle exposition Musée Pinacothèque de Brera de Milan - Peintures XVIe siècle

Frustré d’être resté à la porte de la Santa Maria delle Grazie, je suis allé manger de l’art à la très intéressante Pinacothèque de Brera. “L’art est ce qui rend la vie plus belle que l’art” n’a-t-il pas dit Robert Filliou ? Il s’agit d’un des musées les plus importants d’Italie (avec la Galerie des Offices de Florence) avec une riche collection de peintures de Grands Maitres, mais ça, je ne le savais pas encore en y entrant.

 

Le musée se situe dans le palazzo di Brera, bâtiment baroque du XVIe siècle situé dans le quartier éponyme. En plus de la Pinacothèque (inaugurée en 1809), il héberge également l’Académie des Beaux-Arts, l’Observatoire astronomique, l’Institut Lombard des Sciences et des Lettres, la Bibliothèque Nationale Braidense et le Jardin botanique. Dans la cour intérieure, une statue de Napoléon (fondateur du musée) réalisée par Antonio Canova.

Infos pratiques

  • Horaires : 8h30-19h15 du mardi au dimanche (nocturne le jeudi jusqu’à 22h15) détails ici
  • Tarifs (plein)  15 € (7 € tarif réduit dont Pass Education français )

 

 

Visite de la collection de Brera

Après être passé devant une vitre donnant sur la Bibliothèque Nationale Braidense puis une fresque dans une petite chapelle, on accède aux premières salles qui sont consacrées à la Pré-Renaissance Italienne avec plusieurs retables (et autres peintures sur panneaux en bois) de Lorenzo Veneziano, Andrea di Bartolo, Benezzo Gozzoli ou notamment Ambrogio Lorenzetti. On remarque encore la prégnance de l’influence médiévale de certaines compositions (personnages sans contexte sur fond doré). Cette esthétique sacrée est pleinement assumée par Andrea Mantegna pour son Polyptyque de Saint-Luc (1453-1455).

Première surprise à ma gauche (je n’avais absolument aucune idée de ce que j’allais trouver dans ce musée), je me retrouve nez à nez avec la Lamentation sur le Christ mort peinte entre 1470 et 1474, chef d’œuvre d’Andrea Mantegna, historiquement le premier à avoir maitrisé la technique de représentation en raccourci du corps humain pour suggérer la profondeur (reprise par Rembrandt en 1656). On retrouvera ensuite ce procédé  son oculus de la Chambre des Époux à Mantoue et de nombreux trompe-l’œil sur plafond d’autres artistes. Juste derrière, une collection de peintres vénitiens Giovanni Bellini, Vittore Carpaccio avec Le Mariage de la Vierge (1505) et Discussion entre Saint-Stéphane et les Docteurs dans le Sanhedrin (1514) et Lorenzo Lotto.

On arrive ensuite dans la salle VIII, première des grandes salles aux œuvres grand format de Francesco Morone, Cima da Conegliano, Bartolomeo Montagna, Giovanni et Gentile Bellini avec Saint-Marc prêchant sur une place d’Alexandrie en Égypte (1504-1507).

La suivante est occupée par les Grands Maitres de l’école Vénitienne du XVIe siècle avec Tintoret (Pietà, 1563 ; La découverte du corps de Saint-Marc 1562), Lorenzo Lotto (Pietà, 1545 ; portraits), Titien (Saint-Jérôme pénitent, vers 1555) et Véronèse Le Baptême et la Tentation du Christ, 1582 ; La Cène, après 1581 ; L’Abbé Saint-Antoine avec les Saints Cornelius et Cyprien ; Le Repas chez Simon vers 1570, autre version de celle de la Galleria Sabauda de Turin).

 

Petite pause historique dans une partie réservée à la Modernité grâce à la Donation Jesi, couple de collectionneurs privés. On retrouve de nombreux œuvres d’artistes liés au Futurisme (Umberto Boccioni), au Cubisme (Georges Braque, Pablo Picasso, Gino Severini), Carlo Carrà, Giorgio Morandi, Pierre Bonnard, Amedeo Modigliani… En annexe de cette annexe, une petite chapelle avec des fresques de Bernardino Luini et une salle exposant la Collection America et Lamberto Vitali.

Nouvelle surprise sur le parcours muséal, un atelier de restauration a été installé en plein milieu de la salle ! On se cache pas ici. Et même, on l’exhibe ! Un peu comme pour la restauration au Musée d’Orsay de L’atelier du peintre de Courbet. Quelques salles plus loin, on a même une réserve ! Le Pinacothèque de Milan expose… ses coulisses.

Avec les salles rouges qui suivent, on revient au Quattrocento avec les tableaux et retables de Nicolò Pisano, Francesco del Cossa, Carlo Crivelli (et ses objets en relief sur un des panneaux du Triptyque de Saint-Dominique, 1482) et avec des scènes et personnages religieux, compositions très équilibrées et statiques, présence de l’architecture pour faire référence à l’Antiquité et, par là même, mettre en valeur la maitrise technique de la perspective, précision du dessin, couleurs vives et contrastées (notamment pour les vêtements) vus plus tôt avec Andrea Mantegna.

Développant plus sobrement cette esthétique renaissante, on arrive logiquement sur… Piero della Francesca et La Conversation Sacrée (entre 1465 et 1470) et Raphaël et Le Mariage de la Vierge (1504). Le Christ à la colonne (1487-1490) de Donato Bramante vient former la trinité de la salle.

 

Ensuite, à partir de là, le cerveau a commencé à fatiguer et ce n’est pas le lot de “peintures noires sur murs orange” qui a aidé à forcer mon intérêt baissant… Sans culpabilité, j’ai zappé pour concentrer ma doublette yeux/cerveau sur des œuvres choisies : Le Souper à Emmaüs (1606) du Caravage, La Cène (1631-1632) de Pierre Paul Rubens, Le sacrifice d’Isaac (1625-1626)  de Jacob Jordaens, Saint-François (1600-1610) du Greco et, à la volée, quelques autres peintures flamandes Jan Brueghel l’Ancien, Antoon Van Dyck…).

Les salles bleu pâle regroupent les tableaux de XVIIIe siècle avec notamment Giovanni Battista Tiepolo et les paysages vénitiens de Francesco Guardi et Canaletto (dont il est toujours délicieux de regarder la facture des détails).

 

On finit avec les XVIIIe et XIXe siècles avec, entre autres, des peintures du classique Andrea Appiani, des réalistes Giovanni Fattori, Pellizza da Volpedo, Giovanni Segantini… du romantique local Francesco Hayez dont Le baiser (1859) version italienne du “verrou” de Jean-Honoré Fragonard. Toutes les œuvres de la Pinacothèque de Brera de Milan sont visualisables sur le site ici et certaines en haute-définition ici.

Au final, j’ai passé 3 heures à parcourir les salles du musée avec satisfaction (un peu moins sur la fin mais ça, c’est histoire de goût personnel) et avec le plaisir de découvrir des œuvres de grands maitres. Selon moi, la visite de la Pinacothèque de Brera est à faire si vous venez à Milan et que vous aimez l’art. En tout cas, je vous la recommande !

Bonus 1 : exposition Accademia aperta (cliquer)

Après la visite de la Pinacothèque, un panneau indiquait que les étudiants néo-diplômés des Beaux-Arts exposaient leurs travaux. Non sans une pointe de nostalgie, j’ai parcouru les ateliers de l’Accademia en découvrant les projets issus de différents domaines (art, design d’objets, d’espace et graphique, scénographie, décoration, restauration et art-thérapie).

Étudiants en École d’Art, si vous cherchez un Erasmus sympa, ça pourrait être là… avec un musée avec grands-maitres juste au-dessus de vos têtes et aussi pour l’ambiance des aperitivi milanais et leur tarif à la portée de toutes les bourses étudiantes ! À savoir aussi que dans ces murs sont passés Antonio Canova, Jacques-Louis David, Francesco Hayez, Carlo Carrà, Antonio Sant’Elia, Lucio Fontana, Marino Marini, Piero Manzoni, Vanessa Beecroft… pour les plus illustres.

Bonus 2 : Orto botanico di Brera (cliquer)

En sortant, petit tour à l’arrière, dans le Jardin botanique de Brera qui est très petit et, très sincèrement, qui… a eu un intérêt très peu perceptible à mes yeux. J’ai fait le tour en « 5 minutes chrono », le temps de prendre les deux photos ci-contre pour vous, et je suis reparti à ma découverte de Milan.

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