L’architecture organico-futuriste de Santiago CALATRAVA

Architecture de la Cité des Arts et des Sciences de Valence, Espagne / Ciudad de la Artes e Ciencias a Valencia - Santiago Calatrava

Dans l’univers de l’architecture contemporaine, il existe quelques icônes incontournables et Santiago Calatrava Valls est de ceux-ci. L’architecte espagnol est fréquemment choisi pour concevoir des bâtiments iconiques dans le monde entier (New York, Taiwan, Zurich, Jérusalem, Rio de Janeiro, Dubai…). Comme on est assez friands d’architecture sur Trace Ta Route, on vous a fait une petite compilation des différents édifices qu’on a pu voir lors de nos voyages.

 

Santiago Calatrava, architecte superstar

Né à Valence en 1951, cet ingénieur (mais aussi sculpteur, peintre, céramiste…) a fait ses études d’architecture à Barcelone et polytechnique génie civil à Zurich où il vit encore. Il signe son premier bâtiment en 1983-1985 avec le Ernstings Warehouse de Coesfeld et son premier pont, Bach de Roda à Barcelone en 1984-1987. Depuis, il a signé de prestigieux bâtiments comme le TD Canada Trust Tower à Toronto (1990), la Gare TGV Saint-Exupéry vers Lyon (1994), la Gare de l’Orient à Lisbonne (1998), le Puente de la Mujer à Buenos Aires (2001), l’Auditorium de Ténérife (2003) le Complexe Olympique d’Athènes (2004), l’Obélisque de la Caisse de Madrid (2009)… et plus récemment la station World Trade Center de New York en 2016. Parmi tout cela, Calatrava s’est fait remarquer en tant que spécialiste des gares mais surtout des ponts. L’esthétique de son architecture épurée s’inspire de formes organiques et de grandes lignes fluides, courbes et/ou étirées. On retrouve ce goût pour l’exubérante monumentalité, mélangeant une structure faite de lignes répétées (rappelant des ossements) et de légèreté (vide ou transparence).

un romantique et un rationaliste qui a le don de trouver un équilibre entre les deux.

Paul Goldberger

 

… mais aussi controversé

En effet, Santiago Calatrava est également connu pour les nombreuses polémiques qu’engendrent ses projets du fait de nombreux ratés. Parmi les plus célèbres, on recense le pont Zubizuri et son sol glissant, les problèmes de fuites de l’aéroport de la pluvieuse Bilbao ainsi qu’à la Cité des Arts et des Sciences de Valence, l’effondrement partiel du Palais des Congrès d’Oviedo… Il est donc fréquent de devoir apporter des rectifications en cours de réalisation ou a posteriori. Ainsi, l’architecte espagnol (et pourtant ingénieur…) a une fâcheuse tendance à (devoir) livrer ses édifices en retard et à exploser le budget initial (7 ans après la date prévue et dépenses doublées pour la Station PATH de New York ; le Pont de la Constitution à Venise a couté 4 fois plus cher que prévu au final). Du joli projet à sa concrétisation… L’architecte espagnol serait-il alors victime de son esthétique au détriment d’un réalisme constructif ? Dans tous les cas, il collectionne des attaques en justice mais cela ne fait pas peur à ses commanditaires qui ne cesse de lui confier des grands projets (toujours plus onéreux). Pour en savoir plus, je vous conseille cet excellent article à charge.

Quelques architectures de Santiago Calatrava

La Gare des Guillemins, Liège

La nouvelle gare de Liège a été construite en 2009. Le bâtiment n’est pas fermé, sans façade. Le projet de la gare des Guillemins réside principalement dans l’édification d’une nouvelle architecture autour de lignes de trains déjà existantes (mais réaménagées),”juste” un grand voile blanc aussi aérien que monumental qui vient ainsi couvrir les quais. On dirait une énorme méduse vue du dessus. La passerelle à côté, typique de Calatrava, semble être une copie conforme de Zubizuri à Bilbao.

Dessous, l’espace est vaste, voire vertigineux. L’énorme dôme de verre laisse passer toute la lumière mais également l’air (d’ailleurs, en hiver, “avant de partir, il faudra bien te couvrir…” !). Avec la monumentalité d’une cathédrale, le regard est attiré en direction de cette voûte tramée où les lignes se déploient majestueusement.

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Sous les rails, on retrouve une galerie hébergeant des boutiques avec, de part et d’autres, des escalators menant aux quais. Cette allée centrale est éclairée par une verrière laissant passer entre les “côtes” la lumière venue par le toit. Avec l’ensemble de lignes répétées et de courbes, on a l’impression d’être Pinocchio dans le ventre de la baleine ou d’être dans un village futuriste de Star Wars… Au  fond, côté colline, la gare héberge une salle accueillant des expositions temporaires.

 

La Cité des Arts et des Sciences, Valencia

Santiago Calatrava a joué à domicile pour un projet grandiose qu’est la Ciutat de les Arts i les Ciències de Valence, inaugurée en 1998. Situé au bord de la Turia sur le site de la grande inondation de 1957, ce complexe culturel de 350 000 mregroupe l’Hemisfèric en forme d’oeil qui se complète avec son reflet dans le bassin, et, de part et d’autres, le Palais des Arts Reine Sofía et le Musée des Sciences Príncipe Felipe (environ 40 000 m2) qui évoque un squelette de baleine échouée ou de  dinosaure. Bâtiment promenade le long du grand bassin, l’Umbracle et ses arcs flottants abrite un jardin botanique et une galerie d’art extérieure. Enfin, les deux derniers éléments intégrés au complexe sont le Pont de l’Assut de l’Or (2008) et l’Ágora (2009). Pour en savoir plus sur l’architecture de la Cité des Arts et des Sciences de Valence, voici une étude très détaillée sur le projet de Calatrava.

Julie (merci pour les photos ! ;)) a visité le complexe lors de son séjour à Valence : “Là, la vue ne se joue pas en hauteur mais à l’horizontale grâce à l’entremise de Santiago Calatrava, architecte espagnol (et natif de Valence) qui a installé au bout de la promenade du rio Turia 3 ovnis blancs et stylisés de toute beauté. Ça vaut vraiment la peine de déambuler au milieu de cet ensemble architectural futuriste cerné d’immenses bassins bleu lagon. Les plus curieux peuvent pousser les portes des bâtiments. Ouverts au public, chacun abrite un complexe culturel ou de loisirs autour d’une thématique : cinéma, science ou musique.

 

La Tour de Télécommunications Montjuic, Barcelone

La surnommée “Torre Calatrava” a été construite entre 1989 et 1992 pour la compagnie Telefónica pour la transmission télévisée des Jeux Olympiques de Barcelone. Elle est située sur la colline de Montjuïc, au coeur du site olympique où on retrouve la piscine, le Palau Sant Jordi, le terrain de baseball, le stade de foot Lluís Companys. Cette gigantesque sculpture de 136 mètres de hauteur “représente” un athlète tenant la flamme olympique (d’autres y voient un personnage agenouillé faisant un offrande) et est devenue un des symboles de la ville catalane. Un puissant dynamisme se dégage de son graphisme épuré avec cette immense ligne brisée, la courbe en arc-en-ciel transpercée par la flèche effilée. (on attend plus que le foudre vienne taper dessus pour la photo carte postale !)

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Telle une Victoire de Samothrace, la “Torre Telefónica” semble à peine reposer sur un délicat point de jonction (si évidemment on omet les 2 pattes arrière). En se rapprochant de la base (un coquillage ?), on s’aperçoit qu’elle a été recouverte de fragments de céramique. Il s’agit d’un hommage à Gaudí, créateur de la trencadís, cette technique de mosaïque que l’architecte catalan a créée et qu’il a utilisée pour de multiples réalisations dans Barcelone, de la Casa Batlló au Parc Güell.

 

Le pont Zubizuri, Bilbao

Bénéficiant de “l’Effet Guggenheim”, Bilbao a poursuivi sa mue architectural en confiant ses projets modernistes à de grands noms (Sir Norman Foster, Philippe Starck, Zaha Hadid, Richard Rogers…). La création d’une nouvelle passerelle traversant le Nervion a été confiée à Santiago Calatrava. Construit en 1997, le “pont blanc” (en basque) est assez caractéristique de l’oeuvre de l’architecte valencian : mélange de métal, de verre et de vide, formes qui s’opposent avec courbes et contre-courbes, lignes obliques, rythmées par des câbles… créent le dynamisme que la ville a souhaité insuffler. Après le Musée Guggenheim, Zubizuri est assurément le second emblème architectural de Bilbao.

 

En la traversant, j’ai une sensation étrange en marchant sur ce sol en “moquette” un peu mou. C’est après que j’ai su que ce tapis avait été rajouté à la version originelle vitrée pour pallier aux multiples accidents de glissade par temps pluvieux ! (la polémique en vidéo).

© L’Oeil d’Édouard / Instagram 📷

Zubizuri amène le passant au cœur d’un ensemble de bâtiments nommé Isozaki Atea (du nom de son architecte) dont deux grandes tours jumelles en verres et béton. À savoir que, jugeant que ces bâtiments dénaturaient son projet (cf : site à l’origine), Calatrava a porté plainte contre la municipalité pour les avoir fait construire et a gagné le procès (concrètement, de l’argent pour soulager son préjudice moral parce que les tours sont restées en lieu et place).

 

La tour Turning Torso, Malmö

Avec la création en 2000 du prodigieux pont Öresund reliant Copenhague à Malmö, la ville suédoise s’est transformée avec un dynamisme architectural conséquent. Un éco-quartier entier est sorti de terre avec pour essence une réflexion sur le développement durable. Symbole de Västra hamnen, la tour Torso Turning domine toute la ville du haut de 190 mètres. Inauguré en 2005, il est d’ailleurs l’édifice le plus haut de toute la Scandinavie et la deuxième plus haute tour d’habitation d’Europe (147 appartements et bureaux sur 54 étages) ! Parmi les polémiques au sujet de Calatrava, on retrouve également une critique de son égotique propension à toujours implanter “le plus grand…” ou “la plus grosse…” Freud aurait surement quelques mots à dire…

Le bâtiment vrille à 90° depuis sa base à son sommet. Sa forme reprend la sculpture éponyme de Santiago Calatrava, composée de 9 cubes de marbre rattachés par une colonne vertébrale (l’édifice est conçu autour d’un coeur de béton armé élaboré pour résister aux forts vents nordiques). Le terme de “torse” fait référence au corps humain, en mouvement, pivotant sur lui-même (lors d’une danse ?), posture dynamique qui n’aurait vraisemblablement pas déplu à Léonard de Vinci. Avec ce projet, l’architecte valencian a remporté l’Emporis Skyscraper Award du fait de son architecture très novatrice, “l’exemple même de l’expressionnisme structural”.

 

Le pont Kronprinzenbrücke, Berlin

Juste à côté du Reichstag, le Kronprinzenbrücke. En rentrant d’un apéro ensoleillé au Spreebogen Park à Berlin, on tombe par hasard nez-à-nez avec ce pont qui enjambe la Spree. Ni une ni deux, on se dit immédiatement « c’est du Calatrava ça ! ». Le style de l’architecte espagnol est reconnaissable au premier coup d’œil et la capitale allemande a, elle aussi, voulu son ouvrage de la star internationale.

 

Le pont Samuel Beckett, Dublin

Après le pont James Joyce en 2003, Santiago Calatrava est de nouveau intervenu à Dublin pour créer le Samuel Beckett bridge. Construit en 2009, il s’agit d’un pont à haubans supporté à une hampe par 31 câbles. Si cette dernière est visuellement prégnante (46 mètres de hauteur, doublés par le reflet dans l’eau), son graphisme fluide allège pour “ne plus être que” une ligne dessinée dans le ciel. Le tablier du pont (4 bandes routières et 2 passages pour piétons) peut pivoter à 90° pour laisser passer la circulation fluviale de la Liffey river.




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